COULIBEUF Louis, Auguste

Par Daniel Grason

Né le 11 mars 1901 à Montigny (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), fusillé le 5 octobre 1942 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; ajusteur ; militant communiste.

Fils de Léopold, journalier, et de Camille, née Auvrey, Louis Coulibeuf adhéra au Parti communiste en 1937 et à l’association des Amis de l’Union soviétique. Il vivait depuis 1932 dans les HBM au 5 avenue Debibour à Paris (XIXe arr.) où son amie Margueritte Boursier tenait la loge.
Après l’interdiction du Parti communiste en septembre 1939, Louis Coulibœuf continua à militer activement, s’occupant de la propagande clandestine. Il ne changea guère ses habitudes, fréquentant comme avant le restaurant L’Aquarium Bar, Chez My au 121 boulevard Sérurier. Pendant la guerre, dans un logement contigu à la loge, Jules Dumont dit Journet installa un laboratoire où France Bloch-Sérazin préparait des bombes.
Gilbert Brustlein assisté de Spartaco Guisco et Marcel Bourdourias tua le 20 octobre 1941 le colonel Karl Hotz, Feldkommandant de Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Gilbert Brustlein fut identifié, son portrait placardé dans les commissariats. Il trouva refuge en novembre 1941 dans le laboratoire de la rue Debibour. Non sans inconscience, Louis Coulibeuf lui conseilla de prendre ses repas Chez My. Un gardien de la paix du commissariat des Lilas connu de plusieurs consommateurs y déjeunait régulièrement.
Un midi, alors que Louis Coulibeuf devisait tranquillement avec Gilbert Brustlein dans le restaurant, le policier identifia ce dernier, et informa sa hiérarchie. Alertés, des policiers en civils de la BS1 repérèrent ceux qui parlaient avec les deux hommes, la plupart du temps des propagandistes et des membres de l’Organisation spéciale. Le commissaire de la BS1 Fernand David décida d’un coup de filet pour le samedi 29 novembre. Un événement allait bouleverser ce plan. Le mercredi 19 novembre la photo de Gilbert Brustlein fut publiée à la une des journaux collaborationnistes dont Le Matin et L’Œuvre. L’Ouest-Éclair publia son signalement le même jour et sa photographie le lendemain. Quand les policiers déclenchèrent leur opération Brustlein s’était enfui.
Les policiers interpellèrent Louis Coulibeuf le 25 novembre 1941, perquisitionnèrent le laboratoire et la loge de la rue Debibour. Des armes, bombes, explosifs et munitions à profusion furent saisis. Coulibœuf passa aux aveux et indiqua des cachettes aménagées par lui-même dans deux caves. Des rapports politiques et des notes pour la préparation d’attentats et une quinzaine d’adresses de responsables de la région Sud-Ouest furent découverts, ils couvraient une dizaine de départements. Une cinquantaine de kilos de tracts étaient également découverts.
Les répercussions furent terribles. Il y eut une trentaine d’arrestations. En 1948 le commission des cadres du Parti communiste interrogeait les militants de l’époque sur "Couliboeuf". Elie Ventura répond : "Couliboeuf habitait près du square où je travaillais. Je le voyaIs assez souvent. Il m’était arriivé quelques fois de déposer du matériel chez lu. Quand j’ai appris sa trahison, je n’ai pas été étonné outre-mesure. (audition de la CCCP, 9 novembre 1948).
Louis Coulibeuf fut incarcéré le 25 novembre à la prison de la Santé. Tous les inculpés comparurent le 9 septembre 1942 devant le tribunal du Gross Paris qui siégea à l’hôtel Continental. Louis Coulibeuf fut condamné à mort pour « intelligence avec l’ennemi ». Il y eut seize autres condamnations à mort et onze condamnations à des peines de travaux forcés allant de deux à dix ans.
Louis Coulibeuf fut passé par les armes le 5 octobre 1942, et inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 5 octobre 1942, 39e division, 1re ligne, no 62. Son nom ne figure pas sur la plaque commémorative du ministère de l’Air, avenue de la Porte de Sèvres.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153044, notice COULIBEUF Louis, Auguste par Daniel Grason, version mise en ligne le 3 février 2014, dernière modification le 1er avril 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 193. – AVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Le Matin, L’Œuvre, 19 novembre 1941 – L’Ouest-Éclair, 19 et 20 novembre 1941. – Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004. – Mémorial GenWeb. – État civil, Montigny.
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 175.

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