CLARIS Aristide, Jean, dit Régis

Par Notice revue par Michel Cordillot

Né le 12 novembre 1843 à la Sauvetat-de-Blanquefort (Lot-et-Garonne), mort le 9 décembre 1916 au Vésinet (Seine-et-Oise) ; chef du bureau de la presse parisienne sous la Commune, exilé à Genève.

Aristide Claris serait l’arrière-petit-neveu du philosophe cartésien Pierre-Sylvain Régis dont il prit d’ailleurs le nom comme pseudonyme. Son père était un riche propriétaire et il désirait faire de Jean-Aristide — un de ses quatre fils — un notaire.

Mais le jeune homme, parti pour faire ses études à Toulouse, en revint ardent républicain et refusa de rédiger la supplique à l’Empereur qui était alors exigée des candidats au notariat. Le père, en grande colère, chassa alors son fils qui résida d’abord à Issigeac (Dordogne) en 1868, puis vint à Paris l’année suivante et habita 70, rue Saint-André-des-Arts, VIe arr.

Aristide Claris, qui avait fait connaissance, grâce à des compatriotes, de Charles, Louis Chassin, entra bientôt à Démocratie que dirigeait celui-ci et y exerça les fonctions de secrétaire de rédaction.
Pendant le 1er Siège, Aristide Claris s’engagea au 170e régiment de marche de la Garde nationale. Il collabora également à la Patrie en Danger de Blanqui. Il appartint enfin au Comité de Vigilance du Xe arrondissement, 77, rue du Château-d’Eau, dont il fut le secrétaire.

En tant que délégué des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. L’affiche se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! »

Durant la Commune, il écrivit dans le Cri du Peuple de Vallès avec qui il était lié, et il fut délégué de la Commune dans le Xe arr. Il exerça, sur recommandation de Tridon, les fonctions de chef du Bureau de la presse parisienne au ministère de l’Intérieur.

Après la défaite de la Commune, Aristide Claris réussit à se réfugier en Suisse et se trouva aussitôt au milieu d’une importante colonie de proscrits. Il s’y montra très actif aux côtés des adversaires du Conseil général influencé par Marx.

Le 28 septembre 1871, rendant compte dans la Suisse radicale d’un ouvrage sur la Commune, il montrait comment le mouvement avait échoué parce que trop de révolutionnaires rêvaient encore centralisation et autorité, alors que s’imposait la libre fédération des communes autonomes.

Le 26 octobre, il lança, avec la collaboration de Razoua, A. Arnould*, André Léo, L. Marchand, J. Guesde*, B. Malon*, G. Lefrançais*, le premier numéro de la Révolution sociale, hebdomadaire communaliste qui allait devenir, le mois suivant, après le congrès de Sonvilier, le 12 novembre, l’organe de la Fédération jurassienne mais cessa bientôt, faute d’argent, de paraître (4 janvier 1872).

Dans le Bulletin de la Fédération jurassienne, qui succéda le 15 février à la Révolution sociale, Claris prit également une position très hostile au Conseil général. En février 1873, il devint le correspondant du Bulletin pour la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève constituée le 8 septembre 1871, sur l’initiative de proscrits français, et qu’il représenta avec Joukovsky* au 6e Congrès de l’Internationale (antiautoritaire) à Genève (1er-6 septembre 1873).

Il fut, avec son codélégué, secrétaire du bureau provisoire. Positions donc hostiles à l’Internationale « marxiste », mais qui n’empêchèrent cependant pas Claris, dans son ouvrage, la Proscription française en Suisse, 1871-1872, publié en octobre 1872, de renvoyer dos à dos minorité et majorité de la Commune, et de conseiller aux Communards, à quelque tendance qu’ils appartiennent, de présenter un front uni face à leurs ennemis.

Claris milita également à la Société des proscrits qui, en proie aux querelles intestines, disparut au début de 1872. Il aida alors au fonctionnement de la coopérative de consommation La Marmite sociale, qui vint en aide aux proscrits dans le besoin, et fut un des animateurs de la Solidarité, nouvelle société des proscrits qui fonctionnait en 1875.

À partir de 1875, Claris semble avoir abandonné la Section de propagande et s’être éloigné des éléments « antiautoritaires » de la proscription. Il diffusa les écrits de Pyat sous forme de tracts et fut un des 54 signataires d’un message imprimé Au citoyen Garibaldi (4 p., Genève, 27 janvier 1875, déposé à l’IFHS).

Claris avait voulu quitter la Suisse en 1873 pour une raison que nous ignorons. En avril, il se rendit à Bruxelles où il reçut un permis de séjour provisoire et trouva à travailler comme rédacteur au journal la Chronique de l’Industrie. Il se lia aussi avec les adhérents de l’Internationale de Bruxelles et appartint à l’association de proscrits « les Solidaires ». Mais, renseignements pris, la police belge ne toléra pas davantage la présence de Claris qui fut expulsé. Dans les derniers jours de mai, il était de retour à Genève.

Au début de 1874, il épousa la veuve d’un proscrit de 1851, Louise Marianne Porchat, veuve Faucon, née à Penthalaz (candon de Vaud) et 1832, mère de deux enfants, chez laquelle il logeait depuis son arrivée à Genève et qui était enceinte de lui, puisqu’un fils leur naquit le 14 juin de cette même année, qui fut prénommé Ferdinand, Charles, Edmond. Jusqu’alors Claris avait gagné sa vie par le journalisme et en donnant des leçons de français. Sa femme lui apporta une certaine aisance qui lui permit d’ouvrir à Genève un cabinet d’affaires pour la vente et la location d’immeubles.

Il fit quelques voyages ou séjours en Italie, mais demeura à Genève jusqu’en juillet 1879, époque à laquelle, profitant de l’amnistie partielle, il regagna Paris avec un de ses frères qui était venu le rejoindre l’année précédente et avait épousé une fille de la femme de Claris.

Après son retour en France, Claris vécut du métier de journaliste, collaborant au Voltaire, au Petit Parisien, rédacteur en chef de la Dépêche de Paris de 1881 à 1883, rédigeant plusieurs journaux de province. En 1881, il fut un des membres fondateurs de l’Association syndicale professionnelle des journalistes républicains dont son fils fut par la suite et pendant longtemps secrétaire général. Mais il n’appartint à aucun des partis socialistes. Socialiste indépendant, il fut toutefois délégué de la 2e circonscription du XVIIIe arr. de Paris au congrès de la salle Japy (1899). Jusqu’à ce congrès, il fut également porteur du mandat du Groupe socialiste des originaires du Lot-et-Garonne de Paris.

Il mourut presque aveugle, retiré chez son frère au Vésinet, le 9 décembre 1916.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153860, notice CLARIS Aristide, Jean, dit Régis par Notice revue par Michel Cordillot, version mise en ligne le 29 avril 2014, dernière modification le 15 mai 2021.

Par Notice revue par Michel Cordillot

ŒUVRES : La Proscription française en Suisse, 1871-1872, Genève, 1872, 132 p., ouvrage mis en vente à Bruxelles sous le titre : Les ennemis de l’Internationale démasqués au Congrès de La Haye. Précédé d’une étude sur la proscription française à Genève et suivi d’un bulletin bibliographique socialiste. Rééd. Paris, EDHIS 1968. — Édit. et annotat. des Œuvres complètes du poète A. Daubasse, Villeneuve-sur-Lot, 1888, in-8°, Bibl. Nat., Ye 1886.

SOURCES : Archives Claris déposées à l’IFHS : papiers de famille et biographie rédigée par son fils Edmond. — Arch. PPo., B a/1012 et, passim, B a/432, a/433, a/434, a/436, a/438. — M. Vuilleumier, « Sur quelques proscrits de la Commune », Le Mouvement social, n° 44, juillet-septembre 1963.

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