PINTELON Ferdinand [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell, Herre Sneyers

Né à Bruxelles le 26 juin 1862, mort à Houdeng - Goegnies (arr. Soignies, pr. Hainaut), le (28) septembre 1934. Cordonnier, anarchiste.

Ferdinand Pintelon fut, en 1885, un des fondateurs du Cercle anarchiste bruxellois La Liberté. Peu après, il collabora au journal anarchiste Ni dieu ni maître (Bruxelles, 1885-1886) d’Egide Govaerts qui parvient à se doter d’une imprimerie. Mais les événements de mars 1886 en eurent raison. Le groupe diffusa un tract appelant « à la reprise » révolutionnaire dans les « galeries » et au quartier Léopold, en écho aux pillages qui avaient suivi la commémoration de la Commune par les anarchistes liégeois le 18 mars. Les enquêtes judiciaires provoquèrent la disparition du journal.
Il fut le gérant, jusqu’au n°5, de la Liberté, hebdomadaire publié à Bruxelles, puis à Verviers (du 23 octobre 1886 au 29 mai 1887).
Ferdinand Pintelon était à la fin 1887 l’un des diffuseurs du placard reproduisant la défense d’Octave Jahn.
En 1888, il appartenait toujours au noyau central du groupe anarchiste bruxellois. Il était responsable des contacts avec sa branche anversoise.
Les 7 et 8 octobre 1888, il participa à La Louvière et Frameries (pr. Hainaut, arr. Mons), avec Paul Conreur, à des meetings de protestation contre l’expulsion de Emmanuel Chauvière.
En décembre 1888, suite à divers discours tenus lors de mouvements de grève, il était condamné par défaut à 3 mois de prison et 100 francs d’amende par le tribunal de Charleroi pour provocation au pillage et au vol . En février 1889, sur appel du Ministère public, la peine était portée à 1 an de prison et Pintelon était arrêté le 6 février à son domicile.
Six mois plus tard, en août 1889, il comparut pour des faits semblables devant la Cour d’Assises du Hainaut, mais le jury le libéra.
Résidant ensuite 22 rue de Tilly à Bruxelles, il fut l’administrateur-rédacteur de L’Homme Libre (Bruxelles, 11 avril 1891 au 10 décembre 1892, au moins 48 numéros en deux séries) sous-titré « Organe de combat pour l’émancipation des travailleurs ».
En juin 1891, une fédération anarchiste se créa dans le Centre. Fort de ses contacts antérieurs, Ferdinand Pintelon participa au débat dans les sections locales qui se manifestèrent.
En juillet 1891 il fut l’objet d’une perquisition où la police avait saisi des journaux et brochures.
Lors du Congrès de l’Internationale socialiste à Bruxelles en août 1891, les anarchistes européens tentent de se faire entendre et de proposer une motion défendant la dissolution de toutes les organisations centrales. Ils (dont Pintelon) furent exclus du Congrès. Ils organisèrent conférences et meeting (500 personnes ?) pour protester et défendre les positions anarchistes. Ferdinand Pintelon fit partie des orateurs, avec Henry Wysmans et l’espagnol Fernandez Ramos.
Il fut responsable de L’Etincelle, chants, pensées et poésies révolutionnaires (Bruxelles, 1892, probablement un seul numéro paru le 12 novembre 1892).
En 1893, la lutte pour la révision constitutionnelle fut l’origine d’une importante agitation. Les anarchistes publièrent La Débâcle dont Ferdinand Pintelon était signalé comme imprimeur, puis administrateur. Elle avait pour sous-titre Organe de combat pour l’émancipation des travailleurs.
Le 7 juin 1893 il fut l’objet à Grenoble d’un arrêté d’expulsion de France qui lui fut notifié en mars 1894 ; toutefois, le 11 avril 1896 cet arrêté fut rapporté, la police ayant découvert que le compagnon Broussouloux avait "usurpé l’identité" de Pintelon. Il est aussi possible qu’il ait donné ses papiers d’identité à Broussouloux, qui se présenta sous son nom en 1893 et 1894 au moins.
Selon Max Nettlau, Pintelon se serait retiré du mouvement en 1893 ou un peu plus tard. C’est cette année-là que Pintelon rencontra Charles Malato, alors réfugié à Bruxelles.
Jan Moulaert confirme ce retrait même si les raisons ne sont pas évidentes. Toujours est-il que c’est à cette époque que Pintelon rejoignit Le Centre dans le Hainaut et y plaida pour l’organisation des travailleurs sur le terrain économique. Selon lui, les travailleurs devaient s’organiser dans des syndicats et des mutualités tout en étant attentifs aux liaisons avec les partis politiques (socialistes). Les syndicats devaient, à ses yeux, demeurer autonomes et horizontaux et c’est ainsi qu’il devint un partisan de l’anarcho-syndicalisme pour toute la décennie suivante.
Ferdinand Pintelon devint par la suite socialiste, lire sa biographie dans le dictionnaire de Belgique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153767, notice PINTELON Ferdinand [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, Herre Sneyers, version mise en ligne le 1er avril 2014, dernière modification le 10 août 2020.

Par Marianne Enckell, Herre Sneyers

SOURCES : Jan Moulaert, Le mouvement anarchiste en Belgique, op. cit. — René Bianco, « Un siècle de presse... », op. cit. — Charles Malato, "Mémoires d’un libertaire", Le Peuple (Paris), 14.2. 1938. — Notes de Jean Puissant, Rolf Dupuy, Dominique Petit. — La Révolte, 11 décembre 1887, année 1888, 17 février 1889 — Le Père Peinard, 9 août 1891 — Etat signalétique des anarchistes étrangers expulsés de France, n°1, mars 1894, n°13, juillet 1896 — Arch. Nat. 19940500 art.58/1084 — Arch . de la Ville de Bruxelles POL 177.

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