CORMON Édouard, Ernest, dit Jacques, dit Jacques Péraud [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Envoyé de Paris, secrétaire des Jeunesses communistes à Alger en 1927 puis secrétaire de la Région communiste d’Algérie avec Si-Ahmed Belarbi* (Boualem) en 1930 ; exclu du PCF en 1931 ; puis colon.

Né le 6 décembre 1903 à Paris, titulaire de la 1re partie du baccalauréat, employé de banque, Édouard Cormon apparaît comme militant communiste en créant en 1921 le groupe des Jeunesses communistes d’Antony au sud de Paris ; il est une première fois arrêté. Il suit une formation d’école du Parti communiste. Blessé dans une manifestation, à nouveau arrêté, il est licencié de son emploi dans une agence de la Société Générale. Il effectue son service militaire de 1923 à 1925. En 1926, il est pris en charge par le parti communiste qui lui confie des missions à l’étranger, en particulier de contacts en Suisse. Il est envoyé plusieurs fois en Afrique du Nord et finalement à la fin de 1926 à Alger où il est fait secrétaire des Jeunesses communistes.

À Alger, il vit avec Emma Voller née le 1er mars 1908 à Alger, dont il a un enfant. Pour reconstituer le mouvement communiste après la répression de la campagne contre la guerre du Rif et de Syrie, il s’appuie sur le jeune syndicaliste et activiste Si Ahmed Belarbi* dit Boualem dont il fait en 1930 le premier algérien secrétaire de la Région communiste ; il inaugure ainsi la pratique du double secrétariat avec un français et un algérien, car il partage la fonction en parfaite entente semble-t-il au témoignage de Boualem. En tout cas, tous deux s’emploient à traverser la crise du parti, à relancer le journal La Lutte sociale et l’action de la CGTU. En 1928-1929, Édouard Cormon est gérant de La Lutte sociale où il écrit sous le pseudonyme de Jacques.

Rappelé à Paris au siège du parti communiste, il est d’abord chargé de la rubrique « Marins et soldats » à L’Humanité et de la rubrique « Colonies » ; il assure la liaison entre la Commission coloniale, le secrétariat du parti et le journal. Le Comité central le charge de présenter la résolution sur les questions coloniales au congrès de Saint-Denis en avril 1929. Il est désigné en septembre 1929 comme administrateur de L’Humanité. Le parti utilise ses compétences bancaires pour mettre de l’ordre dans ses comptes et ses finances qui sont sous le coup d’un scandale de presse. Un rapport de police lui promet un grand avenir : « ses méthodes brutales mais toujours adaptées aux nécessités du jour, laissent présager son ascension à des postes élevés dans l’appareil dirigeant du PC ». Il présente au reste le rapport sur les difficultés financières du journal à la Conférence nationale du PC de mars 1930. Il entre bientôt en conflit avec la direction communiste qui le chasse de L’Humanité. Il est exclu du PC en février 1931 pour « malversations financières ».

Il revient alors en Algérie auprès de sa compagne et de son beau-frère, Garaud* qui avait été aussi membre du secrétariat de la Région communiste et en 1934 quitte le PC pour passer au Parti populaire français de J. Doriot. Pour l’heure, Édouard Cormon s’installe colon à Staouéli, près d’Alger. Par la suite il poursuit une trajectoire coloniale ; en 1982, il vivait en République Centre africaine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153607, notice CORMON Édouard, Ernest, dit Jacques, dit Jacques Péraud [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 19 février 2014, dernière modification le 19 février 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Nat., Paris F7 13 660. -Arch. Préfecture de police de Paris, Ba 1715-1717. — Arch. Nat. Outre-mer, Aix-en-Provence, 9H42. — La Lutte Sociale et L’Humanité, 1927-1931. — Interview de N. Zannettacci par J.-L.Planche, 1976-1977. — Notes d’Omar Carlier à partir des entretiens avec Si Ahmed Belarbi dans les années 1980 à Alger. — Entretien enregistré de Si-Belarbi-Boualem par A.Taleb-Bendiab, Alger, avril 1991. — Notice par J. Maitron et C. Pennetier dans DBMOF, op.cit., t. 23.

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