MAILFAIT Hubert, Paulin [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Dominique Petit

Né le 27 février 1867 à Charleville (Ardennes), mort le 30 août 1927 à Etion (Ardennes) ; forgeron puis ferronnier ; militant anarchiste des Ardennes.

Hubert Mailfait commença à travailler dans une verrerie à l’âge de 8 ans.
De la classe 1887, il tira au sort à Charleville et fut dispensé de service militaire, ayant eu un frère mort au service.
Le 4 décembre 1887, il épousait Marie, Joséphine Mailfait,
En 1889, il adhéra au cercle socialiste L’étincelle de Charleville. Le 6 octobre 1890, accompagné de son frère cadet Paul et d’Édmond Midoux, ils agressèrent un client dans un café, brisèrent des verres et la devanture de l’établissement ce qui valut à chacun 6 jours de prison.
Le 9 août 1891, il fut radié de L’Étincelle pour non-paiement des cotisations et rejoignit le groupe anarchiste Les Sans-patrie créé à Charleville le 18 octobre 1891.
Le dimanche 13 mars, la sœur de Moray recevait une lettre de son amoureux, Loriette, soldat à Reims, qui lui disait que ses lettres avaient été envoyées au colonel du 132e régiment de ligne qui allait le faire passer au conseil de guerre. Mailfait allait peu après chez elle en compagnie de Tisseron et de Moray. Ils décidaient alors de faire déserter Loriette qui irait la rejoindre en Belgique. Pour ne pas éveiller les soupçons, Mailfait proposai d’aller lui-même chercher Loriette à Reims où se trouvait son régiment. De cette façon Moray ne devait pas quitter son atelier et personne ne devait rien soupçonner.
Le 14 mars, Hubert Mailfait partit à Reims avec deux lettres, une pour Leroux, un compagnon de Reims qui acceptait de participer à la désertion, l’autre pour Loriette, écrite par Moray.
Maifait rencontra Loriette à la sortie de la caserne et le conduisit dans un café. Mailfait l’engagea à déserter pour suivre la famille Moray en Belgique. Il lui remit la lettre, lorsqu’il le vit décidé, il lui demanda quel jour il espérait filer. Loriette lui répondit que le mercredi il n’allait pas à l’exercice et qu’il lui serait facile de partir. Mailfait lui promettait alors des vêtements civils, par l’intermédiaire de Leroux. Mailfait prit le train le soir même et revenait à Charleville.
Le mercredi 16 mars à 7 heures, Leroux se présenta à la caserne, conduisit Loriette à son domicile. Il lui remit des vêtements civils et arracha les insignes militaires de son uniforme. Il donna 7 francs à Loriette.
Le 17 mars 1892, Loriette se constitua prisonnier à la gendarmerie de Charleville sur les conseils de son beau-frère.
Il vit Moray qui lui annonça que son voyage était ébruité et que l’on savait qu’il était allé à Reims.
Maifait partit en Belgique avec Moray, ils s’installèrent à Liège. Arrêté par la police belge à Sprimont, à la suite des attentats de Liège, qui le prenait pour Gustave Mathieu, il fut extradé. Jugé par le tribunal correctionnel de Charleville le 22 juin 1892, il fut condamné à 8 mois de prison. Il purgea sa peine à Rethel. Le 26 février 1893, à l’occasion de sa sortie de prison, une soirée familiale fut organisée par le groupe anarchiste de Charleville.
En décembre 1893, Hubert Mailfait figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes des Ardennes. Le 17 décembre 1893, le procureur général de Nancy le considérait comme très dangereux.
Le 19 février 1894, la police opéra une perquisition chez lui mais n’y découvrit qu’un exemplaire du journal La Révolte. Le 30 septembre 1896, il demeurait 63 Porte de Flandres à Mézières.
En 1900, il habitait à Warcq (Ardennes).
Le 18 juillet 1902, son adresse était 74 route Nationale à Charleville.
Une annonce parue dans Le Socialiste ardennais du 21 octobre 1906 laisse entendre qu’il était devenu artisan à son compte.
En juin 1908, il reçut chez lui, avenue Nationale, Paret, un anarchiste, et mit un étau à sa disposition. Peu après Paret s’empara de 10.000 F, avec un complice, dans la demeure d’un dentiste de Charleville.
En juillet 1912, Hubert Mailfait participa à la création du groupe communiste-anarchiste de Charleville qui adhéra à la FCAR et dont le secrétaire fut Emile Legras.
Appelé lors de la 1ère guerre mondiale, il fut incorporé le 3 août 1914. Il était renvoyé dans ses foyers le 24 février 1915, et il partit s’établir 18 boulevard de la Briche à Epinay sur Seine (Seine-Saint-Denis). Le 1er janvier 1916, il était 40 rue du Pont d’Ivry à Alfortville (Val-de-Marne).
Il fut libéré définitivement de l’armée, le 30 novembre 1918, avec une invalidité de 65% (maladie de Parkinson)
En 1923, il figurait toujours sur la liste des anarchistes du département et était père de deux enfants. Autrefois qualifié de "très dangereux", la police notait alors qu’il ne manifestait plus d’opinion politique, en ajoutant toutefois, que c’était douteux.
Paulin Mailfait est mort le 30 août 1927 à Etion.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153656, notice MAILFAIT Hubert, Paulin [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Dominique Petit, version mise en ligne le 23 mars 2014, dernière modification le 26 mars 2021.

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy et Dominique Petit

SOURCES :
Le Père Peinard, 10 avril, 3 juillet 1892, 19 février 1893 — Archives Nationales F7 12508, BB18 6448, 6449, 6453 — Archives Départementales des Ardennes 1M143, Etat-civil, Le Petit Ardennais 23 juin 1892. Registre matricule 1 R 072, n°84 — Notice Paulin Mailfait du Dictionnaire des militants anarchistes.

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