DAYAN Georges [Dictionnaire Algérie]

Né le 6 mars 1915 à Oran, mort à Paris, le 28 mai 1979 ; avocat à Oran jusqu’en 1947 puis à Paris ; militant successivement à l’UDSR, à la Convention des Institutions Républicaines (CIR), au Parti socialiste dans le Gard puis dans la Seine ; secrétaire adjoint de l’UDSR (1952-1962) ; partisan d’une solution évolutive vers l’indépendance pour mettre fin à la guerre d’Algérie à la différence de ses amis Albert Camus et André Benichou attachés à l’Algérie française ; secrétaire du comité directeur du Parti socialiste ; maire de Caveirac (1971-1977) ; conseiller municipal de Paris (1979) ; cnseiller régional ; député FGDS du Gard (1967-1968) ; sénateur (1977-1979) ; Conseiller d’État, chevalier de la Légion d’honneur.

Issu d’une famille juive d’Oran, fils du directeur de l’agence de la Compagnie des messageries nationales à Oran – sa mère étant sans profession –, Georges Dayan, suit les études du lycée d’Oran, puis à la Faculté de droit de Paris. Licencié en droit, titulaire d’un certificat de doctorat et diplômé de l’École des Sciences politiques, il s’inscrit au barreau d’Oran en 1940 ; il exercera comme avocat à Oran jusqu’en 1947.

Mobilisé en 1939-1940, il est revenu ensuite à Oran. Replié également à Oran dans sa belle-famille, Albert Camus* se trouve fréquenter le milieu cultivé des Juifs d’Oran ; il est en particulier lié d’amitié avec André Benichou d’une famille de bonne bourgeoisie liée aux Dayan. Professeur au lycée, André Benichou est renvoyé en application des lois raciales de Vichy. Il organise un cours privé pour les enfants juifs où Albert Camus enseigne le français en 1941. Les relations resteront très suivies avec les Benichou (André et Mado) et par eux, avec Albert Camus, plus encore après le mariage de Georges Dayan en avril 1943 avec Irène Djian, venant d’une autre famille juive oranaise, née le 30 août 1916, avocate à la cour d’appel de Paris, de longue date correspondante familière d’Albert Camus.

Après le débarquement allié de novembre 1942 en Afrique du Nord, Georges Dayan est à nouveau mobilisé dans l’armée française d’Afrique du Nord, restant affecté en Algérie jusqu’en 1945. Président de l’Union des jeunes avocats, il quitte son cabinet d’Oran en 1947 pour s’inscrire au barreau de Paris ; il exerce à la Cour d’Appel. Il entre à ce moment dans le cabinet ministériel de François Mitterrand. Il aurait fait la connaissance de François Mitterrand en 1938, au hasard d’une affectation militaire au 23e Régiment d’infanterie coloniale.

Leur amitié et leur complémentarité politique, devaient durer quarante ans et la carrière de Georges Dayan se confond avec celle du futur président de la République. Il est chef de cabinet de François Mitterrand dans tous les postes ministériels que ce dernier occupe durant la IVe République (ministère des Anciens combattants en 1947, secrétaire d’État à la présidence du Conseil en 1948, ministre de la France d’Outre-mer en 1950, ministre d’État en 1952, ministre délégué au Conseil de l’Europe en 1953, ministre de l’Intérieur en 1954), puis conseiller technique lorsque celui-ci est ministre de la Justice du gouvement de Front Républicain en 1956-1957. Il est l’un des très rares fidèles à tutoyer François Mitterrand, lui tenant tête parfois même, disait-on plus tard dans les rangs socialistes. Nommé maître de requêtes au Conseil d’État en 1956, au tour extérieur, il est affecté à la section du contentieux et y demeure vingt années.

Pendant la guerre d’indépendance algérienne, Georges Dayan se trouve ainsi solidaire des appuis que F.Mitterand donne à l’action de défense armée de l’Algérie française, puis de l’opposition à De Gaulle après mai 1958, tout en évoluant alors vers une sortie de guerre par une indépendance négociée. Ses positions propres, ou celles de sa femme Irène, sont connues par la correspondance de cette dernière avec Albert Camus. Installé lui aussi à Paris, André Benichou a ouvert un cours privé ; les Benichou sont logés dans un appartement mis à disposition par Irène et Georges Dayan ; les rencontres sont fréquentes. Pour soutenir les demandes de grâce de condamnés politiques, y compris algériens, Albert Camus hostile à la peine de mort, s’adresse à Georges et Irène Dayan. Cependant on a écho de leurs divergences sur l’indépendance ; Albert Camus et André Bénichou redoutent la perte de l’Algérie française ; ils envisagent même dans ce cas de s’expatrier ; André Benichou va jusqu’à traiter les Dayan, de « bradeurs de l’Algérie ».

Georges Dayan prend une place essentielle dans la mise en place des réseaux mitterrandistes, sans jamais se mettre au premier plan. Secrétaire adjoint de l’UDSR de 1952 à 1962, il s’adonne au parachutage électoral ; en 1952, il est candidat au Sénat au Niger, puis candidat aux élections législatives de 1956 en Saône-et-Loire (sa liste recueillit 4 681 voix, soit 2,5 % des exprimés). Il se consacre à la formation de la Convention des institutions républicaines (CIR) en 1965 qui est une composante de la FGDS, parti de François Mitterand ; membre du groupe permanent de la CIR en octobre 1968, il est nommé vice-président en 1970-1971.

Il est l’un des dix-huit représentants de la CIR à la commission exécutive de la FGDS, en étant membre de la commission exécutive de la FGDS du département du Gard. Avec d’autres jeunes mitterrandistes, il s’efforce en effet de s’implanter dans ce département où la tradition socialiste est forte mais supportant une vive rivalité antre SFIO et PSU et où les réfugiés d’Afrique du Nord sont nombreux. En mars 1967, dans la 1re circonscription de Nîmes, il est élu député bénéficiant du désistement des communistes arrivés en tête au premier tour. Vice-président du groupe parlementaire de la FGDS, il appartient à la commission de la production et des échanges, avant de siéger à la commission de la Constitution et des lois. Mais, après les événements de 1968 et la dissolution de l’Assemblée, il perd son siège.

Après le congrès d’Épinay en 1971, qui crée le PS, Georges Dayan occupe une place centrale mais toujours discrète dans l’appareil socialiste. Il est représentant personnel du premier secrétaire et secrétaire du comité directeur (CD) du Parti socialiste (tendance Mermaz-Pontillon), puis de nouveau délégué général du PS, chargé des liaisons avec le CD après le congrès de 1973, jusqu’en 1979. En 1974, il dirige la campagne électorale de François Mitterrand, candidat à la présidence de la République. Il était encore vice-président du présidium du comité directeur du PS en 1979.

Membre du secrétariat fédéral du PS du Gard depuis août 1971, bien que maire de Caveirac (Gard) de 1971 à 1977, battu aux élections législatives, Georges Dayan vient se présenter aux élections à Paris dans la circonscription des Halles–Le Marais. Elu conseiller municipal le 20 mars 1977, avec des colistiers comme le communiste Claude Quin, le gaulliste de gauche Pierre Dabezies, et Jack Lang alors « sans parti ». Président du groupe socialiste au conseil municipal de Paris, il est administrateur de la société d’équipement et d’aménagement des Halles. Élu également sénateur de Paris le 25 septembre 1977, il participe à la commission des lois ; il devient aussi conseiller régional d’Île-de-France.

Victime déjà d’une rupture d’anévrisme en 1978, Georges Dayan décède d’une crise cardiaque en 1979. Sa famille reste en relation avec François Mitterrand, et sa fille Paule sera conseillère technique à l’Élysée après 1981.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153641, notice DAYAN Georges [Dictionnaire Algérie], version mise en ligne le 19 février 2014, dernière modification le 9 décembre 2020.

SOURCES : Arch. Nat. de France, Paris, F1cII 249. — Arch. Assemblée nationale, Paris, dossier personnel. — Arch. OURS, dossiers Gard. – O.Todd, Albert Camus, une vie. Gallimard, Paris, 1996. — Le Monde, 30 mai 1979. — Bulletin de l’association des membres et anciens membres du Conseil d’État, janvier 1980. –Notice par Gilles Morin dans DBMOMS, t.3, 2007, reprise largement et complétée ici pour l’Algérie.

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