GOOSSENS Victor, Aloïs. Achille dans la résistance.

Par Jean Puissant

Sint-Gillis Dendermonde (Termonde, pr. Flandre orientale, arr. Dendermonde), 10 février 1904 – Eekloo (pr. Flandre orientale, arr. Eekloo), 24 avril 1977. Ouvrier métallurgiste, commerçant, employé de mutualité, militant socialiste puis communiste de Berlare (pr. Flandre orientale, arr. Dendermonde), résistant armé, sénateur coopté de Flandre orientale.

Fils d’ August Goossens, natif d’Ixelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), ouvrier des chemins de fer, et de M.-L. Dewit, Victor Goossens est issu d’une famille de cinq enfants, profondément catholique mais avec un père socialiste. La mère, victime de la violence d’un gendarme allemand, meurt durant la Première Guerre mondiale. Victor Goossens termine l’école primaire, devient ouvrier métallurgiste, plombier jusqu’en 1930. Il sera aussi commerçant jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et, après celle-ci, employé de mutualité. Les renseignements personnels qui suivent proviennent de son « autobiographie communiste » (voir dossier CArCoB).

Dès l’âge de quinze ans, Victor Goossens colporte le journal Vooruit (en avant). Il est actif dans des mouvements de jeunesse et culturels socialistes : de gymnastique, « Moedig vooruit » à Dendermonde, « Buiten verwachting » à Baasrode (Baesrode, aujourd’hui commune de Dendermonde), qui compte cent vingt membres. Il suit, à cet effet, un stage de moniteur de gymnastique à Gand (Gent, pr. Flandre orientale, arr. Gand) en 1923. En 1928, il crée, avec Alfons Bosmans*, « Rode verweer » au sein de laquelle est fondé, avec l’aide d’Aloïs Gerlo*, un cercle d’études. Après avoir dirigé les groupes de gymnastiques jusqu’en 1927, il devient membre des comités du syndicat et du POB de Baasrode, à proximité de Termonde, où il habite depuis 1923 et y fonde sa famille. Il est également le fondateur de l’harmonie, De Dage rode.

Avec Alfons Bosmans*, Victor Goossens impulse la grève de 1932 dans sa localité. À la suite de ces événements, il entre en contact avec Pieters, alias Edgar Lalmand, et se rapproche des positions communistes (1934-1935). Il se situe, avec d’autres militants de cette région, à la gauche du Parti ouvrier belge (POB). Il figure sur la liste du POB aux élections provinciales de 1936, sans succès (580 voix de préférence quand même). Sa participation aux grèves de 1936 le conduit à créer, avec ses compagnons, un organe, De socialistische strijd (le combat socialiste), qui lutte en faveur du front populaire et contre le fascisme. Le périodique survit trois mois puis fait faillite. « Camarades, c’est uniquement à travers la lutte des classes que nous pouvons espérer un meilleur avenir social. Avec nos forces unies pour le rassemblement des travailleurs ! Contre la guerre et le fascisme, pour la paix et la démocratie. Pour le front unique et un syndicalisme unique. » (1er mai 1936).

Victor Goossens est alors exclu du POB, avec Alfons Bosmans et Franz Janssens. Il adhère au Parti communiste belge (PCB) en 1937 et est ainsi à l’origine de l’implantation durable du PCB dans sa localité et la région de Dendermonde. En mai 1940, il est un moment interné au camp de l’Écluse, avec Franz Janssens. Il dit avoir commencé des actes de résistance dès l’automne 1940 (tracts…). En 1941, avec Alfons Bosmans, il crée le premier groupe de résistance dans la région de Termonde. Recherché par la police allemande, il gagne la clandestinité. D’abord attaché à la Fédération communiste d’Alost (Aalst, pr. Flandre orientale, arr. Alost), responsable de la diffusion de la presse clandestine, il est désigné ensuite à Anvers, comme responsable des cadres, enfin Bruxelles où il est l’adjoint de Louis Van Brussel* et Albert Deconinck*. En 1943, Goossens intègre l’Armée belge des partisans et dirige le corps armé 032 de Flandre Orientale qui réalise divers sabotages. Lors de la Libération, le Corps combat aux côtés des Canadiens lors de leur progression vers Terneuzen (pr. Zélande, Pays-Bas). Il recevra, pour ces faits, une distinction militaire canadienne.

Après la guerre, et après avoir été secrétaire politique à Alost, à Louvain (Leuven, pr. Brabant flamand, arr. Louvain), et à Dendermonde, Victor Goossens devient secrétaire à l’organisation de la Fédération du PCB de Flandre orientale. Délégué aux divers Congrès du parti après la guerre - il siège au présidium du VIIIe Congrès -, il est élu à deux reprises au Comité central. De 1946 à 1950, il siège à la Commission de contrôle. En 1949, Goossens fait l’objet d’un rappel à l’ordre pour dépenses électorales excessives. Le dépassement se monte à 10.000 francs par rapport aux entrées de 36.000 (purement locales), compensé par un emprunt formellement interdit par le parti. (Il faut appeler que les élections ont constitué un solide recul pour le PC). En défense, Victor Goossens explique que le déficit est dû à l’achat d’un haut-parleur pour la campagne (c’est un investissement) et que le prêt est consenti par lui-même et une tierce personne (beau-père ou beau-frère). La sanction, légère, tient compte du comportement irréprochable de Goossens, de l’absence de conflit politique, mais de la circonstance aggravante de sa présence au Comité central, instance qui prend les décisions concernant les dépenses électorales.

En 1954, Victor Goossens est écarté lors du Xe Congrès, dit Congrès du « renouveau », en raison de ses préoccupations décidément trop locales. « Place aux jeunes » conclut sèchement une note interne qui souligne « camarade honnête mais qui a atteint son plafond ». Élu conseiller communal de Berlare en 1946, il devient échevin des Travaux publics, responsabilité qu’il occupe jusqu’en 1964, ce qui souligne son ancrage local. Il tient régulièrement des permanences à Berlare mais aussi dans les environs. Tête de liste aux élections législatives de 1946, sans succès, Goossens est coopté au Sénat (1946-1949). Il est membre de la commission de la Défense, mais ce sont surtout les questions de travaux publics, en particulier dans sa région, vallées de la Dendre et de l’Escaut, ainsi que les diverses catégories de victimes de la guerre qui mobilisent son attention.

Non réélu en 1949, Victor Goossens devient employé de la mutualité De Eenheid (l’unité), qui réunit les familles communistes en mal de mutualité. Cette responsabilité assumée avec conscience, son implication ancienne dans le tissu associatif local, expliquent sa longévité politique au plan communal.

Reconnu résistant armé du 1er octobre 1942 au 14 octobre 1944, Victor Goossens est titulaire de plusieurs distinctions honorifiques : Croix de guerre avec palmes, médaille de la guerre avec deux sabres et de la résistance, médaille URSS pour aide à des prisonniers russes. Citoyen d’honneur de Baasrode, il détient également la médaille civique de première classe (mutualité).

Victor Goossesn est l’époux de J. Heymans (1906-1986), militante du Rassemblement des femmes, et a un fils, né en 1938 ( ?), propriétaire de sa maison.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152842, notice GOOSSENS Victor, Aloïs. Achille dans la résistance. par Jean Puissant, version mise en ligne le 30 janvier 2014, dernière modification le 27 décembre 2019.

Par Jean Puissant

SOURCES : CArCoB, dossier de Victor Goossens, dont annonce du décès et In memoriam d’A. Deconinck, dans De Rode Vaan, 28 april 1977 – Notice réalisée par J. Dunin-Karwicka, section Journalisme de l’Université libre de Bruxelles (2e candidature), 2005.

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