GRIMBERT Victor, Émile [Dictionnaire des anarchistes]

Par George Clause révisé par Rolf Dupuy et Dominique Petit

Né à Reims (Marne) le 30 novembre 1869, mort le 2 mars 1929 ; scieur de long puis chiffonnier ; anarchiste communiste de Reims ; rédacteur de La Cravache.

Fiché par la police comme anarchiste depuis 1894, Victor Grimbert fut l’un des plus actifs militants anarchistes rémois. Dès le 6 octobre 1889, il avait été surpris en train de distribuer aux abords des sections de vote de la rue Anquetil des placards du Père Peinard et autres brochures anarchistes. Lors de son service militaire, il fut signalé comme manquant à l’appel du 30 décembre 1891 par le capitaine major du 25ème Bataillon de chasseurs à pied à Saint-Michel (Aisne). A son retour des Bataillons d’Afrique en novembre 1893, il travailla environ deux mois au Dépôt des machines du chemin de fer de l’Est avant d’aller à Saint-Quentin où résidait son frère, puis revint à Reims où il logeait en garni 50 rue Saint Thierry.

Suite à une lettre anonyme le dénonçant comme étant « le chef des cambrioleurs anarchistes », son domicile fut perquisitionné en 1895 par la police qui y trouva « un poignard, le n°253 du Père Peinard, la brochure Ravachol anarchiste, la déclaration de ce dernier aux assises » ainsi qu’un « petit paquet renfermant une matière noirâtre » qui se révèlera être un mélange de glucose et de sable ! A la même époque il était abonné au Libertaire.

En 1901 il créa le syndicat des hommes de peine qui début 1904 comptait 67 membres, en 1911, 27 seulement. Puis, à partir de 1906, il fut l’un des principaux rédacteurs avec Charles Dhooghe* et Jean Bourguer* du journal libertaire La Cravache (Reims, 115 numéros du 15 décembre 1906 au 29 novembre 1913) où ses articles, souvent signés Victor Courlesrues, étaient consacrés à la solidarité. Dans son costume de velours, un large foulard rouge autour du cou, parcourant la ville avec une charrette tirée par un âne, qu’il appelait Victor, le chiffonnier-brocanteur Victor Grimbert était une figure bien connue à Reims.

Au printemps 1908 il avait récupéré les vieux drapeaux tricolores de la sous-préfecture et mis l’un d’eux sur un tas de fumier devant sa maison. Après avoir affronté la troupe venue le retirer, il fut poursuivi pour « outrages et insultes à un commandant des forces armées ». Acquitté, il fut condamné en appel le 30 mai 1909 à deux mois de prison tandis que sa belle-sœur écopait d’un mois. Il fit appel mais fut emprisonné début 1910 et effectua sa peine. Ce n’est que quatre jours avant sa libération qu’il obtint le régime politique.

À la déclaration de guerre, il fut interné au camp d’Aurec (Haute-Loire) dont il s’évada en plein hiver en traversant la Loire à la nage ; il fut alors recueilli et hébergé par Charles Dhooghe.

Après la guerre, V. Grimbert revint à Reims. Il parut attiré par le mouvement communiste et en octobre 1921, la police l’estimait rallié au Parti. Membre du bureau de la section de Reims de la SFIC, il continuait à se proclamer « communiste libertaire », se disait antiparlementaire et se déclarait opposé à toute dictature même celle du prolétariat. Critiqué par les anarchistes parisiens qui lui reprochaient son pragmatisme et par les communistes condamnant ses positions individualistes, il participa par la suite à des réunions du groupe anarchiste Terre et Liberté. En 1925 son fils, militant des syndicats autonomes, s’opposait à la CGTU.

Victor Grimbert est mort à Reims le 2 mars 1929.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153651, notice GRIMBERT Victor, Émile [Dictionnaire des anarchistes] par George Clause révisé par Rolf Dupuy et Dominique Petit, version mise en ligne le 25 mars 2014, dernière modification le 12 janvier 2019.

Par George Clause révisé par Rolf Dupuy et Dominique Petit

SOURCES : Arch. Dép. Marne 30 M 68 à 30 M 85. — Arch. Dép. Marne 8 U 388 — D. Serres, ;Un journal anarcho-syndicaliste à Reims, La Cravache (1906-1913) », mémoire de maîtrise, Reims, 1975 — Voix Libertaire, 9 mars 1929 — R. Bianco, « Un siècle de presse anarchiste d’expression française 1880-1983 », Aix-Marseille I, 1987.

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