CORNEZ Jean-Baptiste. Pseudonyme : Jean Lepetit à Moscou.

Par José Gotovitch - Jean Puissant - Jean-Louis Delaet

Marchienne-au-Pont (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi), 4 juillet 1902 – Lodelinsart (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi), 28 mai 1955. Ouvrier mineur, syndicaliste, militant communiste puis socialiste, jeune garde socialiste, conseiller communal communiste de Marchienne-au-Pont, conseiller communal puis échevin socialiste de Lodelinsart, parlementaire du Parti socialiste belge de l’arrondissement de Charleroi.

Ouvrier mineur à quatorze ans dès la fin de son école primaire, Jean-Baptiste Cornez exerce ce métier jusqu’en 1929, avant de devenir employé dans l’industrie. Il s’inscrit à la Jeune garde socialiste (JGS). Il adhère au Parti communiste de Belgique (PCB) en 1927 et devient secrétaire du syndicat autonome local, Les Ralliés, à La Docherie, un quartier particulièrement populaire de la commune industrielle de Marchienne-au-Pont. Les Ralliés deviennent une section de la Centrale révolutionnaire des mineurs (CRM).

Jean-Baptiste Cornez est envoyé à l’École léniniste internationale de Moscou pour y suivre une session syndicale d’octobre 1929 à juin 1930. À son retour, il est membre de la direction de la Fédération du PCB. Mais il s’en éloigne en 1931 en raison d’un différend sur la politique syndicale.

Jean-Baptiste Cornez devient ensuite un des responsables de la CRM jusqu’à son absorption par la Centrale nationale des mineurs (CNM) qu’il combat (1936). Militant communiste, il est élu conseiller communal en 1932 dans sa commune natale et réélu en 1938. En août 1939, il dénonce vivement et publiquement le Pacte germano-soviétique. Il est alors exclu du PCB par sa section en octobre. En 1944, c’est sa section syndicale qui l’exclut. Il n’est pas, à tout le moins, un militant communiste discipliné.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Jean-Baptiste Cornez participe à l’exode et se met au service des autorités belges, notamment à Sète (Hérault, France), sous la responsabilité du gouverneur de la province de Namur, le libéral François Bovesse. Il y intègre et dirige le Service social belge. Après le retour de ce dernier en Belgique, il poursuit ses activités au sein du Consulat belge pour le sud-ouest de la France. Cornez tente d’organiser l’aide aux Belges réfugiés dans la région, mais, selon ses affirmations, organise également le départ de certains pour le Congo ou l’Angleterre via Lisbonne. Il fabrique de faux papiers. Il dit également avoir créé un service de renseignements. Arrêté par deux fois en raison de ses activités qui dépassent manifestement sa mission officielle, il est interné au camp du Vernet dans l’Ariège (France), puis libéré en raison de son statut. Ce sont finalement les Allemands qui mettent fin à ses activités et obtiennent son expulsion de France. Il rentre, accompagné, par Feignies (département du Nord, France) le 28 mars 1944 mais s’évade en sautant du train.

Jean-Baptiste Cornez gagne Bruxelles et cherche à prendre contact avec le PC clandestin. À un certain Jacques Dujacquier, il demande à être intégré au sein des Partisans armés et à être réadmis au parti, demande sans suite (confirmation dans son dossier). Ces tentatives provoquent, sans doute, son arrestation le 16 juillet 1944 et sa déportation à Dresde, Zittau, Lobau en Saxe (Allemagne), où il participe à la direction clandestine du camp. Il est libéré le 5 mai 1945 et rentre le 21 en Belgique.

Jean-Baptiste Cornez demande immédiatement sa réintégration au PCB. Il fournit à la direction des cadres, le récit ci-dessus. Entretemps, il a été exclu par sa section syndicale pour avoir emporté la caisse, ce qu’il nie, affirmant qu’il n’y avait pas accès. Devant les réticences de Raymond Dispy qui réclame de sa part une déclaration autocritique, Cornez réexplique sa trajectoire, en s’indignant des difficultés qui lui sont faites, ainsi qu’à sa famille, alors que tant de « camarades » de sa section n’auraient pas eu un comportement irréprochable durant l’Occupation. La réponse de Dispy est cinglante : « Nous ne pouvons que condamner les termes et le style de votre lettre » (30 novembre 1945). Le double de cette lettre est annoté de la main de J.B… marquant son accord avec le contenu de la lettre mais ajoutant : « Je crains que plusieurs des accusations de C. ne soient malheureusement fondées. »

Ce développement un peu long montre les difficultés qu’éprouve le PCB qui voit ses effectifs exploser, pour gérer tout ce qui s’est passé durant le conflit, mais il permet aussi d’appréhender la suite de la trajectoire de Jean-Baptiste Cornez. Député suppléant, il devient effectif, le 29 novembre 1945 en remplacement de Désiré Desellier*, décédé en déportation, jusqu’aux élections de 1946. N’étant pas réintégré au PC, il s’assied à côté des députés socialistes avant d’adhérer au Parti socialiste belge (PSB).

En octobre 1946, Jean-Baptiste Cornez est élu conseiller communal socialiste de Lodelinsart, où il s’est installé pour s’éloigner de son quartier originel dans lequel il n’est plus désormais le bienvenu. Il est nommé échevin des Finances en 1947, aux côtés du jeune bourgmestre, Gaston Mercot. Membre du Comité fédéral du Parti en 1949, Cornez est désigné, la même année, premier suppléant au Sénat par le poll de la fédération. C’est un ancien communiste. Aussi l’exécutif du PSB compte sur sa présence pour attirer une partie des voix communistes, un quart de l’électorat à la Libération. Le 6 mai 1952, il succède à Émile Cambier, démissionnaire. Le poll de 1954 place Jean-Baptiste Cornez en tête de la liste socialiste au Sénat, appuyé par l’aile gauche du parti et les JGS pour son action dynamique lors de la campagne contre les vingt-quatre mois de service militaire marquée par une manifestation régionale et une journée de grève de quatorze heures à Charleroi le 9 août 1952.

À la Chambre Haute où il ne siège que trois années, Jean-Baptiste Cornez, atteint d’un mal incurable, fait partie de la commission de la Reconstruction et des Colonies. Il concentre son activité sur la défense de toutes les victimes de la guerre et particulièrement sur les pensions, les réparations de guerre et l’incivisme contre la clémence du gouvernement catholique homogène de 1950 à 1954.

Président de la Fédération régionale de Charleroi-Thuin des prisonniers politiques, Jean-Baptiste Cornez est aussi membre du Conseil national de Résibel France, la résistance belgo-française, et président d’honneur de la Légion belge.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152838, notice CORNEZ Jean-Baptiste. Pseudonyme : Jean Lepetit à Moscou. par José Gotovitch - Jean Puissant - Jean-Louis Delaet, version mise en ligne le 30 janvier 2014, dernière modification le 16 juillet 2020.

Par José Gotovitch - Jean Puissant - Jean-Louis Delaet

SOURCES : RGASPI : n°495 193 86, 17 98 887 – CArCoB, dossier CCP Journal de Charleroi, 30 mai 1955 – Rapport moral et financier de la Fédération PSB de Charleroi, 1952, Congrès du 10 mai 1953, s.l., s.d., p. 25 – GOTOVITCH J., CORNEZ Jean-Baptiste. Lepetit Jean à l’ELI, dans Dictionnaire du Komitern, Site Web : maitron.fr.

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