REITTER René

Par Léon Strauss

Né le 31 décembre 1910 à Colmar (Haute-Alsace annexée), mort en décembre 1981 ; journaliste socialiste, puis restaurateur, puis coopérateur ; socialiste SFIO puis PS ;secrétaire de la section SFIO de Colmar (Haut-Rhin), conseiller municipal de Colmar, président national des Amis de la Nature, vice-président de la Fédération des Œuvres laïques du Haut-Rhin, directeur de la Société coopérative de consommation de Colmar.

Fils d’Ernest Reitter, lithographe, et d’Emilie Hild, frère d’Ernest Reitter, militant du SNI. Son père fut, en 1914, l’un des fondateurs de la section de Colmar des Naturfreunde, active association de tourisme populaire proche de la Social-Démocratie autrichienne et allemande. Très tôt, le jeune Ernest manifesta des velléités d’indépendance ; il cessa ses études à 17 ans pour entrer comme comptable dans une quincaillerie colmarienne. En 1928, il s’inscrivit à la SFIO dont le leader local était Édouard Richard*, adjoint au maire de Colmar. L’année suivante, il devint responsable des Jeunesses socialistes du Haut-Rhin, puis en 1934 ou 1935 secrétaire de la section socialiste de l’arrondissement de Colmar. En avril 1934, il avait trouvé un emploi de rédacteur au Republikaner/ Républicain du Haut-Rhin : il écrivait facilement en français et en allemand et, grâce à ses contacts avec les sociaux-démocrates allemands exilés, pouvait donner dans le quotidien socialiste beaucoup d’informations sur les réalités de la nazification de l’Allemagne. À la veille de la guerre, il était devenu chef de sa rédaction locale colmarienne. En 1935, il entra au conseil municipal dans la « liste de propreté politique et d’union antifasciste » dirigée par Richard, le nouveau maire. Militant à la suite de son père de l’Union Touristique des Amis de la Nature dont il était président en 1937, il dirigea la construction de son refuge vosgien de la station de ski du Schnepfenried qu’inaugura en avril 1937 Léo Lagrange*, sous-secrétaire d’État aux Sports et aux Loisirs du gouvernement Léon Blum*.

Sa famille s’était réfugiée depuis septembre 1939 sur le versant occidental des Vosges. Mobilisé dans le service auxiliaire, il fut démobilisé dans le Sud-Ouest en septembre 1940. Il se garda bien de rentrer en Alsace annexée de fait au Reich nazi et rejoignit les siens au Tholy (Vosges), où à partir de février 1941, il fut le gardien d’une grande villa appartenant à un industriel de la région. Après la Libération du Tholy dévasté par les bombardements à la mi-novembre 1944, la famille, qui avait tout perdu, se réfugia, après un long périple à pied, à Cheniménil (Vosges). Peu après la Libération de Colmar le 2 février 1945, il revint dans sa ville natale où il reprit son métier de journaliste au Républicain du Haut-Rhin le 1er mai 1945 et son siège au conseil municipal où il fut réélu jusqu’en 1965. Probablement en désaccord avec la direction du journal, il le quitta en juillet 1948. Il fut embauché alors par Les Dernières Nouvelles de Colmar, mais, comme on lui demandait de ne plus faire de politique, il démissionna au bout de quelques mois. Il acheta alors un café-restaurant, mais il fit de mauvaises affaires et dut le revendre à perte. Il fut embauché en 1952 comme employé de bureau au siège social de la Société coopérative de consommation de Colmar et environs où il finit sa carrière en 1971 comme directeur général.

Il était en juin 1945 président de la section SFIO de Colmar et président provisoire de Libération Nord qui n’y avait qu’une trentaine de membres. Il avait aussi repris la présidence des Amis de la Nature de Colmar et devint de 1949 à 1958 président national de ce mouvement. Le 27 avril 1952, il fut élu vice-président de la Fédération du Haut-Rhin de la Ligue de l’Enseignement. Aux législatives de 1956, il figura en deuxième place sur la liste SFIO qui n’eut pas eu d’élu. Le 5 juillet 1958, il devint vice-président du conseil départemental des parents d’élèves des écoles publiques du Haut-Rhin. Lors de la création du nouveau Parti socialiste, il ne suivit pas Émile Muller* dans sa dissidence droitière Anticommuniste de toujours, il défendit en 1977 la nécessité de l’Union de la Gauche en affirmant que « les socialistes et les communistes appartiennent à la même famille politique ».

René Reitter a épousé le 6 juillet 1935 Marthe Haller (1911-2004). Le couple eut cinq enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153503, notice REITTER René par Léon Strauss, version mise en ligne le 17 février 2014, dernière modification le 2 mai 2022.

Par Léon Strauss

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin, 544 D1. — La Fraternelle, Bulletin départemental du SNI octobre-novembre 1952, p. 5. — Francis Reitter, La saga des Reitter, Colmar, 2008. — Notes et courriels d’Ernest Reitter et de René Reitter fils. — Der Republikaner/ Le Républicain du Haut-Rhin, Mulhouse, 1934-1939, 1945-1948. – Interview de René Reitter dans Le Nouveau Républicain, Mulhouse, mars 1977.

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