CHABANNE Jean-Claude, Léon

Par Daniel Grason

Né le 11 août 1921 à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé le 27 février 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; étudiant en droit ; gaulliste tout en restant favorable au Maréchal Pétain ; résistant du groupe des Cadets de France.

Jean-Claude Chabanne
Jean-Claude Chabanne

Fils de Léon Chabanne, docteur en droit, et de Marie Chenot, Jean-Claude Chabanne demeurait à Pontoise (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Sa mère mourut de la tuberculose alors qu’il était âgé de trois ans ; son père attaché à la direction générale de la firme Schneider se remaria. Très bon élève, Jean-Claude Chabanne fréquenta l’école Saint-Martin à Pontoise de 1929 à 1939, et obtint en 1941 le baccalauréat en philosophie. Suivant les traces de son père, il commença des études de droit.
Il s’intéressait à la colonisation, adhéra en 1939 au mouvement des « Jeunesses de l’Empire Français », créa et dirigea la section de Pontoise qu’il appela « Cercle Savorgnan de Brazza ». Son père, ancien combattant de 1914-1918, était anti-allemand. Jean-Claude Chabanne exprimait les mêmes convictions. En vacances en Bretagne, il loua une barque pour rejoindre le général de Gaulle en Angleterre : ce fut un échec.
Il forma à Pontoise avec Jean-Paul Soutumier, Jacques Martineau, Paul Thueux, Jacques Tête et Pierre Butin un groupe qui s’intitula les Cadets de France, un nom qui était en résonnance avec les Cadets de la France libre du général de Gaulle à Londres. Ils prirent des armes abandonnées lors des combats de 1940, notamment en forêt de l’Isle-Adam.
Élève à l’école d’Électricité industrielle Charliat, 1 bis passage Duhesme à Paris (XVIIIe arr.), Paul Thueux entretenait des relations amicales avec deux autres élèves, Hervé Cosmao et Jacques Roybon, auxquels il fit part de son activité. Or, ces derniers s’étaient mis au service de la GFP Geheimfeldpolizei (police secrète de campagne). Le commissaire Veber, qui dirigeait la police judiciaire, mit à la disposition des Allemands plusieurs policiers dirigés par un inspecteur pour effectuer les filatures et procéder à une partie des arrestations.
Arrêté le 1er décembre 1941, Jean-Claude Chabanne fut incarcéré à la prison de Fresnes. Il comparut avec huit de ses compagnons le 16 janvier 1942 devant le tribunal de la Feldkommandantur FK 758 de Saint-Cloud. Le tribunal prononça trois condamnations à mort dont celle de Jean-Claude Chabanne pour « constitution d’un groupe de francs-tireurs, d’un dépôt d’armes et espionnage ».
Pierre Butin condamné à quatre ans de prison a été fusillé comme otage le 12 mai 1942, Éric De Martinfrey, Lucien Francia, Jean-Paul Soutumier, Pierre Scheringa, déportés « NN » Nacht und Nebel (Nuit et brouillard) moururent en déportation, Paul Thueux également « NN » déporté à Sachsenhausen (Allemagne) échappa à la mort.
Jean-Claude Chabanne, dans sa dernière lettre adressée à son père, écrivit : « Il faut que tu saches et répètes que ma dernière parole sera ’’Vive le Maréchal, vive la France !’’ » Il fut passé par les armes le 27 février 1942 avec Jacques Tête et Pierre Vogler. Son inhumation eut lieu au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Après la guerre, sa ré-inhumation se déroula le 3 février 1946 au cimetière de Pontoise, une impasse qui mène à un collège de la ville porte son nom.



« Vendredi 27.2.42
3 exécutions
À Fresnes, à 11 heures, prévenu que 3 [détenus] doivent être exécutés dans l’après-midi, tribunal de Saint-Cloud. Fut chargé de leur annoncer : Tête Jacques, Vogler Pierre et Chabanne Jean-Claude. Tête avait déjà reçu la communion avant, Vogler inscrit pour le jour suivant. Tête voulait devenir prêtre (vocation tardive), fut arrêté pendant qu’il servait la messe, jeune garçon pieux, 21 ans. Vogler n’arrivait pas à y croire, pensa à sa mère jusqu’à la mort. Chabanne un peu éloigné, mais bonne confession et communion. Tous 3 munis des saints sacrements. En chemin, bonne ambiance, la Feldgendarmerie de Saint-Cloud nous transporta dans un petit fourgon, prié. À la fin, Tête récita son chapelet. Puis je récitai la prière pour les mourants. Vogler pria à haute voix pour sa mère, comme les deux autres, Tête garda son chapelet à la main. Adresses : Tête, 3, rue Lavoye, Pontoise ; Voglet, 35, rue nationale, Vauréal ; Chabanne, 71, rue Saint-Jean, Pontoise, enterrés à Ivry, 39e div. 2r ligne, Tête n°17, Chabanne n°9, Vogler n°14. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153537, notice CHABANNE Jean-Claude, Léon par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 septembre 2021, dernière modification le 28 décembre 2021.

Par Daniel Grason

Jean-Claude Chabanne
Jean-Claude Chabanne

SOURCES : Arch. PPo. 77 W 1114. – DAVCC, Caen, Boîte 5 (Notes Thomas Pouty). – Fabrice Bourrée, De jeunes pionniers de la Résistance à Pontoise : groupe Chabanne, 2003. – Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun Les policiers français sous l’occupation, Perrin, 2001, pp. 109, 132-137.i – Jean Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet Centre d’études René Nodot (commission rogatoire, rapport du 10 octobre 1945 sur les arrestations de décembre 1941). – Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun Les policiers sous l’Occupation, Ed. Perrin, pp. 133 à 137. – Guy Krivopissko, La vie à en mourir, Lettres de fusillés, 1941-1944, Paris, Tallandier, 2003. – Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p.69.— État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable