COMMIN Pierre [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 3 janvier 1907 à Saint-Martial (Haute-Vienne), mort à Paris, le 24 juin 1958 ; ingénieur conseil puis dirigeant SFIO ; secrétaire général-adjoint de la SFIO ; sous le gouvernement de Guy Mollet en 1956 chargé de rencontres secrètes de parti à parti avec le FLN, sans implication sur la politique du Gouvernement ; ne se démarque de Guy Mollet qu’en votant contre l’investiture du général De Gaulle en 1958.

Né dans la Haute-Vienne dans une famille de paysan métayer de cette région du centre de la France acquise au parti socialiste, -le père quitte la terre pour travailler en usine.-, Pierre Commin fait des études d’ingénieur. Il sera ingénieur conseil en région parisienne, à Montreuil d’abord puis en Seine-et-Oise. Militant à la SFIO depuis son passage au lycée de Bellac, se situant à gauche en 1937-1938 aux côtés de Jean Zyromski qui anime la tendance La Bataille socialiste, il est un des collaborateurs du journal du même nom ; il démissionne de la CAP de la SFIO mais ne quitte pas le parti.

Il prend part à la Résistance, chef d’un réseau de Seine-et-Oise. Il est élu conseiller général de Mantes-la-Jolie de 1945 )à 1947, député à la 1re Assemblée constituante (1945-1946). Il deviendra sénateur en 1952

En 1946, il a soutenu la motion « Redressement » déposée par Guy Mollet s’appuyant sur la gauche du parti pour prendre la tête de la SFIO. Il entre au comité directeur en 1947 devenant secrétaire général adjoint, le second de Guy Mollet qui est Secrétaire général. Chargé de la presse et de la propagande, Pierre Commin succède à Yves Dechézelles* qui est ouvert à une évolution proprement algérienne mais mis en minorité, démissionne. Il devient administrateur du Populaire. Il préside l’Agence de Presse de la Liberté qui contrôle les journaux du parti. Ayant déjà une haute main sur la SFIO, quand Guy Mollet est au Gouvernement de février 1956 à juin 1957, il est donc le responsable du parti en totale concordance avec son patron cependant ; au titre du parti, il peut jouer un rôle dans l’ombre qui n’implique pas les déterminations politiques gouvernementales.

Alors que le gouvernement recule devant les manifestations coloniales et accroît les mesures de répression et de guerre sans le nom, notamment grâce aux pouvoirs spéciaux voté en mars 1956, Pierre Commin fait approuver (par 92 % des votes) la motion sur l’Algérie au congrès de la SFIO à Lille en juillet 1956 qui donne satisfecit à l’action de Guy Mollet. Ce qui n’empêche pas sinon permet d’avoir des contacts secrets avec des envoyés du FLN, puisqu’ils sont de parti à parti. Des rencontres ont lieu en Yougoslavie en juillet et août, et en Italie au début de septembre. La capture des dirigeants du FLN par le détournement d’avion d’octobre 1956 disqualifie ces approches et le gouvernement qui cède à cette opération de force jusqu’à couvrir cet acte de piraterie. Puis ce fut l’expédition de Suez.

Au conseil national de la SFIO du 15 décembre 1956, le malheureux Pierre Commin tient à expliquer que les contacts avaient pour objectif : « de rechercher avec ces responsables le moyen d’aboutir au cessez-le -feu ». Le cessez-le-feu était le préalable aux élections présenté par Guy Mollet dans son triptyque dont le 3e élément seulement était des négociations. Les délégués du FLN posaient l’indépendance comme préalable tout en proposant d’engager les négociations. Au sein de la SFIO, Pierre Commin fait traduire devant la commission des conflits les militants qui manifestent leur désaccord sur la politique appliquée en Algérie notamment en faisant état des sévices et de la torture systématisée sous l’autorité du ministre-résidant Robert Lacoste qui est un grand personnage de la SFIO. Il multiplie les mesures administratives jusqu’à l’exclusion.

C’est sur l’investiture du général De Gaulle en 1958 que Pierre Commin pour la première fois se démarque de Guy Mollet en votant non, mais avec la majorité du groupe parlementaire. Ensuite il n’a de cesse de s’employer à refaire l’union dans le parti. Il meurt d’une crise cardiaque en juin 1958 à l’âge de 51 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153589, notice COMMIN Pierre [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 18 février 2014, dernière modification le 5 avril 2017.

Par René Gallissot

SOURCES : Archives et articles de presse cités par la notice par G. Morin et J. Raymond dans DBMOF. Op.cit., t. 23, complétée avec le concours de Nadia Ténine-Michel dans DBMOMS, t.3, 2007.

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