CLÉMENT Alfred

Par Bertrand Gogendeau

Né le 31 décembre 1924 à Grugé-l’Hôpital (Maine-et-Loire), fusillé le 13 décembre 1943 à Angers (Maine-et-Loire) ; élève-instituteur ; résistant, membre du Front national.

Alfred Clément, demeurant à Bouillé-Ménard (Maine-et-Loire), chez ses parents, Alfred et Blanche Cormier, se destinait à la carrière d’enseignant. Il fit son école primaire à Bouillé-Ménard d’avril 1931 à juillet 1937. D’octobre 1937 à juillet 1941, il fut pensionnaire au cours complémentaire de Segré. En 1941, il fut reçu au concours de recrutement d’élèves-instituteurs à l’École normale (promotion « Cyrano ») où il était surnommé « Gaufrette ». Il était avec, entre autres, Pierre Porcher, André Moine, Robert Fontaine, Bernard Crétin et René Tremblay (tous les trois morts en déportation). Après la suppression de l’École normale par le régime de Vichy, il devint alors interne au lycée Chevrollier à Angers et prépara son baccalauréat au lycée David d’Angers. Il y fut élève-instituteur du 1er octobre 1941 au 13 décembre 1943.
Alfred Clément était présent, ce jour d’octobre 1942, où l’ensemble de la promotion « Cyrano » se réunit dans une salle du lycée David d’Angers pendant une heure de permanence. Là, tous s’engagèrent dans la Résistance, dit « le groupe des Normaliens », dépendant du Front patriotique de la jeunesse (FPJ), filiale du Front national. Ensuite, il participa à de nombreuses autres rencontres clandestines durant l’année 1942-1943, au cours desquelles des tracts furent rédigés et des opérations contre l’occupant furent préparées. Il savait qu’il risquait la peine de mort pour cette activité clandestine. Mais il voulut lutter jusqu’au bout et se radicalisa. Ainsi, il alla remettre à Marius Briant des tickets de rationnement et des fausses cartes d’identité destinés aux réfractaires du Service du travail obligatoire (STO). En mars 1943, il participa à la destruction d’un camion-radio place de l’Académie d’Angers. Un mois plus tard, en avril 1943, avec André Moine ou René Brossard, il vola des armes et des documents militaires dans les vestiaires de soldats allemands à la piscine du SCO pendant leur baignade. Avec Adrien Tigeot et René Brossard, il participa à l’attaque de la mairie de Bouillé-Ménard pour récupérer des tickets d’alimentation et des tampons. Dans la nuit du 16 au 17 juin 1943, il s’attaqua à la mairie de Vern-d’Anjou avec un groupe. Mais cette dernière opération clandestine tourna mal. Au retour, ils furent arrêtés par deux soldats allemands. Roger Pelluau et André Moine sortirent leur pistolet et blessèrent les deux sentinelles. Dans leur fuite à travers champ, Pierre Porcher dut abandonner sa bicyclette. La police française qui menait l’enquête découvrit sur le porte-bagages une valise contenant ses effets personnels et une liste de normaliens. Dans la journée du 17 juin 1943, le commissaire Poupaert et ses hommes du Section des affaires politiques (SAP) investirent l’EPS Chevrollier mitraillette au poing. André Moine, Pierre Porcher, Robert Fontaine, René Tremblay, Paul Roger, Marcel Guilbault, Marcel Bodineau et Couprie furent emmenés. Le 21 juin suivant, survint une deuxième vague d’arrestations. Bernard Crétin, Michel Gervais, Roger Le Couteller et Alfred Clément, arrêtés par la Sipo-SD, furent emmenés à leur tour.
Comme ses camarades, Alfred Clément fut interrogé au quartier général de la SAP, rue Racine à Angers. Ensuite, le même jour, il fut incarcéré, d’abord dans le quartier français de la prison du Pré-Pigeon d’Angers, avant de passer au quartier réservé aux autorités militaires allemandes. Le 9 août 1943, tandis que leurs camarades étaient transférés au camp de Compiègne (puis les camps de concentration), Alfred Clément, Pierre Porcher et André Moine restèrent détenus à Angers. Le 1er décembre 1943, ces trois normaliens, ainsi que Maxime Bacquet, Adrien Tigeot, Marius Briant, Julien Alix et Gabriel Alix furent condamnés à mort par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 595 d’Angers.
Alfred Clément fut reconnu coupable par la cour d’« aide à l’ennemi et d’être franc-tireur ». Le 13 décembre 1943, sorti de sa cellule, il fut conduit à la clairière de Belle-Beille à Angers, où il a été fusillé, à 8 h 15, avec Adrien Tigeot, André Moine, Pierre Porcher, Maxime Bacquet, Julien Alix et Gabriel Alix.
Il fut ensuite inhumé dans le cimetière de l’Est à Angers, dans le carré 15, rang 12, tombe 2. Après avoir exhumé, son cercueil fut restitué à sa famille au cours d’une cérémonie présidée par le préfet de Maine-et-Loire, le dimanche 26 septembre 1948 à 11 heures, place Molière à Angers. Il fut ensuite transféré au cimetière de Bouillé-Ménard.
Il reçut, à titre posthume, la Médaille militaire et fut homologué au grade de sergent des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Le groupe scolaire de la rue de la Madeleine à Angers porte son nom, ainsi que l’école publique de Bouillé-Ménard. Le 18 mai 1980, une plaque en sa mémoire fut dévoilée sur un mur de cette dernière. Son patronyme est aussi gravé sur le monument aux morts de Grugé-l’Hôpital. Tous les troisièmes dimanches du mois d’octobre, une cérémonie a lieu devant le monument des fusillés de Belle-Beille au cours de laquelle son nom est cité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153315, notice CLÉMENT Alfred par Bertrand Gogendeau, version mise en ligne le 12 février 2014, dernière modification le 14 mars 2017.

Par Bertrand Gogendeau

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Maine-et-Loire, 28 J 23, 181 J 50, 140 W 71, 303 W 291, 303 W 293. – Arch. mun. Angers, 4H103. – Acte de décès, Registre des inhumations du cimetière de l’Est à Angers.

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