Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy
Né le 30 novembre 1897 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mort le 29 juillet 1984. Ouvrier métallurgiste ; cimentier ; correcteur d’imprimerie. Militant syndicaliste et anarchiste ; secrétaire de rédaction du Libertaire.
Après avoir obtenu le certificat d’études primaires à 12 ans, René Boucher fut ouvrier d’usine. À dix-huit ans, il fut mobilisé pour la durée de la guerre et à son retour il reprit son travail dans la métallurgie. Attiré vers l’anarchisme, il entra, en 1919, au groupe d’études sociales de Saint-Denis qui devint, sous son action organisatrice, le groupe libertaire de Saint-Denis, lequel adhéra à la Fédération anarchiste de la région parisienne.
Boucher fut licencié de la Compagnie internationale des wagons-lits sise à Saint-Denis pour avoir, en mai 1920, participé à une grève qui échoua. Entré aux établissements Petit-Vicart à Saint-Ouen, il fut une nouvelle fois renvoyé, en 1921, à la suite d’une grève menée contre la fabrication des armes de guerre. Il s’embaucha alors dans la corporation du Bâtiment comme cimentier. Jusqu’en 1925, date à laquelle il quitta son emploi, il appartint au comité intersyndical de Saint-Denis ainsi qu’à celui du syndicat unique du bâtiment ; de 1925 à 1928, il fut ouvrier d’entretien dans une usine de cette localité et sut mettre à profit ses loisirs pour compléter sa formation d’autodidacte.
En 1928, il entrait dans la presse en qualité de sangleur-pointeur aux rotatives. Au contact des correcteurs, il s’initia à leur métier et put, en octobre 1930, être employé comme correcteur à l’imprimerie Diéval. Le 13 avril 1931, il fut admis au syndicat des correcteurs.
Parallèlement à ses activités syndicales, Boucher poursuivit son action de militant anarchiste. Il représenta le groupe libertaire de Saint-Denis au congrès de l’Union anarchiste qui se tint à Orléans, 12-14 juillet 1926, et où il fit la connaissance de Nestor Makhno. Le congrès se clôtura par l’adoption d’un Manifeste qui s’efforçait de concilier les points de vue des communistes et des individualistes, des révolutionnaires et des éducationnistes ; l’Union anarchiste changea alors de nom et devint l’Union anarchiste communiste. Boucher, adversaire des individualistes, était partisan d’une organisation structurée. Il représenta également son groupe au congrès de l’Union anarchiste communiste révolutionnaire qui se tint à Amiens du 12 au 15 août 1928 ; il y fut élu à la commission administrative. Il quitta l’UACR après le congrès de Paris, les 19-21 avril 1930, qui vit les tenants de l’autonomie en matière d’organisation l’emporter sur les partisans d’une organisation centralisée. Boucher se démit également de ses fonctions de secrétaire de rédaction au Libertaire, qu’il avait assumées depuis fin 1927.
Membre du comité Sacco-Vanzetti, il accompagna Luisa Vanzetti, sœur du supplicié, à Modane, gare frontière, lorsqu’elle ramena en Italie les cendres des deux anarchistes.
De la Libération à octobre 1947, il occupa le poste de délégué général de l’imprimerie de France-Soir et anima, à ce titre, dans son imprimerie, la grande grève de la presse de février 1947 qui dura cinq semaines et s’acheva sur un succès. En 1950 il habitait 5 rue Blondel (Paris 3e arr.) et il figurait sur la liste des domiciles anarchistes à surveiller. De 1952 à 1956, il fut membre du comité syndical des correcteurs et secrétaire adjoint du syndicat de 1953 à 1955. Il prit sa retraite en avril 1963 puis assura le secrétariat de la section des retraités du syndicat des correcteurs.
René Boucher, qui aimait à participer avec sa compagne Cécile aux repas amicaux réunissant les vieux militants libertaires, est décédé le 29 juillet 1984.
Après-guerre, il prit ses distances avec le mouvement libertaire, et tint même à faire savoir qu’il ne fallait pas le confondre avec le militant de la FA Jean Boucher. Cela lui valut un entrefilet assassin dans Le Libertaire du 5 août 1949.
Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy
SOURCES : Arch. du syndicat des correcteurs. — Y. Blondeau, Le syndicat des correcteurs, op. cit. — J. Maitron, Le Mouvement anarchiste..., op. cit. — Renseignements fournis par René Boucher. — APpo BA 1900 — Note de Guillaume Davranche.