Par Marianne Enckell, Herre Sneyers
Né à Sint Jans Molenbeek en 1839, mort à Bruxelles en 1923. Homme de lettres. Militant de l’AIT.
Hins fut au cours de sa vie principalement enseignant, homme de lettres, publiciste et militant politique. C’est comme étudiant à l’université de Bruxelles qu’il entra en contact avec Hector Denis et Guillaume De Greef. Ceux-ci l’initièrent aux théories qui avaient cours à cette époque dans les milieux des jeunes intellectuels progressistes. En 1865, il obtint le diplôme de Docteur ès lettres et, en 1867, il participa à la direction du journal proudhonien et rationaliste La Liberté. Suite à la répression brutale des grèves dans le Borinage et autour de Charleroi en 1868, il rejoignit l’Internationale et fit de la propagande dans les bassins houillers. La même année, il fut délégué au 3e congrès de l’Internationale et devint ami personnel du gradualiste Désiré Brismée, dont il épousa la fille, Jeanne. C’est ainsi qu’il devint le beau-frère du collectiviste César De Paepe. Sa femme mourut quelques mois à peine après leur mariage, au moment précis où il était lui-même injustement emprisonné dans le cadre de l’affaire Coudroy.
Hins fut une des figures les plus importantes des premières années de l’Internationale belge. En 1869, il siégea au Conseil Général et fut ensuite secrétaire général de la fédération et rédacteur de l’hebdomadaire L’Internationale. En septembre 1869, il était un des délégués belges au congrès international de Bâle où il rejoignit les collectivistes. Hins n’était certainement pas un gradualiste mais ce n’était pas non plus un militant véritablement radical, il était un fédéraliste convaincu et, sous sa direction, le congrès belge de l’Internationale en automne 1871 conclut que l’Internationale « ...n’est rien d’autre qu’une association de fédérations autonomes absolues ». En fait, c’était le Conseil Général de Londres qui était visé. Marx disait de Hins qu’il était le partisan belge de Bakounine.
Hins était effectivement anarchiste et il a même rencontré Bakounine* mais, comme tant d’autres à l’époque, il n’est pas arrivé au fédéralisme et à l’anarchisme par lui. A Bruxelles, où le proudhonisme et le mutualisme étaient fort répandus, en combinaison avec les positions collectivistes, on arrivait facilement aux positions de Bakounine.
Lorsque la guerre franco-allemande de 1870 fut déclarée, Hins se rendit à Paris où il fut témoin de la chute de l’empire. Il rencontra l’enseignante russe Marie Iatskévitch (1840-1917), qui travaillait au restaurant coopératif La Marmite, avec laquelle il se remaria, et se battit pendant la Commune au sein du bataillon volontaire sous les ordres de Varlin*.
Suite à la contre-révolution qui suivit le mouvement révolutionnaire, Hins ne se sentait plus en sécurité, même pas en Belgique, et il s’enfuit dans le pays de sa femme, où il devint précepteur à St Petersbourg. Il entama également des études de littérature russe et devint bientôt une autorité en ce domaine. Il revint en Belgique en 1880 où, jusqu’à sa retraite en 1889, il donna cours à l’Athénée de Charleroi. Pendant ce temps-là, il était très actif dans le domaine de la littérature, de la pédagogie et du journalisme. Hins est resté toute sa vie un rationaliste convaincu (après sa retraite, en 1900, il devint le dirigeant des associations belge et internationale de libres-penseurs) et, à l’âge de 64 ans, il était toujours conseiller communal à Ixelles.
Une notice plus développée et plus récente figure dans le Dictionnaire Maitron Belgique.
Par Marianne Enckell, Herre Sneyers
SOURCES : James Guillaume, L’Internationale, op. cit.. — Herre Sneyers, site (disparu) du Jan Pellering Fonds, traduction de Patrick Duquesne