CHAZEAUD Jules [Dictionnaire des anarchistes]

Par Guillaume Davranche

Né le 7 décembre 1874 à Lyon (Rhône), mort le 18 janvier 1922 à Lyon ; ouvrier bijoutier ; anarchiste et syndicaliste.

Le 16 octobre 1894, Jules Chazeaud contracta un engagement volontaire dans l’armée et fut incorporé au 121e régiment d’infanterie. Il passa caporal le 5 novembre 1897, et fut libéré le 16 octobre 1898 avec le certificat de bonne conduite.

Lorsque l’Union des syndicats de Lyon fut constituée, en 1905, l’anarchiste Chazeaud en fut le secrétaire général. L’Union des syndicats, adhérente à la CGT, menait une active propagande antimilitariste, se montrait hostile au PS, et constitua une section de l’Association internationale antimilitariste (AIA).

Avec Auguste Buffin, Chazeaud joua également le rôle, par défaut, de régisseur de la bourse du travail.

En mai 1905, en pleine campagne de la CGT pour les huit heures et la grève générale du 1er mai 1906, le maire de Lyon, Augagneur, engagea un bras de fer pour priver la CGT de la régie et en confier le poste à un employé municipal. Chazeaud fit alors afficher sur les grilles du bâtiment que la CGT ne bougerait que manu militari. Un grand meeting syndicaliste de protestation fut organisé le 24 septembre. Augagneur, en accord avec la préfecture, fit alors fermer la bourse le 4 octobre 1905. L’Union des syndicats de Lyon déménagea son siège dans un café, au 44, cours Morand, puis au 51, rue Tronchet.

Ce conflit avec la mairie divisa cependant la CGT, entre une ligne dure incarnée par Chazeaud, et une ligne conciliatrice incarnée par certains syndicats qui conservèrent leur bureau à la bourse, avec l’accord de la mairie. Cette situation provoqua une scission dans l’Union des syndicats de Lyon, et la régie de la bourse du travail passa aux mains des syndicalistes réformistes.

En octobre 1906, Chazeaud assista au congrès CGT d’Amiens. Il cosigna la motion présentée par Victor Griffuelhes et passée à la postérité sous le nom de Charte d’Amiens. Le conflit de Lyon fut évoqué dans les débats, et la tactique de Chazeaud fut critiquée, pour n’avoir pas su maintenir l’unité de l’Union des syndicats.

Finalement, c’est par l’entremise de Georges Yvetot que la réunification des syndicats lyonnais put s’opérer. Chazeaud, trop intransigeant, fut écarté et, le 24 avril 1907, remplacé au secrétariat par Claude Legouhy. Puis, en juin, l’Union des syndicats du Rhône fut constituée, regroupant aussi bien les révolutionnaires de l’Union des syndicats de Lyon que les réformistes de la bourse du travail. Chazeaud conserva néanmoins un rôle d’animation dans l’Union, avec Grand.

Délégué au congrès de l’Union fédérale des ouvriers métallurgistes, du 18 au 21 septembre 1907, il s’affirma libertaire mais défendit la liberté, pour Jean Latapie, d’écrire dans L’Humanité si cela lui chantait.

En juillet 1907, il cosigna le manifeste « Bravo ! L’armée antimilitariste ! » qui glorifiait la mutinerie des soldats du 17e régiment d’infanterie à Béziers. Le 29 novembre, il comparut devant les assises du Rhône, où il déclara qu’il était devenu antimilitariste au régiment : « La caserne est un vaste lupanar dans lequel les catins portent le pantalon rouge au lieu du jupon ». Il fit également des déclarations anticapitalistes des plus violentes : « Attendez-vous à orner bientôt quelques réverbères, MM. les jurés, alors les moissons pousseront plus drues sur le terrain fertilisé par le sang de vos amis et les cadavres de vos partisans. » Cela n’empêcha pas le jury d’acquitter l’ensemble des inculpés (voir Albert Bécirard).

Le 10 décembre 1909, Chazeaud fut réformé n°2 de l’armée pour « gastro-entérite chronique avec anémie très prononcée et faiblesse générale ».

Non mobilisé en 1914, il fut maintenu réformé n°2 par le conseil de révision le 17 décembre 1914.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153987, notice CHAZEAUD Jules [Dictionnaire des anarchistes] par Guillaume Davranche, version mise en ligne le 18 avril 2014, dernière modification le 1er novembre 2022.

Par Guillaume Davranche

SOURCES : Arch. Nat. F7/13567. — Registres militaires du Rhône. — Arch. Dép. Rhône, série M, grèves 1905-1906 et 10 M, 1er mai 1907-1919. — L’Humanité du 21 septembre 1907. — Le Libertaire, 8 décembre 1907. — David Rappe, La Bourse du travail de Lyon, ACL, 2004.

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