BIGEL Pierre, Eugène [Dictionnaire des anarchistes]

Par Notice complétée par Rolf Dupuy et Marianne Enckell

Né le 10 février 1872 à Paris, XIXe arr., mort aux îles du Salut (Guyane) le 11 novembre 1895 ; mécanicien en atelier à Revin (Ardennes). Anarchiste.

D’un milieu ouvrier relativement aisé, Eugène Bigel suivit les cours du lycée de Charleville jusqu’à l’âge de douze ans et c’est sans doute son tempérament exalté qui lui fit quitter de bonne heure le lycée. Une de ses sœurs fréquenta l’École normale de Charleville.

Bigel travailla d’abord comme apprenti ajusteur à l’usine Dupont et Fould d’Apremont-sur-Aire où il se fit remarquer par sa violence. Ensuite, il fréquenta plusieurs établissements de Charleville, dont Périn Frères et Demangel, avant d’aller travailler à Revin à partir de mars 1891. D’après divers rapports de police, il semble que sa conduite fût bonne, mais son naturel demeurait violent.

Gagné aux idées anarchistes par ses camarades de travail et, en particulier, par Chuillot et Bourgeois qui lui firent lire des brochures, il se laissa persuader que la propagande par le fait était le seul remède pour intimider le patronat et mettre fin aux grèves qui avaient éclaté dans les usines Faure de Revin, grèves qui se prolongèrent durant les longs mois de l’hiver 1890-1891. Bigel participa à ces grèves et, le 1er mai 1891, avec son camarade d’atelier Bourgeois, il tenta par trois fois de mettre le feu dans les bois de Revin. Le mois suivant, il fut l’auteur des attentats à la dynamite commis à Charleville : il fit exploser quelques cartouches de dynamite à la gendarmerie dans la nuit du 21 au 22 juin, puis déposa, dans la nuit du 15 au 16 juillet, un engin explosif sur les fenêtres d’un industriel de Charleville, M. Deville ; l’engin n’explosa d’ailleurs pas. Sur le papier qui avait servi à sa fabrication était écrit le nom de Bigel, ce qui permit à la police d’identifier rapidement l’auteur et de l’arrêter le 17 juillet. Dès le 25, il passa aux aveux, ce qui permit d’arrêter ses complices et par la même occasion quelques socialistes de la vallée de la Meuse. Bigel était également l’un des auteurs de l’explosion qui avait eu lieu dans la nuit du 11 au 12 juin 1891 dans les caves de la gendarmerie de Revin.

La cour d’assises des Ardennes condamna Bigel, le 11 novembre 1891, à sept ans de travaux forcés et à dix ans d’interdiction de séjour, pour destruction d’édifices publics à l’aide de dynamite. Enfermé à la Maison centrale de Melun où il fut souvent mis au cachot, Bigel revint dans les Ardennes en 1894 pour comparaître à nouveau devant la cour d’assises en raison des incendies du 1er mai 1891 dont on venait enfin de découvrir les auteurs. Il fut condamné le 23 novembre 1894 à douze ans de travaux forcés et à dix ans d’interdiction de séjour, ce qui aggravait la peine précédente bien qu’il y eût confusion.

Déporté au bagne de Guyane (matricule 26 844), il y mourut quelques mois plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153727, notice BIGEL Pierre, Eugène [Dictionnaire des anarchistes] par Notice complétée par Rolf Dupuy et Marianne Enckell, version mise en ligne le 30 mars 2014, dernière modification le 29 mars 2020.

Par Notice complétée par Rolf Dupuy et Marianne Enckell

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes, série I U, dossiers 2 095 et 2 156. — ANOM, matricule 26844 — Note biographique de Dominique Petit in Terres ardennaises, n° spécial, n°46 : Visages du mouvement ardennais, mars 1994 — D. Petit « Deshérités de Nouzon… », op. cit.

Iconogr. : Arch. Dép. Ardennes, série I U, dossier 2 156 (recherches de M. Vuarnet).

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