CATTOIR Eugène, Louis [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né en 1903, mort en 1992 ; médecin à Constantine, notable communiste.

Il n’est pas exclu qu’il y ait eu deux docteurs Cattoir, à Constantine, sûrement, Eugène Cattoir, et à Alger, Jean Cattoir,sans lien de parenté, membres du PCA et arrêtés sous le régime de Vichy. La confusion peut simplement être sur les prénoms.

Le père d’Eugène Catooir portait le même prénom, Eugène (1861-1904). Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1897 alors qu’il était encore officier vétérinaire au 1er régiment de spahi en Algérie
Le fils fut docteur en médecine en 1931 et se spécialisa dans la cardiologie.

Selon l’autobiographie de Paul Estorges, instituteur, responsable communiste à Constantine (arch. PCF citées ci-dessous), "le jeune docteur Cattoir" (il s’agit d’Eugène Cattoir) vient d’arriver à Constantine en 1934 ; au retour d’un voyage en URSS, il fonda l’association des Amis de l’URSS à Constantine. . Il publia une brochure issue d’une conférence prononcée en avril 1936 à Constantine dont il reste un exemplaire à la Bibliothèque nationale : "De la médecine en URSS" (37p.)

Le docteur Eugène Cattoir ne cesse pas d’être un médecin actif et dévoué à Constantine, connu comme communiste.

À l’ouverture de la guerre en septembre 1939, le PCA est interdit ; la répression opère jusqu’à la dispersion sinon la destruction à Alger. C’est à partir des anciens des Brigades internationales à Constantine (M. Laban* et G. Raffini* notamment) que rejoint l’oranais Thomas Ibanez* qui fait venir d’autres militants d’Oran, et avec l’aide des communistes réfugiés espagnols, qu’un réseau se reconstitue à Alger et autour d’Alger. Ces clandestins font adopter un Manifeste du PCA et se dote d’un Comité central par une Conférence réunie dans le secret, les 28-29 septembre 1940. Tandis que Thomas Ibanez est désigné secrétaire général, la présidence du Comité central est donnée au docteur Jean Cattoir. Ahmed Smaïli* qui n’est pas présent contestera ces co-optations.

Par Paulette Lenoir, sa femme restée à Alger, les documents sont transmis à l’ancien secrétaire des Jeunesses communistes d’Algérie, Roland Lenoir* qui est à Marseille, et doit les communiquer au secrétariat clandestin du PCF. Lors d’un contrôle de police, les papiers sont saisis dans sa sacoche. Il avait ajouté ses commentaires, trouvant anormal que la direction soit confiée à « un docteur », et s’en prenant à Th. Ibanez, un « nationaliste » oranais, et à Ahmed Smaïli qu’il juge « vaseux ». Surtout il conteste systématiquement le Manifeste qui appelle à l’indépendance algérienne ; c’est cet appel que publie La Lutte Sociale de novembre 1940 . Ce docteur Cattoir est arrêté le 20 novembre 1940.

Selon André Moine qui donne la même date d’arrestation, celui qu’il appelle Eugène Cattoir est alors incarcéré à la prison Barberousse à Alger jusqu’au 20 mars 1942 et fait partie de la fournée des « 61 » (communistes) dont le procès à Alger dure deux mois au début de 1942. Il soigna les prisonniers atteints du typhus. Condamné, il serait interné ensuite dans un camp en Algérie jusqu’à l’été 1943. Le docteur Jean Cattoir a bien été condamné au procès dit des 61, le 21 mars 1942, mais, ce qui n’a pas empêché le verdict, il venait de mourir du typhus comme 7 autres communistes détenus et condamnés.

Par contre le docteur Eugène Cattoir a repris ses activités à Constantine ; il soigne les militants durant la période de la guerre de libération. C’est probablement sa notoriété médicale, de chef de clinique, qui fait qu’André Moine nomme le docteur Eugène Cattoir.
Ancien chef de clinique de la Faculté d’Alger, médecin des hôpitaux (en 1936) à Constantine et à Oran, il est revenu en métropole et s’est retiré au Canet.
Le docteur Eugène Cattoir est mot en 1992.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152722, notice CATTOIR Eugène, Louis [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 24 janvier 2014, dernière modification le 23 avril 2019.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. dép. Seine-Saint-Denis à Bobigny, archives du PCF, fonds André Moine, 332 J, dossiers individuels, autobiographie de Paul Estorges, non datée (1943 ou 1944). — André Moine, La déportation et la résistance en Afrique du Nord. Éditions sociales, Paris, 1972. – Les documents du PCA saisis et le dossier du procès des 61, Arch. de la Justice militaire, Le Blanc, France, consultés et cités par J.L.Einaudi, Un rêve algérien. Histoire de Lisette Vincent, une femme d’Algérie. Dagorno, Paris 1994.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable