PINSON Henri, Abel

Par Gilles Pichavant

Né le 31 mars 1920 à Montigny (Cher), mort le 1er octobre 2006 à Dieppe (Seine-Maritime) ; instituteur ; militant du SNI ; militant communiste en Seine-Maritime ; résistant ; adjoint au maire de Dieppe.

Henri Pinson en 1944
Henri Pinson en 1944
Photo d’une fausse carte d’identité.

Fils d’un charron et d’une couturière, Henri Pinson, instituteur, fit ses études primaires à Humbligny (Cher), commune voisine de Montigny, où ses parents avaient déménagés. Un instituteur ayant repéré ses facilités d’apprentissage, il convainquit ses parents pour qu’il continuât ses études après l’obtention du certificat d’études primaires. Ainé d’une fratrie de trois garçons, il fut donc le seul à poursuivre ses études au cours complémentaire de Sancerre, et fut reçu au concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Rouen en 1937.

Il fut nommé en septembre 1940 à Malaunay. C’est dans cette école qu’il rencontra sa future épouse, Henriette Fauvel, une institutrice rouennaise, sympathisante communiste, qui y avait été nommée en remplacement d’un instituteur appelé sous les drapeaux. Il y enseigna neuf mois, avant d’être appelé à son tour sous les drapeaux, le 8 juin 1940, à Orléans. Il fut soldat de deuxième classe dans l’artillerie pendant six semaines. Fait prisonnier le 15 juin 1940 à Coëtquidan (Ile-et vilaine), il s’évada le 20 juin 1940, il revint chez ses parents à Humbligny. A la rentrée d’octobre, il retourna à Malaunay.

S’étant marié en juillet 1941 à Rouen (Seine Inférieure/Maritime), le couple fut nommé le premier octobre 1942 à Bellengreville. Requis le 13 mai 1943 pour travailler en Allemagne, il est affecté dans une usine métallurgique à Belecke, en Westphalie. Il en conservera toute sa vie la trace, car il reçu de la limaille dans l’œil, qu’il conservera toute sa vie. La maladie de sa mère lui ayant valu une permission, il en profita pour s’évader, devint réfractaire dans le Cher en fin 1943. Il entra dans la Résistance, où il fut essentiellement chargé du renseignement, et vécu sous de fausses identités, avec de faux papiers. Il s’appela Marcel Laurier, agent du trésor, ou bien Jean-louis Lepicard, ouvrier agricole.

A la Libération il reprit son poste d’instituteur à Bellengreville (Seine-Inférieure), où il tint, parallèlement, le secrétariat de mairie. L’école publique avait deux classes mixtes, les petits et les grands. Il était instituteur pour les grands, pendant que sa femme s’occupait des plus petits. Le couple eut deux filles. La première naquit en 1942, et fut gardée pendant le reste de la guerre par les grands-parents, à Humbligny. La seconde naquit en 1945 à Bellengreville. Pendant de très longues années la commune ne fut pas équipée de l’eau courante, qu’il contribua à faire installer dans la commune, à la fin des années 1960, dans le cadre de son activité de secrétaire de mairie. Mais il avait quitté la commune quand elle fut installée dans l’école. Dans un premier temps une citerne servait aux besoins du logement d’instituteur et de l’école. Mais l’installation d’un chauffage au fuel pollua l’eau de pluie, et il fallu aller de l’eau au puits chez la voisine. Le couple eut sa première voiture au début des années 1950. Jusque là il utilisa beaucoup la bicyclette pour sillonner le canton, ou pour faire les courses au bourg proche d’Envermeu.

Henri Pinson militait aussi au Syndicat national des instituteurs depuis 1945, dont il fut le secrétaire pour le canton d’Envermeu. Il fut secrétaire cantonal de la Ligue de l’enseignement, et créa avec des collègues instituteurs une association des œuvres laïques (OLS) dans le canton, qui organisait des voyages scolaires et animait la vie culturelle. Elle envoyait, notamment, chaque année les lauréats aux examens visiter Paris pendant trois jours. Il militait avec son épouse à France-URSS. Compte tenu de sa double activité d’instituteur et de secrétaire de mairie, auxquelles s’ajoutaient ses activités associatives et politique, il fut très pris, et peu présent dans sa famille, toujours tourné vers les autres, au service de ses concitoyens. Il était tellement connu et apprécié qu’on disait qu’on voterait bien pour lui aux élections cantonales, et que dans ce cas, il serait sûrement élu, mais à condition qu’il se présenta sous une autre étiquette que celle du parti communiste, ce qu’il se refusa toujours de faire.

Henri Pinson, fut membre des Jeunesses communistes en 1936, adhéra au Parti communiste français en 1945. Il fut secrétaire de la cellule de Saint-Nicolas-d’Aliermont (Seine-Inférieure) qui s’appela du nom de Robert Lefranc à partir de 1946. Elle dépendait de la section de Dieppe. Il fut ensuite secrétaire d’une cellule nouvelle qui fut créée à Envermeu. Il fut secrétaire la section de Dieppe de 1945 à 1950.

Henri Pinson fut le présenté candidat communiste à toutes les élections cantonales dans le canton d’Envermeu, de 1952 à 1976. Le 16 septembre 1952, il se présenta lors d’une élection partielle provoquée par le décès du conseiller général, le maire d’Envermeu. Henri Pinson obtint 812 voix et 20,33% au premier tour. Il se maintint au second tour, mais ne rassembla que 669 voix. En avril 1958, il termina en quatrième position avec 831 voix et 18,06% ; il se désista pour le candidat UDSR qui fut élu au deuxième tour. De nouveau candidat en 1964, il termina 2e en réunissant 619 voix et 25,30% des exprimés, un candidat SFIO arrivant 3e avec 9,5%, le candidat de droite étant élu au premier tour. En 1970, seul candidat de gauche face au sortant de droite, il rassembla 1545 voix et 37,95% des exprimés. En 1976, il y eu deux candidats de gauche, face au sortant de droite. Henri Pinson arriva 3e, avec 1446 voix, soit 22,66%, le candidat de droite étant élu dès 1er tour.

Henri Pinson resta à Bellengreville jusqu’en 1967. Il eut un grave accident d’automobile en juin 1964, au cours duquel son épouse mourut. Il resta un mois à l’hôpital. Veuf, il se remaria en octobre 1966 à Bellengreville avec une institutrice, Colette Major, fille d’un employé des postes. Il fut nommé à Dieppe en 1967, où il prit la direction de l’école Descelliers. Celle-ci fusionna en 1969 avec l’école Fénelon ; il en conserva la direction jusqu’à son départ en retraite en 1976, et obtint une demi-décharge après son élection au conseil municipal de Dieppe en 1971.

Candidat en 13ème position sur la liste d’Union de la Gauche pour les élections municipales à Dieppe, conduite par Irénée Bourgois, il fut élu 7e parmi les 11 élus de gauche du premier tour, avec 5963 voix. Au deuxième tour, les suivants de la liste furent tous élus sauf un. Irénée Bourgois fut élu maire, et Henri Pinson fut élu adjoint chargé des finances. Prolongeant son engagement para-éducatif dans son mandat municipal, il fut à l’origine de l’installation du Centre-médico-psychopédagogique dans l’ancienne école Florian, du développement de l’association des loisirs éducatifs de la Ville de Dieppe, avec l’organisation de la colonie de vacances de Meymac et du camp d’adolescents de Caudiès-de-Fenouillèdes, et, avec l’équipe municipale, des jumelages avec Melton-Mombray en Angleterre, Scwinopzie en Pologne et Potsdam en RDA. Avec Gérard Jacqueline, il négocia avec l’État d’un contrat ville moyenne qui permettra la rénovation du quartier Saint-Jacques, la mise en rue piétonne de la Grand-Rue, et la construction du Centre culturel Jean-Renoir. Avec Gérard Jacqueline, aussi, il montera et portera jusqu’à son terme le dossier de création d’une usine-relais rue Carnot.

Henri Pinson fut de nouveau candidat aux élections municipales de Dieppe, en 1977, en troisième position sur la liste d’Union de la gauche aux élections municipales. Celle-ci conduite par Irénée Bourgois ayant été élue dès le 1er tour, il retrouva son poste d’adjoint et sa délégation aux finances.

Il fut impliqué dans de nombreuses associations comme les Échanges Franco-allemands, devenus France RDA, l’Union de Vieux de France, qu’il contribuera, lorsqu’il ne fut plus élu, à transformer en Union nationale des Retraités et Personnes Agées (UNRPA), dont il fut un responsable national.

Henri Pinson était chevalier de la Légion d’Honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153426, notice PINSON Henri, Abel par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 2 mars 2014, dernière modification le 24 octobre 2022.

Par Gilles Pichavant

Henri Pinson en 1944
Henri Pinson en 1944
Photo d’une fausse carte d’identité.
Fausse carte d'identité
Fausse carte d’identité
Fausse carte au nom de Marcel Laurier, agent du Trésor.
Henri Pinson en 1976
Henri Pinson en 1976
Candidat aux élections cantonales dans le canton d’Envermeu
Henri Pinson à droite de la photo.
Henri Pinson à droite de la photo.
A gauche de M. Lallement, l’épouse d’Irénée Bourgois.

SOURCES : Archives du comité national du PCF et de la section de Dieppe du PCF. — Paris-Normandie et Les Informations Dieppoises, au Fonds ancien de Dieppe. — Hommage prononcé par Christian Cuvilliez, ancien député maire, le 4 octobre 2006. — Archives familiales. — Notes de Jacques Girault.

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