JUSTRABO Renée, Alphonsine, née CLERC Renée [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Née le 9 décembre 1914 à Velesmes (Haute-Saône, France), morte à Dijon le 1er novembre 2011 ; institutrice à Sidi-Bel-Abbès après son mariage avec René Justrabo ; communiste, secrétaire de l’Union démocratique des femmes d’Algérie de la ville, active dans la gestion sociale par la mairie ; arrêtée en mai 1959, expulsée vers la France en novembre ; revenue enseigner à Sidi-Bel-Abbès après l’indépendance.

Fille de cultivateurs, catholiques traditionalistes, cinquième d’une famille de neuf enfants, pratiquante jusqu’à dix-huit ans, élève du cours complémentaire de Champlitte, Renée Clerc fut reçue, en 1932, au concours d’entrée à l’École normale d’institutrices de Vesoul. En octobre 1935, elle débuta comme institutrice dans le hameau des Louches. Envoyée de mai 1936 à mai 1938 au sanatorium de Sainte-Feyre (Creuse), elle y rencontra René Justrabo, instituteur. Mariés en août 1939 à Velleclaire (Haute-Saône), ils firent la rentrée des classes à Sidi-Bel-Abbès dans une école du faubourg où demeuraient les travailleurs des ateliers de la compagnie des chemins de fer algériens, fortement syndiqués. Ils eurent trois filles.

Après le débarquement allié, le 8 novembre 1942, Renée Justrabo fut nommée institutrice dans une école d’un quartier à forte présence d’ouvriers agricoles d’origine espagnole. Acquise aux idées de son mari, c’est surtout à partir de 1946-1947 que Renée Justrabo pratique l’action politique en devenant la secrétaire pour la ville, de l’Union démocratique des femmes. Membre du PCA depuis 1944, elle n’assiste guère qu’à la réunion annuelle de remise des cartes. Par contre, elle se dévoue au travail auprès des femmes.

L’association des femmes, explique-t-elle, « s’essouflait », en 1946, ayant perdu les personnalités « européennes libérales » qui l’accompagnaient au début. « il resta alors un bureau composé surtout de communistes et apparentées. L’Association … changea alors de caractère, de paternaliste elle devint militante et s’étendit aux femmes musulmanes ». Elle se soucie de scolarisation, de santé, d’assistance, de défense aux Prudhommes en militant dans les quartiers (hygiène, eau, éclairage). Elle sert bien sûr de relais auprès de la mairie « Justrabo », mais conduit délégations et pétitions à la préfecture, participe aux défilés du 1er Mai, et organise la journée des femmes le 8 mars. « C’était pour les femmes, une révolution de se retrouver dans la rue » et de découvrir le combat pour les droits.

Quand l’Union des femmes fut interdite en 1955, et le PCA dissous (septembre 1955), elle fut, avec son mari, expulsée d’Oranie sur Alger en septembre 1956 où elle retrouva un poste d’institutrice. Après l’assignation à résidence de son mari (26 novembre 1956), inculpée « d’atteinte à la sûreté de l’État » en juin 1959, détenue au centre de tri de Beni Messous, interrogée, elle fut transférée à la prison de Barberousse (Serkadji) à Alger, et en septembre 1959, assignée à résidence au camp de Téfeschoun.

Libérée en novembre 1959, expulsée, toujours inculpée, elle gagna la métropole avec ses enfants. Institutrice à Dijon, elle resta en liberté provisoire jusqu’aux accords d’Évian. Les Justrabo revinrent à Sidi-Bel-Abbès en 1962-1963. Elle enseigna à l’école Molière jusqu’à l’été 1963. Retraitée, Renée Justrabo revint, avec son mari, à Dijon, et, membre du Parti PCF, milita aussi au Secours populaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153158, notice JUSTRABO Renée, Alphonsine, née CLERC Renée [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 6 février 2014, dernière modification le 6 février 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Wilaya d’Oran, notes de police. — Entretiens avec l’auteur dans J. Delorme, Mémoire sur Sidi-Bel-Abbès, op.cit. — Renseignements donnés à Jacques Girault par René Justrabo en 2011.

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