CECCALDI-RAYNAUD Charles [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 25 juin 1925 à Bastia (Corse) ; étudiant à la faculté de droit d’Alger, avocat stagiaire en 1949-1950 ; adhérent à la SFIO, commissaire de police à Alger de 1951 à 1953 ; chef du Service de la réglementation au Gouvernement général de 1954 à 1956 puis administrateur civil, responsable du Centre de tri de Beni-Messous, en pleine époque des tortures et disparitions pour exécutions ; depuis 1955, secrétaire de la Fédération SFIO d’Alger, exclu en juin 1956 puis réintégré ; ayant quitté l’Algérie clandestinement en juin 1958, conseiller municipal SFIO de Bondy, au nord de Paris, en 1959, chargé des HLM ; devenu directeur de l’Office des HLM de Puteaux, municipalité socialiste, adjoint au maire en 1965 ; secrétaire de la Fédération SFIO des Hauts de Seine à la création du département, directeur de l’Office des HLM d’Issy-les-Moulineaux ; prenant la mairie de Puteaux à l’ancien maire socialiste, exclu de la SFIO passant au RPR ; conseiller général, conseiller régional dans l’entourage de Charles Pasqua, directeur de l’EPAD (Etablissement public d’aménagement de la Défense) ; député suppléant de Nicolas Sarkozy à partir de 1988 ; malade, laisse provisoirement la mairie de Puteaux à sa fille qui lui refuse de redevenir maire.

Fils de postier corse de la région de Bastia, faisant carrière coloniale comme beaucoup, Charles Ceccaldi Raynaud commence ses études à Oujda au Maroc puis s’inscrit à la Faculté de droit d’Alger. Il soutient une thèse dont le sujet est : « Socialisme et corporatisme en France ». À 25 ans, il entre à la SFIO qui, en milieu colonial de peuplement administratif français, abrite des corses nombreux. Marié en 1948, il vient prêter serment au barreau de Paris en novembre 1949 ; il est avocat stagiaire à Alger.

De 1951 à 1953, il exerce la fonction de commissaire de police puis entre au Gouvernement général comme chef du service de la réglementation de 1954 à 1956 ; pour être titularisé administrateur des Services civils, ce qu’il sera en 1957, il devient responsable du Centre de tri ou détention de Beni-Messous, au-dessus d’Alger, où les militaires français amènent les suspects arrêtés, les enlèvent et et les font disparaître autant dire à leur guise sur les ordres notamment du commandant Aussaresses sous le commandement du général Massu qui conduit la « Bataille d’Alger » ; sans parler des tortures dans la bâtiments voisins de Birtraria..

En 1955, Ch. Ceccaldi-Raynaud, au bénéfice du clientélisme corse selon ses adversaires, avait pris la direction de la Fédératioon SFIO. Les rapports du secrétaire général de la SFIO d’Alger se tendent avec le Secrétaire gnénéral de la SFIO qui n’est autre que Guy Mollet qui passe par Alger en tant que Chef du gouvernement de Front républicain en février 1956, et cède aux manifestations coloniales. La Commission fédérale des conflits, sur plainte de vieux militants qui dénoncent ses procédés de recrutement, exclut Ch. Ceccaldi-Raynaud le 23 juin 1956 ; la sentence est cassée le 6 décembre 1956 par la Commission nationale, et Ch. Ceccaldi-Raynaud est rétabli Secrétaire fédéral à Alger. Ainsi, représentant les Fédérations d’Algérie, celui-ci participe à la Compmission chargée d’étudier la situation en Algérie, au Conseil national de la SFIO des 3-4 mai 1958, avant que n’éclate le coup de force du 13 mai contre le Gouvernement général. N’étant pas à cette époque, dans le camp « gaulliste, ce serait le 4 juin 1958, que Ch. Ceccaldi-Raynaud aurait quitté clandestinement l’Algérie., déguisé en postier.

En région parisienne, il est d’abord accueilli à Bondy et logé par la municipalité socialiste ; il est élu conseilller municipal en 1959 et chargé des HLM ; ce service des logements, sera sa nouvelle base de clientélisme corse et d’ascension politique. Voyant l’ascendant pris par le nouvel arrivant qui vise d’accéder à la mairie, le secrétaire de la section socialiste et le maire de Bondy l’expédient sur Puteaux, autre fief de HLM et puissante mairie socialiste, la plus forte section SFIO de la région parisienne ; c’est aussi un cadeau. Le maire Georges Dardel en fait son directeur de l’’Office des HLM, le fait entrer au conseil municipal, 4e adjoint en 1965.

À la création du département des Hauts de Seine, Ch. Ceccaldi-Raynaud devient en 1967-1968, secrétaire de la nouvelle fédération SFIO ; il est aussi directeur de l’Office des HLM d’Issy-les-Moulineaux. En 1969, écartant Georges Dardel, il devient maire de Puteaux. La SFIO l’exclut, pour avoir ouvert la municipalité à un gaulliste. Sans opposition à droite et avec le soutien du RPR, Ch. Ceccaldi-Raynaud bat Georges Dardel aux élections municipales de 1971. Pendant la campagne électorale, une fusillade de colleurs d’affiches avait fait un mort et sept blessés ; les agresseurs étaient des employés municipaux. La presse parle de « Chicago sur Seine ».

Élu avec 65 % des voix, passant par le petit parti de la Démocratie socialiste qui l’exclut à son tour, avant d’adhérer au parti gaulliste, Ch. Ceccaldi-Raynaud régne sur la mairie de Puteaux-Chicago ; sa liste obtient 78, 9 %des voix en 1989. Élu au conseil général puis au Condeil général d’Île de France sous l’égide de Charles Pasqua, il devient président de l’EPAD, tirant sur Puteaux les profits immobilliers. De sales affaires sont dénoncées par la presse, ce qui ne l’empêche pas d’être le député suppléant de Nicolas Sarkozy. Pour raison de santé, il passe provisoirement la mairie à sa fille qui se garde bien de lui rendre et réussit à l’évincer.

Le maire d’une des villes les plus riches de France, (5600 logements sociaux ; 2000 employés municipaux), affichait que « faire du clentélisme pour un maire, c’est inévitable », et l’ancien socialiste d’ajouter : « il faut une politique pour chaque classe ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152896, notice CECCALDI-RAYNAUD Charles [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot , version mise en ligne le 1er février 2014, dernière modification le 7 décembre 2020.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. de l’Assemblée nationale, Paris. — Presse et arch de l’OURS, fondation socialiste, Paris, dépouillées par Gilles Morin. – H. Coston, Dictionnnaire de la politique française, t.2, La Librairie française, Paris 1972. – Achim Bellik, La municipalité socialiste de Bondy sous Maurice Coutrot, 1947-1977, mémoire de maîtrise d’hsitoire, Université de Paris 13, 2003. – Notice par Gilles Morin, DBMOMS, t.3, 2007.

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