POMAROLA Joseph

Par André Balent

Né le 31 janvier 1878 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 19 avril 1945 à Buchenwald (Thuringe, Allemagne) ; commissaire de police ; résistant des Pyrénées-Orientales (mouvement Franc-Tireur, membre du directoire départemental des MUR, agent du réseau Gallia) ; déporté.

Corbère-les-Cabanes (Pyrénées-Orientales), village d’origine de sa femme, une plaque de la rue Pomarola.
Cliché André Balent, 8 février 2022

Le père de Joseph Pomarola prénommé Jean, François d’Assise, Pierre était en 1878 boulanger à Perpignan. Il était né le 20 septembre 1852 à Pont de Molins (province de Gérone) localité ampourdanaise proche de la frontière et du Roussillon. Il s’était marié à Perpignan le 29 novembre 1876 avec Angélique, Magdeleine, Josèphe Chavanettes, couturière, née à Perpignan le 2 décembre 1857. Jean Pomarola signa l’acte de mariage « Juan Pumarola ». Magdeleine Chavanettes signa aussi l’acte de mariage.
Ses parents s’installèrent ensuite à Canet. Son père fut d’abord boulanger. Puis ses parents furent limonadiers. Il exerçaient toujours cette profession en 1903.

En 1895, il habitait avec ses parents à Canet (Pyrénées-Orientales). Le 8 octobre 1896, il contracta un engagement pour quatre ans au 7e RI., unité en garnison à Cahors (Lot). Il avait alors un degré d’instruction de niveau 3 (possède une instruction primaire plus développée). Caporal le 27 septembre 1897, il fut mis en congé le 22 septembre 1900 en attendant le passage dans la réserve qui fut effectif le 8 octobre suivant.

En 1900, à son retour de l’armée, il résidait à la maison Bonet, au hameau de Saint-Gaudérique (commune de Perpignan) dans ce qui n’était alors qu’une périphérie rurale au sud de la ville. En 1909, il commença une carrière dans la police à Marseille (Bouches-du-Rhône) où il résidait depuis le 12 juin au 47 boulevard de Paris. En 1910, il était inspecteur de la 9e brigade mobile de la police marseillaise. À partir du 14 juin 1911, il résidait à Canet (Pyrénées-Orientales). À compter de cette date, l’administration militaire le décrivait comme « employé de l’administration départementale » et « classé sans affectation de guerre ». Pendant la Première Guerre mondiale, il fut par décision du 21 juillet 1916 « maintenu non disponible ». Le 3 janvier 1921, employé permanent de l’administration publique des Alpes-Maritimes, il devint commissaire spécial adjoint à Nice.

Il vécut ensuite de nombreuses années dans cette ville. Il fut, ainsi que le rappelle une plaque apposée au 59 de la rue Bonaparte et qui rappelait sa mort en déportation, président du groupe indépendant et amical de défense des intérêts matériels et moraux des habitants des quartiers Arson, Barla et Saluzzo de la cité azuréenne.

À la retraite, il s’installa à Perpignan. Il y eut encore des activités professionnelles. Il travaillait, notamment en 1942 et 1943, comme barman au cinéma perpignanais Les Deux Salles.

La participation de Joseph Pomarola à la Résistance montre que son réseau de relations se situait politiquement à gauche : parti radical et, surtout, SFIO. Ayant intégré le mouvement Franc-Tireur des Pyrénées-Orientales, il en assuma la direction après que François Paulin* le lui eut demandé, se sentant menacé après avoir été interpellé par la police et perquisitionné à la fin avril 1942. À partir de ce moment Pomarola intensifia sa participation à l’action clandestine. Membre du directoire départemental des MUR depuis la fusion locale (Perpignan, 25 février 1943) de Libération-Sud, Combat et Franc-Tireur, Pomarola était, d’après Camille Fourquet*, de Libération-Sud, un « résistant actif et résolu bien qu’il fût âgé de 70 ans (sic) ». Avant la vague d’arrestations du 23 mai 1943, le directoire départemental des MUR se réunissait dans le bureau ou le domicile du commandant Viaud (de Combat), par ailleurs administrateur du 427e GTE. Occasionnellement des membres du PC clandestin ou de la CGT participaient à certaines de ces réunions. Mais l’étau se resserrait sur les MUR des Pyrénées-Orientales après que la police allemande eut été informée par un agent double. Le 23 mai 1943, un vaste coup de filet démantela, sans la détruire complètement, leur direction départementale. Ce jour là, Camille Fourquet* put informer Pomarola qu’il rencontra fortuitement place Cassanyes de l’arrestation du commandant Viaud (de Combat) autre membre du directoire des MUR. Il l’invita à venir chez lui mais Pomarola préféra se rendre chez lui où l’attendaient des policiers allemands. Selon Fourquet, Pomarola aurait menacé d’un escabeau un policier allemand qui le maltraitait pendant son interrogatoire. Ce geste aurait motivé son arrestation alors que de nombreux autres résistants des MUR raflés furent relâchés faute de preuves.

L’activité résistante de Joseph Pomarola ne se déploya pas que dans le cadre de Franc-Tireur et des MUR. Il fut aussi, à compter de mars 1943, un agent P2 du réseau Gallia (BCRA), impliqué dans les passages de la frontière franco-espagnole d’informations destinées à la France Libre et de fugitifs clandestins. Son activité professionnelle au bar des Deux Salles de Perpignan était de ce point de vue une excellente couverture. Lui-même participa à l’organisation de passages.

Joseph Pomarola fut interné du 23 mai 1943 au 17 janvier 1944. Il quitta Compiègne pour Buchenwald par le convoi ferroviaire du 17 janvier 1944. Il survécut peu de temps à libération du camp par les Américains le 11 avril 1945. Il mourut peu de temps après, le 19 avril 1945 avant d’avoir pu être rapatrié. Son décès en déportation justifia la mention de « mort pour la France » qui fut notifiée à sa veuve le 16 février 1952.

Des rues Joseph-Pomarola à Perpignan et à Corbère-les-Cabanes honorent sa mémoire. Son nom figure sur le monument aux morts de Nice. Une plaque, rue Bonaparte à Nice, rappelle aussi sa mort en déportation.

Joseph Pomarola se maria le 17 janvier 1903 à Corbère-les-Cabanes (Pyrénées-Orientales) avec Élisabeth, Marthe, Madeleine Brial. Celle-ci était née le 13 octobre 1882 à Millas (Pyrénées-Orientales) et était fille de propriétaires de Corbère-les-Cabanes, fermiers à Millas (métairie de l’Oris). Son père, Antoine Brial, était né à Millas le 17 janvier 1856. Joseph Pomarola conserva des liens avec le village de sa femme.

L’un de ses deux fils prénommé aussi Joseph (l’autre était prénommé Henri) naquit à Alénya (Pyrénées-Orientales) le 27 septembre 1910. Alors que Joseph Pomarola était déjà en poste dans la police à Marseille (Bouches-du-Rhône), le couple résidait officiellement dans cette commune chez les parents de sa femme. Le père de celle-ci Antoine Brial était régisseur dans cette commune. Il présenta son petit-fils à l’officier d’état civil. Joseph Pomarola fils (connu aussi sous le nom de José) fit des études à l’Institut de Chimie de Toulouse (Haute-Garonne). Il devint un chercheur réputé spécialisé dans la physique nucléaire. Avant la guerre, il vécut longtemps à Nice où il se maria le 27 décembre 1933 avec Marthe, Alice Chiarelli (née en 1910 et décédée le 29 octobre 2000 à St Augustine, Floride, États-Unis). Prisonnier de guerre en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’évada de son camp et participa à la Résistance. Il est possible qu’il fut agent du réseau Gallia comme son père. En effet, « José Pomarola » figure sur la liste des agents de ce réseau publiée sur le site de l’amicale de Gallia aux côtés de Joseph Pomarola. Il semble avoir poursuivi son activité scientifique en France avant de s’installer aux États-Unis où sa fille Mireille se maria. Installé à Saint Augustine en Floride avant 2000, il y mourut et fut inhumé au cimetière San Lorenzo de la ville. Il était commandeur de l’Ordre du mérite et chevalier de la Légion d’Honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153275, notice POMAROLA Joseph par André Balent, version mise en ligne le 22 février 2014, dernière modification le 8 février 2022.

Par André Balent

Corbère-les-Cabanes (Pyrénées-Orientales), village d’origine de sa femme, une plaque de la rue Pomarola.
Cliché André Balent, 8 février 2022
Corbère-les-Cabanes (Pyrénées-Orientales), village d’origine de sa femme.
Autre plaque de la rue Joseph Pomarola.
Cliché André Balent.

SOURCES : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1 R 439, registre matricule, f° 149, y compris une fiche établie le 16 février 1952 faisant état de son internement et de sa déportation. — Arch. com. Perpignan, état civil, registre des actes de naissance, 1878, registre des actes de mariage, 1876. — Arch. com. Corbère-les-Cabanes, état civil, acte de mariage entre Joseph Pomarola et Élisabeth Brial. — Arch. com. Alénya, registre de l’état civil, acte de naissance de Joseph (José) Pomarola fils., 27 septembre 1910 et mention marginale de mariage ; acte de décès de l’un de ses apparentés, 11 septembre 1910. — Émilienne Eychenne, Les portes de la liberté. Le franchissement clandestin de la frontière des Pyrénées-Orientales de 1939 à 1945, Toulouse, Privat,1985, 285 p. [p. 218]. — C.-L. Flavian, Ils furent des hommes, préface de Georges Broussine et lettre préface de Charles de Gaulle, Paris, Nouvelles éditions latines, 384 p. [p. 114 et p. 376]. — Camille Fourquet*, Le Roussillon sous la botte nazie, tapuscrit autobiographique inédit, s.d. [1965 ?], pp. 19, 21-23. [Arch. privées André Balent]. — Ramon Gual, Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, 687 p. [p. 428]. — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra, 1994, 400 p. [pp. 99, 168, 185]. — Georges Sentis, Les passeurs des Pyrénées- Orientales frappés par la répression allemande,vichyste et espagnole. 1940/1944, Tome 1, Perpignan, ANACR, 2012, 27 p. [p. 23]. — Livre mémorial de la déportation, site de la FMD ( http://www.bddm.org/liv/index_liv.php ), consulté le 1er février 2014. — Site
http://www.memorial-genweb.org consulté le 5 février 2014. — Site de l’Amicale du réseau Gallia ( www.reseaugallia.org ), consulté le 9 février 2014. — Site http://memoresist.org
(Mémoire et espoirs de la Résistance, Association des Amis de la Résistance consulté le 5 février 2014), liste des Français libres dans la résistance intérieure. — Site http://staugustine.com/stories (USA) consulté le 5 février 2014. — Site http://www.findagrave.com (USA) consulté le 5 février 2014.

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