Par Jean-Michel Brabant et Claude Pennetier, notice revue par Guillaume Davranche
Né le 3 juillet 1893 à Paris (Xe arr.) ; ouvrier métallurgiste puis marchand forain ; anarchiste et syndicaliste.
De parents d’origine allemande naturalisés français, Henri Bott fut condamné le 23 août 1912, pour tentative de vol, à treize mois de prison. C’est sans doute cette condamnation qui lui valut d’être appelé au service militaire, le 30 novembre 1913, au 5e bataillon d’infanterie légère d’Afrique. La déclaration de guerre le surprit à l’armée et il resta soldat jusqu’au 25 septembre 1918, date à laquelle on le réforma. Il était alors marié et père d’une fille née vers 1917.
Enthousiasmé par la Révolution russe, Henri Bott milita au Comité de la IIIe Internationale et distribua le journal de Raymond Péricat, L’Internationale. Puis il rejoignit (carte n° 1484) le « Parti communiste » fondé par Péricat fin mai 1919 (voir Alexandre Lebourg). En août, il cofonda sa section (dite « soviet ») de Paris 19e, dont il fut le secrétaire. Dans le même temps, il entrait au « Soviet central provisoire » du PC.
Le PC, qui eut bientôt environ 3 500 adhérents, associait des socialistes, des anarchistes et des syndicalistes sur la base du soutien à la Révolution russe, et tenta de produire une doctrine nouvelle : le soviétisme. En réalité, les éléments socialistes et libertaires cohabitèrent mal au sein du PC, et les divergences éclatèrent lors de son Ier congrès, tenu à Paris du 25 au 28 décembre 1919. Bott en présida la première séance. Contre un projet de statuts jugé trop centraliste déposé par Ernest Girault, un contre-projet rédigé par Lebourg, Émile Chauvelon, Émile Giraud et Louise Roblot fut adopté à une majorité des deux tiers. L’organisation fut rebaptisée Fédération communiste des soviets (FCS), Marius Hanot en fut élu secrétaire, et Lebourg secrétaire adjoint. La FCS et son organe, Le Soviet, devaient vivoter jusqu’en mai 1921.
Mécontent du résultat, Bott quitta la FCS le 6 février 1920 avec Sigrand, Girault, Fabre et Lacoste, et reforma un petit PC qui n’eut qu’une quinzaine de militants et devait vivoter, avec son organe Le Communiste, jusqu’en mars 1921.
Il habitait alors au 23, rue Mélingue, à Paris 19e.
Du 19 au 26 mars 1920, Henri Bott se rendit à Bruxelles pour prendre contact avec les communistes belges, qui lui conseillèrent de se mettre en relation avec le bureau de la IIIe Internationale basé à Amsterdam.
Le 6 mai, il fut arrêté aux abords de la Bourse du travail alors qu’il préparait une distribution de tracts du PC et fut inculpé dans le cadre du « complot contre la sûreté de l’État » (voir Marius Hanot). En juillet et août, depuis la Santé, il signa, sous le nom d’Henri Entolé, quelques articles dans Le Communiste. Le procès du complot s’ouvrit aux assises le 28 février, et l’ensemble des prévenus fut acquitté le 17 mars 1921.
En octobre 1921, il était militant à la 19e section du syndicat des métaux de la Seine, adhérent aux Comités syndicalistes révolutionnaires. Il était également membre de l’Union anarchiste et faisait campagne pour la libération de Sacco et Vanzetti.
Après la scission confédérale de décembre 1921, Henri Bott opta pour la CGTU. Du 25 juin au 1er juillet 1922, il fut un des orateurs de la tendance Besnard* au Ier congrès confédéral à Saint-Étienne. Après la victoire de la tendance Monmousseau, il adhéra au Comité de défense syndicaliste, qui structurait l’opposition « anarcho-syndicalistes » au sein de la CGTU.
Du 29 au 31 juillet, Henri Bott fut délégué au IIe congrès de la Fédération unitaire des métaux, où il siégea désormais dans la minorité, avec Célestin Ferré, Lucien Chevalier, Jules Massot, Benoît Broutchoux et Théo Argence.
Henri Bott fit partie en février 1924 du comité d’initiative de l’Union anarchiste, et anima de nombreuses réunions publiques dans les 11e et 20e arrondissements de Paris.
Une dizaine d’années plus tard, les 10 et 11 août 1935, il participa à la conférence nationale contre la guerre et l’union sacrée tenue à l’hôtel de ville de Saint-Denis.
En janvier-février 1937, il cosigna le manifeste fondateur du Cercle syndicaliste Lutte de classes animé par Gustave Galopin.
Par Jean-Michel Brabant et Claude Pennetier, notice revue par Guillaume Davranche
SOURCES : Arch. Nat. F7/12981, rapport du 15 février 1922 ; F7/13023 ; F7/13777 — Arch. PPo. carton 301, dossier 2000.1098.2 — La Révolution prolétarienne de mai 1975 — Pierre Broué et Nicole Dorey, « Critiques de gauche et opposition au Front populaire (1936-1938) », Le Mouvement social de janvier-mars 1966 — Pierre Berthet, « Les libertaires français face à la révolution bolchevik en 1919. Autour de Raymond Péricat et du Parti communiste », mémoire de maîtrise, CHS, 1991.