ERNESTAN (TANREZ Ernest, dit) [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy

Né à Gand le 15 juillet 1898, mort le 17 février 1954 ; militant et théoricien socialiste libertaire belge.

Né d’un père wallon et d’une mère flamande, Ernest Tanrez fut profondément marqué par les horreurs de la Première Guerre mondiale qui l’avaient surpris en pleine adolescence et l’avaient obligé à interrompre ses études. Il fut appelé sous les armes en 1918 mais ne participa pas aux combats.

Á partir de 1921, sous le nom de plume d’Ernestan, il commença à collaborer à la presse libertaire belge dont le Bulletin libertaire (Bruxelles, 2 numéros en juin et juillet 1921), organe du groupe libertaire de Bruxelles, dont la rédaction se trouvait au Café du cygne, sur la Grand-Place et dont il fut le gérant ; aux deux séries de L’Emancipateur (Flemalle Grande, 68 numéros, juillet 1921- décembre 1925, puis 57 numéros de mai 1928 à novembre 1936 ) de Camille Mattart : au Combat (Flemalle-Bruxelles, 1925-1928) publié par Hem Day et C. Mattart, ainsi qu’à la presse libertaire internationale dont Le Libertaire et Le Combat syndicaliste.

Bon orateur, il donna d’innombrables conférences et participa activement aux campagnes en faveur de Sacco et Vanzetti, à celles menées par le Comité international de défense anarchiste (CIDA), pour le droit d’asile et en 1933 en faveur de la libération des objecteurs de conscience Marcel Dieu (Hem Day) et Léo Campion. Partisan de l’organisation, il se montra favorable, lors du débat autour de la Plate forme dite d’Archinov, à la création d’un Parti anarchiste.

En 1928, il accepta d’être l’éditeur responsable de Verbo Nuevo publié par les compagnons espagnols exilés. Il collabora également à Haro (Uccle, 1927-1928) d’A. Daenens, à Rebelle (Bruxelles, 5 numéros, 1927-1928) de Hem Day, au numéro unique de Droit d’asile (septembre 1929) publié en faveur d’A. Bartolomei menacé d’extradition, au numéro unique de Guerre au fascisme (Bruxelles, février 1930) publié par Hem Day et le CIDA, à L’Action Directe (Liège-Verviers, 15 numéros en 1932-1933) publié par les Cercles syndicalistes fédéralistes de Belgique adhérents à l’AIT et dont le responsable principal était L. Odekerken, à Ce qu’il faut dire (Bruxelles, au moins 4 numéros, 1934-1936) organe du CIDA. Au moment de la guerre d’Espagne, il fut le fondateur avec Léo Campion du journal Rébellion (Bruxelles, 2 numéros en mai et août 1937) en soutien aux révolutionnaires espagnols et collabora également à L’Espagne Nouvelle (1937-1939) publié à Nîmes par André Prudhommeaux.

En 1940, et pour fuir l’avancée allemande, il se réfugia en France où, suite à une dénonciation, il fut arrêté à Perrier (Auvergne) en mai 1940 et interné au camp du Vernet d’Ariège avec notamment Léo Campion et Nicolas Lazarévitch et de très nombreux compagnons espagnols et italiens. Libéré au bout de trois mois, il retourna en Belgique en août. Dénoncé comme « sympathisant communiste », il fut arrêté par la Gestapo et interné au camp de Breendonck, près de Malines, dont il sortit au bout de quelques mois diminué physiquement par le travail forcé et les privations. Sa libération était intervenue suite à l’intervention de son frère, nationaliste flamand, et de Léo Campion qui avait alerté Paul Colin, un journaliste collaborateur qu’ils avaient rencontré au camp du Vernet.

Ernestan continua après guerre de donner de nombreuses conférences et de collaborer à la presse libertaire dont Etudes anarchistes (Paris, 1948-1952), Pensée et Action (Bruxelles, 46 numéros de septembre 1945 à décembre 1952) de Hem Day et la revue italienne Volontà de Giovanna Berneri. Il s’était également intégré à la rédaction de la revue indépendante de critique sociale Les Cahiers socialistes (Bruxelles, 1944-1953 ) réunissant marxistes, libertaires et syndicalistes, pour la plupart libres penseurs ou francs maçons et dont le responsable était Raymond Rifflet.

Il est l’auteur de plusieurs brochures de vulgarisation de l’anarchisme, présentées parfois, comme le célèbre Entre paysans de Malatesta, sous la forme d’un dialogue entre plusieurs personnes.

Ernest Tanrez, qui était membre du Grand Orient de Belgique (1948) et s’était établi comme antiquaire rue Ernest Allard en contrebas du Sablon à Bruxelles, est mort en Belgique le 17 février 1954.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153913, notice ERNESTAN (TANREZ Ernest, dit) [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 23 mars 2014, dernière modification le 8 juillet 2020.

Par Rolf Dupuy

ŒUVRE : Le socialisme contre l’autorité (Ed. réalistes, 1932). — Manifeste socialiste libertaire. — La renaissance du socialisme (en collab. avec Raoul Piron et W. Van Overstraeten, Feuille de documentation de Terre Libre, Nîmes, octobre 1934) — La Fin de la guerre (Ed. Pensée et Action). — Tu es anarchiste (Ed. du Libertaire, 1948). — La contre révolution étatiste (Ed. pensée et Action). — Valeur de la liberté (Ed. Les Cahiers socialistes, 1952).

SOURCES : Hem Day, Errnestan, sa vie son œuvre, (Ed. Pensée et Action, 1955). — R. Bianco, Un siècle de presse anarchiste, op. cit. — Notes de Jean Puissant.

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