DALSTEIN Paul [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche

Né le 29 juin 1886 à Paris ; monteur électricien ; anarchiste et syndicaliste.

Impliqué dans la 2e affaire du Sou du soldat (voir Jean-Louis Thuillier), Paul Dalstein comparut les 25 et 26 novembre 1912 devant la cour d’assises de la Seine. Le premier jour, il lut une déclaration collective au nom de ses 18 co-inculpés, disant notamment : « Ce procès vient juste à point : il était nécessaire, à l’heure où la situation internationale peut faire craindre toutes les éventualités. Le prolétariat ne veut pas la guerre ; il veut détruire le militarisme. » Dalstein fut condamné à trois mois de prison et à 100 francs d’amende.

Le 12 juin 1913, il fut élu secrétaire du syndicat des monteurs électriciens de la Seine. Il habitait alors à Paris, 70, avenue de Saint-Ouen, à Paris 18e.

Le 1er juillet, il fut arrêté par la police, avec 21 autres militants, dans le cadre de la 3e affaire du Sou du soldat. Avec lui furent arrêtés : Georges Yvetot, secrétaire de la section des bourses de la CGT ; Charles Marck, trésorier confédéral ; Etcheverry, ex-secrétaire de l’union des charpentiers de la Seine ; Montarou, secrétaire du syndicat des travailleurs des omnibus de la Seine ; Guillemin, ex-trésorier du syndicat des terrassiers de la Seine ; Morin, trésorier du syndicat des terrassiers de la Seine ; Guillaume Le Dû*, ex-secrétaire du syndicat des terrassiers de la Seine ; Émile Hubert*, secrétaire du syndicat des terrassiers de la Seine ; Viau, secrétaire de la chambre syndicale de la maçonnerie-pierre ; Gautier, secrétaire de la chambre syndicale des charpentiers en bois ; Clovis Andrieu, secrétaire de la chambre syndicale des charpentiers en fer ; Vincent, secrétaire du syndicat des terrassiers de Seine-et-Oise ; Hervier, secrétaire de la bourse du travail de Bourges ; Varnat, secrétaire des dockers de Nantes ; Lebon, trésorier des dockers de Nantes ; Tesson, secrétaire des métallurgistes de Valenciennes ; Batas, secrétaire de la bourse du travail de Saint-Malo ; Giron, secrétaire-trésorier du syndicat du bâtiment de Rouen ; Jean Marie, du syndicat des mineurs d’Épinac (Saône-et-Loire) ; Eugène Jacquemin* et Jean Labbat*, de la Fédération communiste anarchiste.

Inculpés au titre de la loi de 1894 sur les « menées anarchistes », les militants devaient comparaître non devant les assises, mais devant la 9e chambre du tribunal correctionnel. La défense souleva l’incompétence du tribunal, et la question arriva devant les juges les 19 et 20 novembre 1913, alors que la foule ouvrière manifestait aux abords du palais de justice.

Entre-temps, certaines poursuites avaient été abandonnées, certains dossiers (Jacquemin et Labbat) avaient été dissociés et d’autres ajoutés. Si bien que sur les 22 militants arrêtés en juillet, 18 comparurent : Yvetot ; Marck ; Hubert ; Morin ; Andrieu ; Gauthier ; Etcheverry ; Montarou ; Louis Marchand, trésorier du syndicat du bâtiment de la Seine ; Vincent ; Tesson ; Thomas, secrétaire des dockers de Nantes ; Réaud, des dockers de Nantes ; Batas, Giron, Jean Marie et Viau.

Le 27 novembre, le tribunal correctionnel se déclara compétent pour juger l’affaire. Les militants firent appel. Le 26 décembre, la cour d’appel confirma la compétence du tribunal correctionnel, mais accepta la mise en liberté provisoire de l’ensemble des prévenus.

Le 26 mars 1914, enfin, la 9e chambre du tribunal correctionnel de la Seine prononça la condamnation, par défaut, des inculpés. Marck et Réaud furent acquittés ; Yvetot fut condamné à un an de prison et à 100 francs d’amende ; Tesson, Montarou, Morin, Hubert, Dalstein, Viau, Gauthier, Thomas, Marchand, Vincent, Andrieu et Giron récoltèrent huit mois de prison et 100 francs d’amende. Les condamnés firent opposition, mais il semble que la déclaration de guerre empêcha la procédure d’aller à son terme.

Mobilisé en 1914 au 2e régiment de chasseurs à cheval, Paul Dalstein fut affecté spécial aux usines de guerre à Bourges (Cher). En 1916, il était adhérent du groupe des Amis de Ce qu’il faut dire, journal pacifiste de Sébastien Faure*. Il participa, en 1917 à la constitution du syndicat de la métallurgie de Bourges, et fut son secrétaire adjoint.

Paul Dalstein participa au mouvement de grève à forte tonalité pacifiste de mai 1918 et fut délégué au congrès des syndicats minoritaires à Saint-Étienne, les 18 et 19 mai. Suite à cela, la sanction ne tarda pas à tomber : il fut réaffecté à l’armée active.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153649, notice DALSTEIN Paul [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 29 mars 2014, dernière modification le 14 novembre 2022.

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche

SOURCES : Arch. Nat. F7/13 053, F7/13 358 et F7/13 600 — Arch. Dép. Cher 25 M 47 et 48 — Le Matin du 2 juillet 1913 — L’Humanité du 27 mars 1914 et du 20 mai 1918 — André Gosnat, « L’union départementale du Cher, de l’armistice à 1925 », mémoire de maîtrise, 1970.

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