Par Dalançon Alain
Né le 31 janvier 1934 à Etterbeek (Belgique) ; professeur agrégé de philosophie ; militant étudiant chrétien ; militant syndicaliste, secrétaire de la section académique du SNES de Grenoble (Isère) (1967-1971), secrétaire de la section lettres du SNESup à Nantes (1971-1975) ; militant socialiste à Nantes (Loire-Atlantique), adjoint au maire (1989-2008), conseiller régional (1986-1992).
Jean-Marie Pousseur appartenait à une famille wallonne belge de huit enfants, bourgeoise et catholique pratiquante (une de ses sœurs devint religieuse et un de ses frères fut ordonné prêtre). Son père, officier de l’armée belge, mourut en 1949 des suites de blessures de guerre ; sa mère, très francophile, militante familiale progressiste, fonda des maisons familiales dans les années 1949-1950 aux Contamines-Montjoie (Haute-Savoie).
La famille avait en effet connu l’exode en 1940 et était venue se réfugier dans ce département français. Jean-Marie Pousseur effectua donc toutes ses études secondaires comme interne au collège Saint-Joseph de Thônes, à partir de 1946 jusqu’en terminale, en 1953, et y obtint son baccalauréat (série philosophie).
Il commença ensuite des études de philosophie à la Sorbonne à Paris. Après le certificat d’études littéraires générales (1954), il termina sa licence en 1956 et obtint son diplôme d’études supérieures en 1957. Au cours de cette période, Jean-Marie Pousseur milita activement parmi les étudiants catholiques du Centre Richelieu, place de la Sorbonne : il fut responsable du pèlerinage de Chartres et rédacteur en chef du journal catholique, Tala Sorbonne. C’est seulement en 1968 qu’il cessa d’être pratiquant.
Naturalisé Français en 1954, il ne put obtenir de dispense en 1957 pour pouvoir passer les concours de recrutement avant le délai normal de cinq ans. L’autre solution était d’avoir rempli ses obligations militaires : aussi s’engagea-t-il pour trente mois en février 1958. Après avoir fait « ses classes » à Nîmes (Gard), il fut nommé sergent d’active au ministère de l’Air (place Balard) et ne fut pas envoyé en Algérie. Il épousa le 5 février 1959 à Paris (VIIe arr.) Nicole Malivoire Filhol de Camas, fille du général Philippe de Camas, assistant du général Faure au moment du putsch d’Alger, demeuré fidèle à la République, qui participa aux accords d’Evian – ce qui lui valut l’hostilité du clan « juiniste » et lui barra sa carrière à l’Etat-major général des Armées –, et qui termina sa carrière comme général d’Armée, Gouverneur militaire de Paris. Le couple eut deux enfants : un garçon et une fille.
À son retour à la vie civile, Jean-Marie Pousseur fut admissible à l’agrégation de philosophie et admis aux épreuves théoriques du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement public de second degré en 1962. À l’issue de l’année au centre pédagogique régional en 1962-1963, il réussit à la fois aux épreuves pratiques du CAPES et à l’agrégation. Il fut alors nommé professeur au lycée Emmanuel Mounier à Grenoble, où il demeura en poste jusqu’en 1971.
Adhérent du Syndicat national de l’enseignement secondaire à partir de 1963, Jean-Marie Pousseur devint rapidement secrétaire de la section (S1) de son établissement en 1965 et siégea à la commission administrative départementale de la Fédération de l’Éducation nationale. Se reconnaissant parmi les majoritaires « autonomes », il succéda à Maurice Duny comme secrétaire de la section académique (S3) de Grenoble, à partir du printemps 1967, un an après la création du nouveau SNES (classique, moderne, technique). Il entretint de bons rapports avec les militants de la liste « Unité et Action », conduite par son collègue philosophe, Jean-Jacques Kirkyacharian qui participait déjà à la direction du S3 comme secrétaire de la commission pédagogique et de la carte scolaire dans un exécutif sans tendance. Kirkyacharian ne souhaita pas contester à Pousseur le secrétariat général, comme l’y invitaient certains de ses camarades, et accepta de n’être que secrétaire adjoint dans une équipe où deux autres adjoints étaient « Unité et Action » (Pierre Masseboeuf pour l’ex-SNET et Paul Montillet pour l’ex-SNES), tandis que le trésorier était « autonome ». La cogestion « unitaire sans tendance » fut, selon Kirkyacharian, « loyale, féconde et chaleureuse », notamment en mai-juin 1968, en plein accord avec la section départementale de la FEN dirigée alors par Clément Bon.
Durant le mandat suivant, de 1969 à 1971, Jean-Marie Pousseur resta co-secrétaire académique avec Kirkyacharian, tout en figurant sur la liste UID (Unité, indépendance et démocratie) aux élections à la CA nationale du SNES. En 1969, il fut l’organisateur d’une grève des conseillers d’orientation dans l’académie de Grenoble ; celle-ci avait été pressentie pour la mise en place d’une réforme de l’orientation revenant à en supprimer le service pour la confier aux professeurs principaux des collèges. Au cours de cette grève, lors d’une réunion au rectorat, Pousseur argumenta contre le projet devant l’envoyé du ministre Alain Peyrefitte sous le regard approbateur du recteur Niveau. Le projet fut abandonné et cette victoire syndicale fêtée.
En 1971, le S3 devint à direction unique « Unité et Action ». Jean-Marie Pousseur qui, en plus de son service au lycée, était chargé de cours à la Faculté de Grenoble depuis 1969, avait décidé d’enseigner à temps plein dans l’enseignement supérieur. Sur la recommandation de Michel Malherbe, connu à Grenoble en 1969 comme enseignant sortant de l’ENS et nommé à l’Université de Nantes en 1970, il accepta de rejoindre cette nouvelle université, sachant sa carrière bloquée à Grenoble par le corps professoral de philosophie qui le soupçonnait, à cause de son engagement syndical aux côtés de militants communistes, d’être un « sous-marin » du PCF. En arrivant à Nantes comme assistant, il hérita du cours de métaphysique de licence, dont aucun enseignant de la section de philosophie ne voulait se charger. Il garda ce cours – entre autres – jusqu’à la fin de sa carrière qu’il termina au grade de maître de conférences en 1996. Ses travaux portèrent sur Spinoza et, de manière plus importante, sur Francis Bacon, dont il traduisit le Novum Organum avec Michel Malherbe.
En 1968, Jean-Marie Pousseur était électeur communiste mais sans affiliation politique. Après le congrès d’Epinay, il adhéra au nouveau Parti socialiste à Nantes dans le courant du CERES (Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste) de Jean-Pierre Chevènement. Il créa un GSU (Groupe socialiste universitaire) à la faculté des lettres, qui recueillit près de 500 signatures (en y associant les agents techniques) en faveur de la candidature de François Mitterrand en 1974. Parallèlement, il fut secrétaire du Syndicat national de l’enseignement supérieur de la section lettres, de 1971 à 1975. Il fut ensuite secrétaire d’une section socialiste de Nantes, puis secrétaire fédéral chargé de diverses fonctions (éducation, entreprises, communication, sections) à partir de 1976.
Jean-Marie Pousseur siégea, de 1986 à 1992, au Conseil régional dans l’opposition à son président, Olivier Guichard. En 1989, il fut élu dans l’équipe municipale de Jean-Marc Ayrault, où il exerça la responsabilité d’adjoint en charge de l’éducation durant deux mandats (1989-2001). À sa fondation en 1993, il rejoignit le Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement. Il offrit alors sa démission à Jean-Marc Ayrault qui la refusa, lui garda sa confiance et le prit comme adjoint à l’urbanisme en 2001. Dans le cadre de sa responsabilité d’adjoint à l’éducation, il créa en 1995 à Aubervilliers, avec l’AFL (Association française pour la lecture), l’Association des Villes-Lecture, dont Nantes exerça la présidence et qui fut dissoute en 2001.
En 2004, suite à l’auto-dissolution du MDC et au refus du Mouvement républicain citoyen de s’allier aux socialistes pour les élections régionales, Jean-Marie Pousseur réintégra le Parti socialiste. À l’issue de son mandat d’adjoint à l’urbanisme, en 2008, il fut proposé comme personnalité qualifiée par le maire de Nantes comme administrateur à l’office public « Nantes-Habitat » où il occupa les fonctions de vice-président et président de la commission d’attribution. En 2013, il fut élu par ses collègues président de l’Association des anciens conseillers municipaux de Nantes.
Par Dalançon Alain
ŒUVRE : édition des Actes du colloque « Francis Bacon : Science et Méthode », Vrin, 1985 ; en collaboration avec Michel Malherbe, Bacon : novum organum, Introduction, traduction et notes, PUF, 1986 ; Bacon, Inventer la Science, Paris, Belin, 1988 ; nombreux articles.
SOURCES : Arch. IRHSES. — Divers sites internet. — Renseignements fournis par l’intéressé.