Par René Gallissot
Né le 29 juillet 1912 à Alger, ouvrier imprimeur et docker à plusieurs reprises ; syndicaliste CGTU en 1927 ; adhérent au PCA en 1936 ; membre du secrétariat du PCA depuis 1948 et de la délégation extérieure après 1955.
Né à la Casbah d’Alger dans une famille paupérisée, orphelin de père à six ans, Rachid Dalibey grandit dans le quartier voisin de Bab-el-Oued qu’il n’a jamais quitté, sauf pour partir en missions pour le PCA. Dès l’âge de douze ans, il travaille chez un ébéniste, puis dans une usine de tabacs. Sa mère réussit à le faire entrer dans une autre fabrique de tabacs, celle du notable moderniste Abdelkader Ben Turqui, non plus pour travailler à la fabrication, mais à l’imprimerie de l’établissement. Rachid Dalibey peut se perfectionner en français et être capable de tenir la place de typographe.
En 1927, il entre à l’imprimerie Bacconnier qui fait de l’édition et adhère à la CGTU ; il prend part à sa première grève en 1928 ; il est licencié. Il trouve un emploi à l’imprimerie Typo-Litho ; il est à nouveau licencié après une grève. Aussi il devient assez longuement docker avant de retrouver un emploi à l’imprimerie Villeneuve jusqu’à son arrestation en 1939.
Il a participé aux manifestations de 1934 et aux luttes antifascistes ; déjà militant du syndicat CGT du livre, il entre en 1936 au PCA qui naît alors de la transformation de la Région communiste. C’est à Bab-el-Oued, quartier à dominante d’immigration, cette « Petite Espagne » parcourue de cortèges derrière le drapeau espagnol, qu’il prend une part active au soutien des volontaires qui partent combattre avec les Brigades internationales ou directement dans l’armée républicaine s’ils sont espagnols. C’est aussi sur le port d’Alger où il travaille alors, qu’il assiste les convois et des chargements d’armes. Il se trouve ainsi en contact avec les communistes espagnols dont Ramon Via* avec lequel, redevenu ouvrier imprimeur, il fournit tracts et journaux. L’activité devient clandestine et Rachid Dali-Bey est parmi les premiers arrêtés après l’interdiction du PCA, à la fin de 1939 ; il est envoyé au camp de Djenien-Bou-Rezg dans le sud.
Après 1945, il devient un permanent de la CGT et pratiquement du PCA ; son action syndicale concerne les dockers ; en 1947, il est ainsi sur le port de Bône (Annaba) ; il prend part aux refus de chargement pour la guerre d’Indochine. Le PCA lui fait suivre aussi les campagnes pour l’amnistie des emprisonnés qui rachètent les positions prises en mai 1945 dénonçant « le complot » des nationalistes.
Rachid Dalibey, certes fidèle parmi les fidèles, semble avoir été sensible au redressement de la ligne communiste en 1946 qui reprend l’idée de front. Le PCA le présente aux élections, notamment aux élections cantonales de 1945 et 1949. Depuis 1948, il est membre du Secrétariat du parti. Dans les documents des archives communistes de Moscou, il est classé au 6e rang du BP du PCA.
On ne sait avec précision ses positions en 1955 et 1956 sur la lutte armée, mais le PCA l’envoie dans sa délégation extérieure représenter le parti en toute confiance. Après l’indépendance, de retour à Bab-el-Oued, il reprend place au PCA, interdit mais toléré, qui devient le PAGS. Mais depuis 1962, il ne figure plus au BP, ni Paul Caballéro, ni André Moine. En 1986, pour ses cinquante ans de parti, il disait à Abderrahim Taleb-Bendiab qui enregistrait son témoignage, sa totale adhésion « à la ligne marxiste-léniniste ».
Par René Gallissot
SOURCES : Arch. Outre-mer, Aix-en-Provence, 11H58 et F175. –Arch. RGASPI, Moscou, 495 189 44, bio en russe, 12 septembre 1957. — Interview d’A. Ouzegane par Jean-Louis Planche, Alger 1977. — Enregistrement par Abderrahim Taleb-Bendiab, Alger 1986. — N. Benallègue-Chaouia, Algérie. Mouvement ouvrier et question nationale. 1919-1954. OPU, Alger 2004.