SCHWITZGUEBEL Adhémar [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell

Né en 1844 à Sonvilier (Jura bernois, Suisse), mort le 23 juillet 1895 à Bienne (canton de Berne) ; ouvrier graveur dans l’horlogerie, puis secrétaire syndical.

Fils d’un petit propriétaire d’un atelier de gravure, libéral, Schwitzguébel commença par suivre ses traces et devint même lieutenant d’infanterie. Mais il entra dans l’AIT dès la création des premières sections suisses, fonda la section de Sonvilier (Jura bernois) en 1866 et la représenta au congrès général tenu à Genève la même année. Il lutta contre l’influence des partisans de Pierre Coullery (un socialisme bourgeois teinté de paternalisme) et entra en 1869 à l’Alliance internationale de la démocratie socialiste fondée par Bakounine. Il fut par la suite délégué à tous les congrès régionaux et internationaux de l’AIT jusqu’à celui de La Haye, où ses camarades Michel Bakounine et James Guillaume se virent exclus de l’Internationale.

Auparavant, il s’était rendu à Paris après la chute de la Commune, porteur de faux passeports destinés à faciliter la fuite de communards en Suisse (voir aussi Gustave Jeanneret).

Il collaborait régulièrement aux journaux de l’AIT, notamment au Bulletin de la Fédération jurassienne, dont il fut longtemps l’administrateur. Son frère Léon était aussi militant de la Fédération jurassienne. Au congrès de 1880, Adhémar Schwitzguébel présenta un Programme socialiste où il exposait systématiquement comment parvenir à une société sans lois ni autorité. Mais, par souci de réalisme, il se mit à défendre la participation aux élections et la constitution d’un parti politique d’opposition.

Depuis la mort de son père en 1879, il connaissait de grandes difficultés financières et sa famille (qui comptait huit enfants) était réduite à la misère. Il déménagea à Bienne en 1889, où il accepta en 1891 le poste d’adjoint au Secrétariat ouvrier suisse, organisme officiel. Il continua de faire de la propagande et de créer des organisations ouvrières, notamment la Fédération ouvrière horlogère qui disparut en 1895.

C’est cette même année qu’il mourut d’une tumeur à l’estomac. Son fils Adhémar junior (mort en 1947) fut lui aussi syndicaliste révolutionnaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153962, notice SCHWITZGUEBEL Adhémar [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, version mise en ligne le 7 avril 2014, dernière modification le 18 juillet 2021.

Par Marianne Enckell

ŒUVRE : Quelques écrits, avec une biographie par James Guillaume, Stock, 1908.

SOURCES : Chantier biographique des anarchistes en Suisse — Maurice Colombo, "Adhémar Schwitzguébel," Itinéraire, No 14, 1998 — Christoph Lötscher, Vereinigt euch ! Adhémar Schwitzguébels Leben für die Arbeiterbewegung, eine Annäherung, Bienne, 2007 — Marc Vuilleumier, Histoire et combats, Lausanne 2012. — Maud Reveilhac, Adhémar Schwitzguebel : Pour une pensée pragmatique et libertaire de l’organisation démocratique, Université de Lausanne, 2016.

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