PANTAIS Roger, Francis [Dictionnaire des anarchistes]

Par René Bianco, complété par Guillaume Davranche

Né le 14 octobre 1914 à Angers (Maine-et-Loire), mort le 13 février 1997 à Angers (Maine-et-Loire) ; mécanicien automobile ; anarchiste et syndicaliste.

Roger Pantais (1936)
Roger Pantais (1936)
DR

Le père de Roger Pantais avait été l’un des fondateurs de la coopérative de la Madeleine, à Angers, et mourut alors qu’il n’avait que 4 ans.

Le jeune homme, membre des Auberges de jeunesse, milita de 1930 à 1934 aux Jeunesses socialistes et à la Ligue internationale des combattants de la paix (LICP). Avec son frère Daniel, Fernand (né le 30 août 1910 à Fontaine-Guerin dans le Maine-et-Loire, marié en 1932 à Angers), il fonda à Angers la section syndicale automobile du syndicat CGT des Métaux. Il avait cependant une double appartenance syndicale, puisque dans le même temps, il était membre de la CGT-SR à Trélazé. En 1934, une conférence d’Aristide Lapeyre*, intitulée « L’Espagne en feu », l’orienta définitivement dans la voie anarchiste.

S’étant installé à Paris en 1936, il adhéra à la Fédération anarchiste de langue française (FAF).

Après avoir activement participé aux grèves de juin, il gagna l’Espagne pour participer à la révolution. Arrivé en août à Puigcerda, il organisa, avec son frère Raymond et sa sœur restée à Angers, des convois de ravitaillement. Après les événements de mai 1937 à Barcelone, il retourna à Angers.

Ne trouvant pas de travail dans sa ville natale, il monta avec ses frères une petite affaire de réparation automobile à Trélazé. De nouveau actif dans le mouvement des auberges de jeunesse, il fut responsable de celle de la Daguenière, près de Trélazé.

Lors des préparatifs de mobilisation et de défense passive durant lesquels l’obscurité devait être totale, Roger, avec d’autres compagnons, allumait des feux de bengale et collait sur les affiches de mobilisation l’affichette« A bas la guerre ». Lors de la déclaration de guerre, il distribua le tract « Paix immédiate » de Louis Lecoin, qui fut arrêté à Angers le 29 septembre 1939.

Le 18 juin 1940, alors que la Wehrmacht est aux portes d’Angers, Roger Pantais épousa sa compagne, Jeanne Garandel.

Sous l’Occupation, il maintint les contacts avec les camarades prisonniers et aida quelques militants espagnols. Quarante-cinq ans plus tard, dans le Bulletin du CIRA-Marseille, il devait témoigner : «  Nous fûmes prévenus par la gendarmerie... et par la police qui nous convoqua à plusieurs reprises pour que surtout nous restions tranquilles. Notre action se borna donc à survivre à une guerre que nous n’avions pas voulue et à aider les copains qui passaient. Le père de Suzy Chevet*, instituteur en retraite, rue Pascal à Angers, en a caché sa part, surtout des Espagnols. Nous connaissions bien les camarades socialistes, communistes... et n’ignorions rien de leur action.... Hélas, trois jeunes communistes seront arrêtés (des amis de jeunesse), deux seront fusillés, le troisième déporté dans un camp de concentration en Allemagne, à la suite d’une dénonciation due à la femme de l’un d’eux. »

Après la Libération, Roger Pantais participa activement à la reconstitution du mouvement anarchiste et fut délégué aux congrès de Paris en octobre 1945 et de Dijon l’année suivante. En 1947, il coorganisa le congrès d’Angers de la Fédération anarchiste (FA) mais quitta cette organisation après sa transformation en Fédération communiste libertaire.

Délégué aux congrès fondateur de la nouvelle FA, à Paris, les 25-27 décembre 1953, il fut désigné comme responsable du Bulletin intérieur, charge qu’il assuma avec sa compagne de janvier 1954 à mai 1956.

En 1961, il fut l’organisateur du congrès de la FA qui se tint à Trélazé. Il milita activement pour la fin de la guerre en Algérie.

En 1969, il eut un différend avec des militants qui ne pouvaient tolérer la présence d’un petit patron dans les rangs anarchistes et quitta la FA, mais resta très actif à la Libre-Pensée dont il était, au début des années 1990, président départemental.

Roger Pantais avait des frères et sœurs, tous plus au moins sympathisants libertaires. Son aîné Alexandre avait été arrêté en 1939 et interné administrativement à fort Barraux (Isère). Il n’en avait été libéré que le 1er mai 1941. Son frère Raymond avait lui aussi participé à la Révolution espagnole et avait été arrêté par les staliniens à Puigcerda avec un groupe d’anarchistes espagnols. Il avait finalement été expulsé tandis que ses camarades étaient exécutés. Enfin, ses deux sœurs avaient épousé des libertaires : Hélène se maria avec Desplanches, militant d’Angers et Janette, la cadette, fut jusqu’à son décès la compagne de Paul Lapeyre*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153761, notice PANTAIS Roger, Francis [Dictionnaire des anarchistes] par René Bianco, complété par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 17 mars 2014, dernière modification le 10 août 2020.

Par René Bianco, complété par Guillaume Davranche

Roger Pantais (1936)
Roger Pantais (1936)
DR

SOURCES : Témoignage de l’intéressé in Bulletin du CIRA-Marseille, n° 23/25, 1er semestre 1985 — Lettre du 28 août 1989 à René Bianco — Ouest-France, édition d’Angers, 18 février 1997. — Etat civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable