CAZALA René, Marcel [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né à Alger le 18 mars 1902, mort sur le front d’Espagne le 26 juillet 1938 ; membre du secrétariat de la Région communiste dans la période la plus critique pour l’existence du mouvement communiste et syndical en Algérie ; c’est dans son garage-entrepôt de menuiserie de Bab-el-Oued que s’est tenu le 15 juin 1930 le Congrès des ouvriers arabes.

De sa naissance à son départ pour les Brigades internationales, René Cazala ne semble pas quitter le quartier d’immigration mêlée qu’est Bab-el-Oued, près du centre du vieil Alger : Casbah et première place coloniale. Il était matriéCertes il y eut la coupure du service militaire, preuve qu’il est citoyen français, vraisemblablement de 2e génération sinon plus. Soldat à la 7e compagnie du 3e régiment de zouaves à Batna, communiste fiché, René Cazala est placé sous mandat de dépôt en 1925 pour « provocation de militaires à la désobéissance » au temps de la guerre du Rif. Il est condamné à deux ans de prison et 200 F d’amende. À sa sortie de prison, il devient secrétaire du rayon communiste d’Alger et fait partie du secrétariat de la Région communiste d’Algérie, dirigé par E. Cormon* et Si-Ahmed Belarbi* (Boualem).

Il est le candidat communiste aux élections législatives de 1928. C’est là que se place l’épisode de la somme d’argent destinée à l’annonce du désistement communiste dans La lutte sociale, versée par le candidat SFIO A.Cayron*, pour obtenir donc le report des voix communistes. L’Écho d’Alger publie le récépissé signé par René Cazala. À cette date et pour ces élections, depuis Paris et selon les directives de l’IC, le Parti communiste est d’abord très hostile à la SFIO, puis devant l’effondrement des votes, se résout à pratiquer le désistement au 2e tour en faveur des socialistes mieux placés. Or ce n’est pas le cas à Alger où le score SFIO est faible mais Cayron demandeur ; R.Cazala et ses camarades semblent être restés opposés au désistement ou n’accepter qu’au dernier moment. Résultat : A.Cayron n’a pas une voix et Cazala conserve ses quelques 1 800 suffrages sur plus de 25 000 votants. Comme le reçu publié paraît vrai, pour la forme R. Cazala aurait été exclu., peut-être même un temps éloigné d’Alger.

Cazala n’en revient pas moins au premier plan quand selon les vœux de l’IC qui veut former une Fédération des syndicats et des partis ouvriers arabes, il est la cheville ouvrière du Congrès des ouvriers arabes à Alger. Deux congrès se tiennent, l’un plus marquant à Haïfa en Palestine le 11 janvier 1930. À Alger le congrès est prévu pour répondre aux festivités du centenaire de la conquête auxquelles se sont jointes la Ligue française des droits de l’homme, la SFIO et la CGT « socialiste » de E. Jouhaux qui est venu. Quand le 15 juin 1930, l’accès à la Bourse du travail d’Alger leur est barré, les 75 délégués (dont 69 dits « arabes », la plupart des syndicalistes de la CGTU, kabyles compris) se replient avec Cazala dans le hangar, entrepôt et garage de son atelier de menuiserie à Bab-el-Oued. C’est de là qu’est lancé Le Manifeste aux ouvriers et paysans d’Algérie. Mais le PC est au plus bas ; le syndicalisme demeure en attendant la remontée de la marche au Rassemblement de Front populaire.

René Cazala est volontaire pour aller combattre en Espagne républicaine au sein des Brigades internationales. Passé en France, il quitte Paris le 28 novembre 1936. Fait capitaine, il participe au commandement des bataillons « Commune de Paris » puis « Germinal » de la 14e Brigade internationale ; il disparaît sur le front de l’Ebre en juillet 1938.

Il était marié avec Félicité Cazala.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152727, notice CAZALA René, Marcel [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 24 janvier 2014, dernière modification le 24 janvier 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Nat. France, Paris, F7 13 650. – Arch. IRM (PCF), Paris. — Arch. AVER. — J. Delperrie de Bayac, Les Brigades internationales, Fayard, Paris 1968. — Interviews par J.-L. Planche de A. Ouzegane et N. Zannettacci (1979-1977).

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