DUFOUR Alfred.

Par Jean-Paul Mahoux

Anderlecht (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 1840 − Anderlecht, 9 février 1914. Ouvrier typographe, fondateur et dirigeant de l’Association libre des compositeurs et imprimeurs typographes de Bruxelles, actif en politique chez les libéraux progressistes.

Alfred Dufour devient membre de l’Association libre des compositeurs et imprimeurs typographes de Bruxelles en 1864. Il occupe successivement plusieurs fonctions au sein de l’Association. Du 17 juin 1864 au 6 décembre 1866, il est commissaire puis bibliothécaire-adjoint du 6 juin 1867 au 7 juillet 1870 et enfin bibliothécaire principal. Seul candidat, Dufour devient le premier délégué permanent de l’Association le 7 janvier 1887 à la quasi-unanimité, fonction qu’il occupe jusqu’en 1908, date de sa retraite.

Le 8 février 1872, le Comité de l’Association propose à l’assemblée de créer une caisse de pension. L’accord est donné et une commission de dix membres a pour mission d’en étudier les moyens. Alfred Dufour fait rapport de ce travail le 6 février 1873. Le règlement est voté dans la foulée. Dufour fait partie des premiers administrateurs en tant que secrétaire, aux côtés de Pierre Kaberghs, président. Ce service ne commence ses activités qu’en 1879. Le 2 janvier 1890, il devient receveur de la caisse de retraite. En décembre 1890, il fonde, avec Charles Callewaert et Gustave Conrardy et A. Tordeur, la Section des adhérents de l’Association.

En 1897, Alfred Dufour est président de la Commission spéciale mise en place par l’Association pour étudier le projet de loi sur la personnification civile des unions professionnelles. Le 14 octobre 1897, la Commission fait adopter une protestation dénonçant l’arbitraire patronal à l’égard des syndiqués et revendiquant une meilleure protection de ces derniers.

Alfred Dufour s’investit également dans la Fédération typographique belge : il en est un des trois secrétaires en 1889, puis le receveur-trésorier de 1889 à 1896 et le président.

En 1880, suite au Congrès international des maîtres imprimeurs dont le but est la fondation d’écoles professionnelles typographiques, une commission mixte patrons-ouvriers est créée. Pierre Kaberghs et Alfred Dufour y représentent les ouvriers. Cette initiative est un échec en raison « de l’absence d’une organisation patronale permanente et représentative (voir DE BOË J., p. 182). Alfred Dufour défend l’idée d’une école professionnelle de typographie depuis 1879 : il propose de réformer l’apprentissage. Il rejoint en cela les conceptions de Joseph Dauby. L’École professionnelle de typographie est fondée le 16 novembre 1888 : Dufour est aussitôt nommé économe du comité mixte (patrons-ouvriers). En 1901, il devient président de cette école.

Alfred Dufour est, avec Émile Hubert, Gustave Conrardy et Émile Godts, une des chevilles ouvrières du combat pour l’application du minimum salarial dans les cahiers des charges des pouvoirs publics. En 1891, après de deux ans de démarches, il obtient, avec Gustave Conrardy, l’application du principe de minimum salarial dans le cahier des charges de la province de Brabant. Il négocie avec la Chambre syndicale des imprimeurs et le Cercle de la librairie les conditions du cahier des charges à soumettre à l’État en 1892 pour 1893.

Du point de vue de l’action politique, Alfred Dufour, qui est aussi vice-président du Comité de la Ligue En Avant, traverse quelques turbulences. Lors des législatives de 1894, il préside le 2 octobre un meeting de soutien de l’Association aux candidats se déclarant favorables à l’introduction du minimum salarial dans les cahiers des charges des administrations publiques. Dufour intervient également lors d’un débat en avril 1896 sur le cumul d’un mandat politique et la qualité de membre de l’Association qui fait suite aux actes posés par le député Charles Mousset, qui est aussi secrétaire de l’Association typographique. Il propose qu’un choix soit fait entre les deux fonctions. Cette proposition n’est pas acceptée car « elle n’était pas régulièrement présentée ». (voir DE BOË J., p. 187).

Lors des élections de 1896, Alfred Dufour accepte d’être candidat sur la liste des libéraux doctrinaires dans laquelle certains, dont Anspach, sont ouvertement hostiles aux réformes touchant le salaire et la diminution du temps de travail. Au sein de l’Association, c’est la stupéfaction d’où l’organisation le 25 juin d’un meeting public auquel tous les candidats, y compris Dufour, sont invités à s’exprimer sur la journée légale du temps de travail et le minimum légal de salaire. Alfred Dufour se défend : pour lui, la défense des travailleurs est possible dans tous les partis. Pour d’autres responsables de l’Association comme Antoine Delporte et Émile Hubert, l’opinion individuelle importe moins que celle de la liste. Gustave Conrardy fait voter un ordre du jour blâmant Alfred Dufour.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153584, notice DUFOUR Alfred. par Jean-Paul Mahoux, version mise en ligne le 20 novembre 2014, dernière modification le 9 décembre 2019.

Par Jean-Paul Mahoux

SOURCES : HUBERT E., Historique de l’Association libre des compositeurs et imprimeurs-typographes de Bruxelles, 1842-1892, Bruxelles, 1892, p. 96 − La Fédération typographique belge, 1er juin 1896 ; 15 février 1914 − PERQUY J.L., La typographie à Bruxelles au début du XXe siècle, Bruxelles, 1904, p. 72-74 − CONRARDY G., Histoire de la Fédération locale, Bruxelles, 1921 − DE BOË J., 1842-1952. Un siècle de luttes syndicales, Bruxelles, 1952.

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