BRISSET Alain, Louis, Marie, René, Guy

Par Yannick Drouet

Né le 1er février 1938 à Nantes (Loire-Inférieure) ; cadre administratif ; secrétaire fédéral du Parti socialiste unifié (PSU) de Loire-Atlantique en 1964 ; membre du comité politique national du PSU de 1963 à 1967 ; premier secrétaire du Parti socialiste (PS) des Yvelines en 1972.

Son père, Louis Brisset, alors en retraite, avait été directeur du conservatoire de Nantes et sa mère, Marguerite Le Bihan Pennanroz, deuxième femme de Louis Brisset, enseignait le chant au conservatoire et la musique au lycée Aristide Briand.

Alain Brisset perdit son père à l’âge d’un an. Enfant unique, il fut élevé par sa mère et sa grand-mère maternelle, desquelles il reçut une éducation catholique pratiquante même s’il fréquenta toujours l’école publique. Dans ce milieu assez cultivé et conservateur, Alain Brisset n’eut aucune approche du militantisme.

Sa scolarité fut perturbée par de nombreux problèmes de santé. Ses trois années de Terminale au lycée Clemenceau à Nantes entre 1955 et 1958 furent décisives. Devenu athée par rationalisme puis fortement influencé par son professeur de philosophie Eugène Leblanc, Alain Brisset découvrit le marxisme. Surtout, la guerre d’Algérie motiva son entrée en militantisme. Prenant position pour la paix en Algérie et contre la torture, il adhéra, dès avant mai 1958, au Comité nantais pour la recherche d’une solution pacifique en Algérie, comité alors proche du PCF.

Ses premières responsabilités de militant furent des responsabilités syndicales durant ses années universitaires. Membre de l’Union nationale des étudiants français (UNEF) dès 1958, Alain Brisset participa à la création du « comité Mino » en janvier 1959 à Nantes. Il entra au conseil d’administration de la mutuelle des étudiants comme secrétaire avant d’en devenir le président entre novembre 1959 et novembre 1960, poste qu’il dut abandonner pour raison de santé.

Alain Brisset adhéra en mars 1962 à la section étudiante de Nantes du Parti socialiste unifié (PSU). Il avait trop de réticence envers le PCF et la plupart de ses amis du comité Mino étaient déjà au PSU. Alain Brisset connut alors une ascension rapide dans les instances du PSU. Membre du bureau fédéral de Loire-Atlantique dès 1962, il devint secrétaire fédéral administratif, adjoint du secrétaire fédéral en 1963 puis secrétaire fédéral en 1964, fonction qu’il exerça durant une année. Surtout, il fut élu au Comité politique national en novembre 1963 au congrès de La Grange-aux-Belles et fut réélu en juin 1965 à celui de Gennevilliers.

Durant ces années, Alain Brisset appartint au courant minoritaire incarné par Jean Poperen, dont il devint l’ami personnel. Plus imprégné des principes marxistes, prônant l’union de la gauche, s’adressant avant tout aux classes populaires, le courant popereniste s’opposait à la majorité du parti, marquée par les idées de la « nouvelle gauche » que développaient Gilles Martinet, Serge Mallet et Georges Servet (pseudonyme de Michel Rocard jusqu’en 1967) et qui donnait la priorité aux couches nouvelles techniciennes dans l’action socialiste.

Alain Brisset démissionna du PSU en juin 1967 à la suite du Ve congrès du parti à Paris. Signataire du texte « Le parti devant la perspective de la gauche unie », favorable à l’association avec la Fédération de la gauche démocratique et socialiste (FGDS) de François Mitterrand, il ne put accepter, ni la victoire des opposants à ce texte, ni l’élection de Michel Rocard au poste de secrétaire national. Pour un homme qui plaçait l’union de la gauche au centre de sa vie politique, ce congrès, où avaient triomphé les partisans de la poursuite de l’expérience autonome du PSU, avait été une trop grande déception.
L’année 1967 marqua ainsi un tournant dans la vie politique d’Alain Brisset. Dans les années qui suivirent, il resta dans le sillage de Jean Poperen, lui-même exclu du PSU : il adhéra ainsi à l’Union des groupes et clubs socialistes (UGCS) puis, en 1969, au nouveau Parti socialiste regroupant la SFIO, les clubs Poperen et les clubs Savary et il participa à la fondation d’un club de réflexion, Études, recherches et informations socialistes (ERIS), qui publia une revue Les Cahiers de l’ERIS et un bulletin, Synthèse Flash, dans lesquels il écrivit plusieurs articles. Alain Brisset faisait alors partie du petit comité qui dirigeait le courant Poperen.

L’année 1967 fut aussi un tournant dans la vie professionnelle d’Alain Brisset. Après avoir obtenu une licence d’histoire-géographie en 1964, Alain Brisset se destina à l’enseignement. Entre 1964 et 1967, il fut ainsi maître-auxiliaire dans plusieurs établissements nantais publics et privés. Notamment, son passage au collège des Jésuites de la Joliverie explique son refus de continuer son mandat de secrétaire fédéral en 1965. Il lui semblait inconciliable de travailler dans une école privée et en même temps d’exercer des fonctions importantes dans un parti comme le PSU. En 1967, Alain Brisset décida d’entrer à la SNCF. Très pris par son militantisme, il ne voulait pas préparer les concours de l’enseignement et il avait déjà suivi des cours à l’Institut d’administration des entreprises. De plus, son beau-père était cadre retraité de cette entreprise. Entré en avril 1967 comme attaché de groupe II, il devint cadre administratif essentiellement en gestion du personnel. Après deux années de stage, il fut nommé successivement chef de bureau du dépôt de Thouars dans les Deux-Sèvres, puis du dépôt d’Achères dans les Yvelines et, à partir de 1973, à l’atelier du matériel de La Folie à Nanterre dans les Hauts-de-Seine où il resta jusqu’en 1981. En 1970, Alain Brisset s’était installé dans la commune des Mureaux dans le nord du département des Yvelines. C’est là qu’il eut de nouvelles responsabilités politiques.

Alain Brisset avait participé à toutes les étapes de la naissance du nouveau Parti socialiste, s’inscrivant toujours dans le courant animé par Jean Poperen. En octobre 1972, il devint premier secrétaire du Parti socialiste des Yvelines, fonction qu’il abandonna en juillet 1973 au moment du congrès de Grenoble au cours duquel Jean Poperen s’était rallié à François Mitterrand. Excédé par ce ralliement, Alain Brisset se donna neuf mois de réflexion avant de reprendre de nouvelles responsabilités politiques. En avril 1974, il entra de nouveau à la commission exécutive fédérale du Parti socialiste des Yvelines puis au bureau fédéral et en 1975, il devint membre de la commission nationale de la formation du parti.

Mais c’est surtout au niveau local qu’Alain Brisset voulut alors inscrire son action politique. Responsable du Parti socialiste aux Mureaux de 1975 à 1982, il forma une liste d’union de la gauche avec les communistes pour les élections municipales de 1977. Cette liste remporta les élections et Alain Brisset devint deuxième adjoint, responsable de l’information, d’une municipalité dirigée par le communiste Roger Le Toullec. En mars 1982, il se présenta aux élections cantonales pour le Parti socialiste dans le canton de Meulan dans les Yvelines. Il obtint 22,3 % des voix, étant devancé par M. Roubeau du RPR et Roger Le Toullec, candidat sortant qui, avec son soutien, fut réélu au deuxième tour.
Quelques mois plus tard, Alain Brisset quitta le Parti socialiste. Très réservé envers François Mitterrand, marqué par l’annonce du premier plan de rigueur de Jacques Delors en juin 1982, Alain Brisset ne put accepter la réintégration dans l’armée des anciens généraux putschistes de l’OAS voulue par le président de la République dans le cadre du projet de loi visant à effacer définitivement les « séquelles » de la guerre d’Algérie. Le gouvernement Mauroy utilisa pour l’occasion l’article 49-3 de la Constitution pour assurer l’adoption du texte contre l’avis du groupe socialiste de l’Assemblée nationale. Finalement, l’Algérie, qui avait été à l’origine de son engagement politique, était également le détonateur de sa retraite politique. Il termina toutefois son mandat de conseiller municipal, à la demande des responsables locaux.
Sur le plan syndical, Alain Brisset fut simple adhérent de la CFDT de 1970 au milieu des années 1980. Au niveau professionnel, il termina sa carrière à la SNCF comme responsable de la formation à la division régionale du personnel à Rouen (Seine-Maritime). Arrivé au plus haut niveau en tant que cadre statutaire, il fut mis en pré-retraite sur sa demande en 1990. Il n’avait pas encore cinquante-trois ans.

Marié depuis 1966 avec Annie Chollet, père de deux filles, Alain Brisset est revenu à Nantes, sa ville natale. Converti au protestantisme, il a obtenu une maîtrise de théologie et est aujourd’hui pasteur aumônier de la Fédération protestante à la prison de Nantes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article1538, notice BRISSET Alain, Louis, Marie, René, Guy par Yannick Drouet, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 8 octobre 2020.

Par Yannick Drouet

SOURCES : Arch. Centre d’histoire du travail de Nantes, fond Nectoux, 35. — Tribune socialiste, 16 novembre 1963, 12 juin 1965 et 27 avril 1967. — Les Cahiers de l’ERIS, mai 1974 et juin-juillet 1974. — Le Monde, 13 mars 1977, 14 mars 1982 et 3 décembre 1982. — Entretiens avec Alain Brisset, 20 juin 2000 et 5 septembre 2000.

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