RICHARD Roger, Camille, Alcide, Joseph

Par Florence Regourd

Né 19 janvier 1920 à La Ferrière (Vendée), mort le 30 septembre 1993 à La Roche-sur-Yon (Vendée) ; employé, comptable à La Roche-sur-Yon ; militant communiste, résistant déporté.

Fils de Camille Richard, mécancien et d’une coururière militant CGT « laïc intégral » et de Joséphine Chapeleau, couturière, originaire d’une famille paysanne et catholique de La Ferrière (Vendée), Roger Richard est né dans cette commune le 19 janvier 1920, au lieu-dit La Paillerie .

Marqué par l’influence de son père, Roger Richard se souvenait qu’à l’âge de neuf ans, il avait avec lui, suivi un défilé des gars du bâtiment en grève, avec Charles Tillon en tête.

C’est avec le Front populaire qu’il participa à la vie politique et sociale. Il rappelait qu’il avait assisté en mars 1937 à un meeting à La Ferrière où les orateurs du Front populaire furent bousculés par le PSF (Parti social français), le maire qualifiant ces incidents de « manifestation fasciste ». Après avoir grandi dans le quartier nord-ouest de La Roche-sur-Yon peuplé d’ouvriers, titulaire d’un brevet supérieur, il trouva un emploi de bureau dans une entreprise yonnaise de transports comme comptable. C’est à cette époque qu’il entra aux Jeunesses communistes dont il devint secrétaire départemental. On estimait à quelques 150 les membres des JC de Vendée, cheminots, mineurs, dockers, enseignants, et quelques paysans comme Auguste Brunet. Il participa activement à la campagne d’aide aux réfugiés espagnols arrivés sur les côtes vendéennes. Il s’engage dans le mouvement laïque également, considéré comme fondateur du Cercle laïc puis secrétaire adjoint de la Jeunesse Laïque. Officiellement, il adhéra au PC en 1938. On le trouva dans de nombreux meetings durant ces années précédant la guerre comme on le remarqua, grand sportif, dans les courses au Vélo club yonnais. Contrairement à d’autres, il dénonça le Pacte germano-soviétique bien qu’il soit perquisitionné et surveillé à la dissolution du PC.

Mobilisé, son régiment se trouvant à Pau après l’entrée en vigueur de l’armistice fin juin 1940, sélectionné pour les Chantiers de Jeunesse, il s’enfuit avec quelques compagnons et rejoignit La Roche-sur-Yon où il trouva un poste d’employé à la Direction des chemins de fer départementaux. Entré en contact avec Charles Tillon qu’il connaissait avant-guerre, Roger Richard réorganisa les JC avec quelques camarades et s’engagea dans l’OS (Organisation spéciale) et la Résistance dès octobre 1940 notamment avec Marcel Mallet, militant communiste de Fontenay-Le-Comte (Vendée). Il établit le contact avec le PC clandestin sur la Loire-Inférieure et, en mars 1941, par l’intermédiaire des cheminots du dépôt de La Roche-sur-Yon avec le Sud-Vendée et les Deux-Sèvres. Le « groupe du quartier de la gare » de La Roche-sur-Yon s’engagea dès le début 1941 dans de petites opérations de résistance : tracts jetés dans la rue ou collés sur les murs, pochoirs faisant ressortir le V de la victoire …toute une propagande clandestine. Six groupes de trois camarades agirent bientôt à La Roche-sur-Yon, encadrés par Roger Richard nommé responsable pour la Vendée de l’OS par Pierre Charrier, membre de direction régionale clandestine du PC à Nantes. D’autres se manifestèrent aux Sables d’Olonne, Luçon, Chantonnay et Fontenay-Le-Comte avec Noël Bertin*. En mai-juin 1941, les groupes de l’OS passèrent à des actions plus directes contre l’armée d’occupation. Mallet arrêté sur dénonciation le 10 juin 1941 avec quatre camarades, dont Bertin*, les groupes vendéens de l’OS furent démantelés. Roger Richard est à son tour arrêté le 11 juin par la police française avec ses camarades yonnais, des cheminots communistes, Émile Hervat, Gabriel Brin* et Hippolyte Mathé*. Emmenés à la prison de Niort (Deux-Sèvres) pour y être jugés début octobre par la section spéciale de la Cour d’appel de Poitiers, et condamnés à 5 ans de prison ; plusieurs de ces militants communistes vendéens moururent fusillés comme Marcel Mallet (en 1942) ou en déportation comme Noël Bertin*(en 1944). Roger Richard, interné à la centrale de Fontevraud fut ensuite déporté au camp de Mauthausen.

Libéré le 5 mai 1945, Roger Richard rentra le 1er juin 1945 en Vendée. Avec Paul Perraudeau, il créa la section départementale de la FNDIRP Fédération nationale des Déportés Internés Résistants dont il devint secrétaire et qu’il présida après ce dernier.

Élu conseiller municipal à La Roche-sur-Yon de 1953 à 1959, Roger Richard qui avait épousé Annick Gautier, militante communiste, renoua avec le parti communiste. Secrétaire de la section de La Roche-sur-Yon quand Auguste Brunet* est secrétaire fédéral, il entra au comité fédéral élu en 1954, et le resta jusqu’au comité élu en 1961. Il fut à ce titre « candidat de Défense Ouvrière et paysanne et d’Union Démocratique » présenté par le PC aux cantonales de 1955 dans le canton du Poiré-sur-Vie (Vendée).

Son franc-parler lui amena les reproches du parti, un passage en commission de contrôle et une exclusion considérée par certains responsables comme injustifiée.

Dirigeant du Vélo Club Yonnais, il devint journaliste sportif et tenait une chronique régulière dans le journal Presse-Océan.

Il s’était marié le 28 décembre 1946 à La Roche-sur-Yon (Vendée) avec Annick Gautier, dont il a divorcé en 1966.

Roger Richard mourut à La Roche-sur-Yon le 30 septembre 1993. Une rue de la ville porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153030, notice RICHARD Roger, Camille, Alcide, Joseph par Florence Regourd, version mise en ligne le 12 février 2014, dernière modification le 16 février 2022.

Par Florence Regourd

SOURCES : Arch. Dép. Vendée, 4 M 405-409 ; 28 W 557- série W (élections cantonales 1955). — Arch. comité national du PCF, Comité fédéral . — Auguste Brunet, Si c’était à refaire, la Résistance en Vendée, Le Temps des cerises, 2004. — Michel Gautier, Occupation et Résistance en Vendée, Geste éditions, 2012. — Florence Regourd, La Vendée ouvrière, Le Cercle d’Or, 1981. — Florence Regourd, Ludovic Clergeaud (1890-1956) Métayer. 50 ans d’engagement en Vendée, Geste éditions, 2013. — Témoignages de Roger Richard, de Robert Jolly*, d’Annick Gauthier, et de Paul Roulleau dans Le Messager de la Vendée (octobre 1993) et dans Histoires yonnaises, mai 2004. — État civil.

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