MARPAUX Edmond, Aubin [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Marianne Enckell

Né à Fraisans (Jura) le 17 octobre 1866 ; mort au bagne de la Guyane le 21 ou 22 octobre 1894 ; estampeur sur métaux ; anarchiste.

Un rapport de police présente Marpaux comme un « hâbleur », mais ajoute : « On le dit toutefois sobre et bon travailleur. »

Marpaux assistait aux réunions anarchistes organisées dans les Ve et XIIIe arr. de Paris ainsi qu’à Montmartre. Il faisait partie de la Ligue des antipropriétaires : "les maisons sont construites par les travailleurs. Par conséquent elles leur appartiennent, et il est juste qu’ils fassent dedans ce qui leur plait". Il aurait été exclu de la société de secours mutuels des ouvriers estampeurs pour avoir détourné 150 F. Il volait des bicyclettes "pour débarrasser les magasins de leur trop-plein et donner du travail aux ouvriers".

Le 18 août 1893, il fut arrêté pour avoir crié : « Vive l’anarchie ! » devant un gardien de la paix qui arrachait des affiches ayant pour titre Le Père Peinard au Populo qu’il avait apposées le matin même près de la mairie du IIIe arr. Il fut relâché.

En septembre, il assista à une réunion dont le but était de reconstituer la Ligue des antipatriotes fondée en 1886 et animée par des anarchistes tels Tortelier*, Tennevin*, Jahn*, etc.

Le 29 novembre 1893, ce fut l’affaire du bureau de poste de la rue Étienne-Dolet, XXe arr. Un certain Poulain, garçon de laboratoire de pharmacie, soupçonné d’un vol commis rue de Chaillot le 14 octobre et auquel Marpaux et un nommé Marchand avaient pris part, se faisait adresser, par prudence, son courrier poste restante, bureau de la rue Étienne-Dolet. Ce jour-là, Marpaux, que ses complices accompagnaient, se chargea, devant les hésitations de Poulain, de retirer la correspondance. Deux agents tentèrent de l’arrêter. Au cours de la lutte, le sous-brigadier Colson fut grièvement blessé d’un coup de couteau. Marpaux, arrêté, déclara se nommer Duval ; on trouva sur lui l’adresse d’une blanchisseuse qui était sa sœur et c’est ainsi qu’il fut identifié. Le sous-brigadier Colson devait décéder à l’hôpital.

Les fortes présomptions de meurtre qui pesaient sur Marpaux le conduisirent devant la cour d’assises de la Seine, le 27 février 1894. Il était défendu par Me Demange. Il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. La police le décrivait comme « mal noté, libertin et débauché, vivant en concubinage, anarchiste dangereux, sans moyens d’existence ». Selon Clément Duval, Marpaux et Marchand étaient de « forts gaillards, bons types, décidés à tout pour sortir de cet enfer ». Marpaux était « très expansif, et montra qu’il était courageux ». Il mourut au bagne, le 22 octobre 1894, lors d’une révolte de forçats des îles du Salut (voir Girier) où périrent avec lui des anarchistes connus comme Léauthier*, Meyrueis*, Chevenet*, Simon* dit Biscuit.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153694, notice MARPAUX Edmond, Aubin [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Marianne Enckell, version mise en ligne le 22 mars 2014, dernière modification le 5 février 2020.

Par Jean Maitron, notice complétée par Marianne Enckell

SOURCES : Arch PPo., B a/ 1 173. — État civil de Fraisans. — Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste..., op. cit.Moi, Clément Duval, bagnard et anarchiste, présenté par Marianne Enckell, Editions ouvrières, 1991. — ANOM, matricule 26564 — Mémoires de M. Goron, chef de la Sûreté — notes de Dominique Petit.

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