Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy
Né le 24 avril 1884 à Brest (Finistère), tué le 11 janvier 1924 à Paris Xe arr. dans une bagarre avec des communistes ; plombier couvreur ; déserteur, militant de l’Union anarchiste.
Son grand-père paternel, prénommé aussi Adrien (1815-1897), fut un des premiers mécaniciens des chemins de fer français. Il était à ce titre chevalier de la Légion d’honneur.
Fils de Claude Adrien Poncet et de Marie, Brigitte Rolland, Adrien Poncet, orphelin de père à l’âge de trois ans, élevé par sa mère restée seule avec quatre enfants, devint plombier couvreur à Paris (domicilié 12 rue Julien Lacroix dans le XXe arr.). Il eut une jeunesse tumultueuse et rebelle. Il fut condamné le 3 septembre 1900 à 3 mois de prison, puis il s’engagea "volontairement" (mais peut-être contraint) pour quatre ans le 3 juin 1902 dans le 1er bataillon d’Afrique et combattit dans les campagnes d’Algérie et du Sahara. Il fut condamné le 29 juillet 1903 par le conseil de guerre d’Oran à trois mois de prison pour refus d’obéissance et fut envoyé au 2e bataillon d’Afrique. Le chasseur de 2e classe passa dans la réserve le 3 septembre 1906 avec un refus du certificat de bonne conduite.
Il était alors décrit comme un homme de 1 m 60, châtain aux yeux bleus.
Le 29 avril 1908, il fut condamné par le tribunal correctionnel du Havre à quinze jours de prison pour, puis condamné à nouveau, par défaut, à quatre mois de prison le 4 septembre 1913.
Adrien Poncet fut mobilisé lors de la Première Guerre mondiale. D’abord réformé pour dermatose généralisée, il fut rappelé le 25 mai 1915 mais il ne tarda pas à déserter. Repris le 6 juillet 1917 et traduit devant un conseil de guerre, on lui proposa d’aller au front en première ligne "pour racheter ses fautes". Son refus lui valut d’être condamné à cinq ans de travaux publics, d’être inscrit au carnet B et d’être renvoyé aux Bataillons d’Afrique. Poncet parvint à s’en évader, à gagner un port de la côte africaine d’où il s’embarqua clandestinement sur un voilier espagnol. Débarqué à Cadix, il traversa toute l’Espagne à pied, gagna Irun et traversa la Bidassoa à la nage pour rentrer en France où, revenu à Paris il vécut sous une fausse identité et reprit ses activités militantes.
Après l’armistice, surnommé « gros plombier », il milita activement en faveur de l’amnistie pour tous les emprisonnés. Membre de la Fédération anarchiste de la Seine, il fut désigné fin 1923 pour siéger au comité d’initiative de l’Union anarchiste. Poncet, qui aimait à interpréter la chanson Nos maîtres sont nos bourreaux, participa activement à toutes les campagnes menées par le mouvement libertaire notamment en faveur de Émile Cottin, de Sacco et Vanzetti, de Nestor Makhno et des militants espagnols Nicolau et Mateu (voir Louis Lecoin).
Poncet fut tué le 11 janvier 1924 au cours d’une bagarre avec les communistes, lors d’une manifestation à la Maison des syndicats, rue de la Grange-aux-Belles à Paris. C’est au cours de cette même algarade que fut également tué le militant syndicaliste Nicolas Clos et que furent blessés les anarcho-syndicalistes Francis Boudoux, Michel* et Pecastaing. Selon le Libertaire, près de 4000 personnes suivirent l’enterrement de Poncet, le 18 janvier 1924.
Adrien Poncet avait épousé Angèle Léonce Marie Dubois le 24 septembre 1910 à Paris dans le XXe arrondissement, mais le couple divorça le 14 février 1918. Il se peut que sa nouvelle compagne, soit Yvonne Carpentier également militante anarchiste. Mais cette hypothèse reste à confirmer.
Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy
SOURCES : Le Libertaire, 15 & 19 janvier 1924 (avec iconogr.). — Vivien Bouhey, op. cit., annexe 59. — Notes de Guy Courteille (dont registre matricule militaire).