FRANSSEN Gustave, Nicolas, Auguste [Dictionnaire des anarchistes]

Par Notice complétée par Marianne Enckell

Né le 21 mars 1874 à Levallois-Perret (Seine) ; mort le 26 septembre 1950 à Paris (XIIe arr.) ; fils de marchands de vins ; correcteur ; syndicaliste révolutionnaire et libertaire.

Gustave Franssen en 1948.
Gustave Franssen en 1948.

Gustave Franssen joua un rôle important au syndicat des correcteurs dont il fut à plusieurs reprises secrétaire durant la période 1905-1918.

En 1899, il devint teneur de copie, c’est-à-dire aide-correcteur au Journal du Peuple qui parut du 6 février au 3 décembre, quotidien dirigé par Sébastien Faure* dont la plupart des membres de la rédaction étaient anarchistes ou sympathisants et où il fit connaissance d’Albin Villeval*, compositeur-typographe, de Charles Malato*, d’Émile Pouget*, etc. Villeval fit connaître à Franssen la 21e section (chambre typographique) de la Fédération du Livre, mais Franssen, simple teneur de copie, ne put alors entrer au syndicat des correcteurs et se trouva sans travail en décembre 1899 après la disparition du Journal du Peuple. Il trouva emploi à l’imprimerie Lahure, rue de Fleurus, Paris VIe arr. où il resta six ans. Les conditions de travail y étaient pénibles : journée de travail de dix heures, deux ou trois heures de travail supplémentaires le soir à domicile, salaire de 6 f par jour.

Le 15 décembre 1899, Franssen avait adhéré au syndicat des correcteurs et, sur la demande de Georges Yvetot*, entra au comité fédéral des Bourses du Travail. Dès 1900 (cf. Arch. Nat. F7/13 933), il fut délégué de son syndicat au comité de la grève générale. En 1905, l’influence de Villeval s’affirma au syndicat des correcteurs ; avec Franssen, ils en furent, de 1905 à 1918, les animateurs (Franssen en fut le secrétaire de 1910 à 1912). Les effectifs doublèrent de 1905 à 1913, atteignant alors cent dix membres. Franssen et Villeval, épaulés par toute une équipe de jeunes syndicalistes révolutionnaires, obtinrent satisfaction en ce qui concerne les principales revendications des correcteurs et jouèrent un rôle important dans les congrès de la fédération du Livre.

Toute sa vie, Franssen demeura fidèle à la Charte d’Amiens et au syndicalisme révolutionnaire. De 1926 à 1932, il mena campagne pour la survie de cet esprit. Avec l’appui de Lecoin*, Villeval, Monatte*, etc., il réussit, en 1932, à redonner vie aux principes de la Charte d’Amiens dans le cadre du syndicat des correcteurs. Cette même année, il fut élu à la commission de contrôle du syndicat. Dans une conférence faite en 1938, aux ouvriers du Livre, il affirmait : « Le syndicalisme révolutionnaire suffit entièrement pour ce travail de libération que vous poursuivez comme nous l’avons fait avant vous. » Franssen tenait alors librairie dans le Ve arr., 11, rue de Cluny (c’était aussi le siège de la revue Plus loin, dont il assurait l’administration) ; elle déménagea 1, place Paul-Painlevé en automne 1937.

De 1942 à 1944, nombreux étant les militants prisonniers ou clandestins, Franssen accepta de faire partie du comité syndical pour aider au maintien de l’organisation dans sa ligne d’antan.

Franssen collabora après la guerre à la revue CQFD de Louis Louvet*. Malgré des relations parfois difficiles avec les compagnons anarchistes, il assura avec Jacques Doubinsky* l’édition de la Révolution inconnue de Voline* (Paris, 1947, 690 p.), dont il rédigea la préface, et chercha activement à diffuser et à faire traduire l’ouvrage. Lorsqu’il mourut en 1950 des suites d’une intervention chirurgicale, il était le plus ancien adhérent du syndicat des correcteurs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153974, notice FRANSSEN Gustave, Nicolas, Auguste [Dictionnaire des anarchistes] par Notice complétée par Marianne Enckell, version mise en ligne le 3 avril 2014, dernière modification le 3 juillet 2020.

Par Notice complétée par Marianne Enckell

Gustave Franssen en 1948.
Gustave Franssen en 1948.

SOURCES : Archives et Bulletin du syndicat des correcteurs. — Documentation réunie par Y. Blondeau. — Lettres à Carlo Frigerio (Genève), 1948, archives CIRA Lausanne.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable