ISSAAD Ahsène dit Arsène ou encore le Kabyle, écrit aussi ISSAD Hassan [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 11 août 1896 à Fort National (L’Arbaa Naït Iraten), mort en 1929, déporté dans le sud saharien ; émigré en région parisienne, syndicaliste CGTU et communiste, un des fondateurs de l’ENA en 1926.

En janvier 1921, Ahsène Issaad arrive à Paris venant de Nancy. Peut-être était-il venu en France pendant la guerre, mobilisé dans l’armée ou parmi les travailleurs coloniaux. L’émigration de Kabylie, et particulièrement de sa région d’origine, montagnes de Grande Kabylie, avait commencé dès avant la Première Guerre mondiale. Demeurant à Issy-les-Moulineaux, Ahsène Issaad est employé comme veilleur de nuit à l’Humanité. Il se consacre surtout, avec Abdelkader Hadj Ali, à l’organisation de la Section nord-africaine de l’Union intercoloniale qui développe l’action de la CGTU et du PC en direction de l’immigration nord-africaine (journal Le Paria). Ahsène Issaad participe notamment aux réunions et meetings à Paris lors de la campagne communiste contre la guerre du Riff en 1924-1925. Il apparaît alors comme l’orateur du PC en langue kabyle. En 1924, l’école des cadres du parti communiste à Bobigny et devient membre de la fluctuante Commission coloniale du PC.

Il collabore avec Abdelkader Hadj Ali à la fondation de l’Étoile Nord-africaine en 1926 et appartient à sa première direction dans la « fraction » communiste qui a le rôle prépondérant. Un article d’Issaad, dans Les cahiers du bolchevisme du 30 mai 1926, appelait les travailleurs coloniaux à rallier le PC. Dans les années suivantes, il reste le principal propagandiste de l’ENA auprès des ouvriers kabyles. En 1929, il est encore compté parmi les membres du comité directeur de l’ENA.

Lors de son passage à Paris, entre Alger et Moscou, Si Ahmed Belarbi, dit Boualem, qui est le premier secrétaire de la Région communiste d’Algérie, a une séance de travail avec lui et avec Mohamed Marouf*. Il est décidé de procéder à un retour en Algérie, des militants formés en France avec pour perspective d’introduire au pays l’Étoile Nord-africaine en réorganisant et en renforçant le parti alors en extrême difficulté. Dès son débarquement au port d’Alger à la fin de 1929, A. Issad est identifié par la police, arrêté et assigné à résidence dans le grand Sud où il meurt dans des conditions misérables, ayant perdu la vue.

C’est après son stage à Moscou à son retour en Algérie que Boualem, à la place de l’ENA décimée en France et pour sortir la Région communiste d’Algérie de son état de faiblesse, esquisse la formation d’un Parti nationaliste révolutionnaire (PNR). Celui-ci est en fait relayé, par-delà le retour de M. Marouf*, lui aussi arrêté, par le lancement en Algérie de l’ENA passée cette fois sous direction de Messali à Paris et devenant explicitement un mouvement nationaliste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152744, notice ISSAAD Ahsène dit Arsène ou encore le Kabyle, écrit aussi ISSAD Hassan [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 25 janvier 2014, dernière modification le 23 janvier 2019.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. de la Préfecture de police de Paris. — Arch. Ministère des colonies, Paris, SLOTFOM, série 3, carton 45. — Arch. IRM , Paris, « bio » en russe des archives de l’IC. — Témoignage de Sid Ahmed Belarbi enregistré par A. Taleb-Bendiab à Alger, avril 1991. — Jean-Louis Carlier, « La Première Étoile Nord-africaine (1926-1929) », Revue algérienne des sciences juridiques, économiques et politiques, n° 4, décembre 1972, et Omar Carlier, « Un groupement idéologique : les premiers communistes algériens de l’émigration », communication au colloque L’intelligentsia maghrébine, Oran, CDSH, 1982, publiée dans Cahiers du GREMAMO, 4, Université de Paris 7, 1987. — B. Stora, Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, op. cit.

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