MÉNARD Ludovic [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche

Né le 9 septembre 1855 à Saumur (Maine-et-Loire) ; mort le 30 janvier 1935 aux Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire) ; ouvrier ardoisier ; allemaniste, puis syndicaliste et anarchiste, puis socialiste.

Issu d’une famille pauvre, Ludovic Ménard fut un brillant élève mais dut quitter l’école à 11 ans pour devenir apprenti fendeur aux ardoisières de Trélazé. A partir de 17 ans, il suivit les cours du soir pour adultes donnés à Angers, et se forgea une culture exceptionnelle pour un ouvrier de cette époque.

Actif dans une corporation dotée d’une tradition révolutionnaire (souvenir de l’insurrection de 1855, notamment), Ludovic Ménard s’intéressa à la question sociale dès 1882. En 1884, suite à la venue à Angers d’Allemane, Ménard fut, avec son camarade André Bahonneau*, l’un des fondateurs de la section angevine de la Fédération des travailleurs socialistes de France (FTSF). Il fut ensuite, sans succès, candidat aux législatives d’octobre 1885 et à une élection cantonale en 1887.

En 1889, la venue à Trélazé de Joseph Tortelier* marqua un tournant dans sa vie. Le succès de l’orateur ouvrier fut immense, et Ménard et Bahonneau furent gagnés à l’anarchisme, qu’ils mêlèrent aussitôt à l’action syndicaliste.

Le 15 novembre 1890, s’appuyant sur la loi de 1884, ils reconstituèrent la Chambre syndicale des ouvriers ardoisiers, que Bahonneau avait fondée en 1880 sans grand succès.

En mars 1891 éclata la première grande grève des ardoisières de Trélazé, dans laquelle Ménard, Bahonneau et Georget jouèrent un rôle déterminant. Plus de 2 000 ouvriers firent grève, dans toutes les catégories, et sur tous les sites. Au bout de six semaines, le travail reprit sans qu’ils aient obtenu satisfaction. La grève constituait néanmoins un gros succès moral pour le syndicat et pour Ménard dont la polémique, dans la presse locale, avec le président de la Commission des ardoisières avait eu un profond retentissement.

Durant l’épisode des attentats anarchistes de 1892-1894, Ménard fut sous la surveillance étroite de la police. Qualifié dans un rapport de « dangereux et prudent meneur, chef incontesté de la secte anarchiste à Trélazé », il réprouvait néanmoins « la propagande par la bombe », et mettait ses camarades en garde contre les provocations policières.

Le syndicat des ardoisiers, cependant, traversait une crise grave, et son noyau anarchiste se trouvait isolé. De plus d’un millier d’adhérents en 1891, il était tombé à une dizaine en 1898. A cette époque, Ludovic Ménard s’engagea dans l’Affaire Dreyfus, faisant venir Sébastien Faure* pour des conférences à Angers et à Trélazé.

Vers 1900, Ménard se consacra à la résurrection du syndicat des ardoisiers, en lui imprimant une ligne directrice qui allait perdurer jusque dans les années 1920 : l’assimilation des ardoisiers au statut des mineurs, pour bénéficier des acquis sociaux de ces derniers. Dès mars 1902, le syndicat de Trélazé était à nouveau bien vivant et demandait son inscription à la bourse du travail d’Angers. En 1904, il comprenait 3 000 adhérents.

Le 21 août 1904, à Trélazé, fut fondée la Fédération nationale des ardoisiers, adhérente à la CGT, et dont Ludovic Ménard fut nommé secrétaire. Il s’employa à y grouper les syndicats des différents centres ardoisiers de Bretagne, de Savoie, des Pyrénées et des Ardennes.

Après l’unité socialiste, réalisée en avril 1905 au congrès de la salle du Globe, Ludovic Ménard adhéra au Parti socialiste unifié. Dès lors, tout en demeurant dans la majorité syndicaliste révolutionnaire de la CGT – il cosigna la « Charte d’Amiens » en octobre 1906 – il s’éloigna de l’anarchisme. Pour la suite de son itinéraire, et une notice plus détaillée, consulter le Maitron-en-ligne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153712, notice MÉNARD Ludovic [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 30 mars 2014, dernière modification le 30 mars 2014.

Par Jean Maitron, notice complétée par Guillaume Davranche

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. Nat. F7/13567 et F7/13607 — François Lebrun, « Ludovic Ménard (1855-1935), enfant de Trélazé, fondateur du syndicalisme ardoisier », L’Actualité de l’Histoire d’octobre-décembre 1959 — M. Poperen, Syndicats et luttes ouvrières au pays d’Anjou, Laval, 1964. — François Lebrun, Ludovic Ménard (1855-1935), fondateur du syndicalisme ardoisier, Imprimerie angevine, mai 1985, 64 p.

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