FAAS-HARDEGGER Margarethe [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell

Née le 20 février 1882 à Berne (Suisse), morte le 23 septembre 1963 à Minusio (Tessin) ; télégraphiste, secrétaire syndicale, journaliste ; militante anarchiste, féministe, pacifiste.

Son père était fonctionnaire des télégraphes, sa mère sage-femme. Elle commença à travailler comme télégraphiste, puis épousa l’avocat August Faas avec lequel elle eut deux filles. Son mari la soutint pour qu’elle entreprenne des études de droit, et elle participa à la création de la fédération suisse des ouvriers et ouvrières du textile en 1903. Elle fréquentait les milieux anarchistes et antimilitaristes, se lia en particulier avec Gustav Landauer. En 1905, elle devint la première secrétaire féminine de l’Union syndicale suisse où elle publia en allemand Die Vorkämpferin et en français L’Exploitée (1907-1908, 18 numéros). Elle préférait être aux côtés des femmes en lutte plutôt que de rester dans son bureau, où elle subissait de violentes critiques. Elle courut le pays pour donner des conférences sur le syndicalisme, l’action directe, la contraception, l’amour libre et la libre-pensée, plus proche des anarchistes que du syndicalisme réformiste. Cela lui valut plusieurs procès et quelques peines d’emprisonnement.

En janvier 1907, elle participa à un grand meeting à Genève protestant contre l’expulsion du canton de Louis Bertoni. En mai, James Guillaume l’invita à rencontrer les dirigeants de la CGT à Paris. La même année, elle soutint activement la grève des cigarières d’Yverdon (canton de Vaud) et la constitution d’une coopérative de production l’année suivante. Le Premier Mai 1909, elle fut oratrice à Genève avec Dinale et Georges Yvetot, secrétaire des Bourses du Travail françaises. Peu après, elle démissionna de son poste au syndicat, dégoûtée de la bureaucratie et des lourdeurs de l’appareil.

Elle se sépara en 1908 de son mari qui poursuivit une carrière de chanteur lyrique. Elle milita alors au Sozalistischer Bund de Gustav Landauer, qui incitait à fonder des colonies communistes anarchistes, et se lia avec le poète anarchiste allemand Erich Mühsam. Impliquée dans certaines activités illégalistes, elle fut condamnée à quatre mois de détention en 1913, ce qui donna prétexte à Landauer pour rompre avec elle. Mais les projets communautaires restèrent au centre de ses intérêts, et après plusieurs tentatives elle créa à Minusio, près de Locarno, une colonie avec son nouveau compagnon Hans (Giovanni) Brunner (1887-1960) et quelques autres personnes, avec le soutien financier de l’anarchiste Bernhard Mayer. Les difficultés et les ruptures ne manquèrent pas, mais jusqu’à la fin elle chercha à promouvoir les réseaux de communautés et de petits artisans indépendants et l’entraide entre eux.

Elle milita dans un nombre impressionnant d’associations pacifistes, antifascistes, néo-malthusiennes, de soutien aux enfants espagnols ou aux victimes de la guerre. A 81 ans, en 1963, elle participa encore à la première Marche de Pâques pour la paix et contre les armes nucléaires, entre Lausanne et Genève.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153915, notice FAAS-HARDEGGER Margarethe [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, version mise en ligne le 23 mars 2014, dernière modification le 22 juillet 2021.

Par Marianne Enckell

SOURCES : L’Exploitée, reprint, Edtions Noir, Genève, 1977. — La Voix du Peuple, Le Réveil anarchiste, passim. — Ina Boesch, M. Hardegger. Gegenleben, Zurich 2003. — Regula Bochsler, Ich folgte meinem Stern, : das kämpferische Leben der Margarethe Hardegger, Zurich, 2004. — Patrice Schindler, Vie et combat de Margarethe Faas-Hardegger : anarchiste, syndicaliste et féministe suisse, pour le centenaire de L’Exploitée (1907-2007), Paris, 2007. — Ursula Gaillard, Annick Mahaim, Retards de règles : attitudes devant le contrôle des naissances et l’avortement en Suisse du début du siècle aux années vingt, Lausanne, 1983.

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