GIRARDIN Jean [dit Bouboule] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Né le 4 mars 1902 à Paris (Ve arr.), mort le 16 août 1954 à Paris (XXe arr.) ; sangleur de journaux. Militant anarchiste et syndicaliste de Paris. Gérant du Libertaire et membre de la commission administrative de l’UA.

Il était le frère de l’anarchiste Georges Girardin et le compagnon d’Henriette, Désirée Pronier dite Royo.

Sangleur de journaux à la sortie des rotatives, Jean Girardin appartint de 1919 à 1922 aux Jeunesses syndicalistes du XIIIe arrondissement dont il devint le secrétaire et, en février 1921, il fut secrétaire adjoint du bureau du comité d’entente de la Seine. Il milita au groupe des Jeunesses révolutionnaires de Paris.
Le 11 mai 1922, il fut incorporé au 56e régiment d’infanterie et réformé le 17 juin suivant.
En 1923, il donna son adhésion au groupe anarchiste du XVe arrondissement et fut secrétaire de la Fédération anarchiste de la région parisienne du 25 janvier au 12 juillet 1926.
Fin 1924 il était le correspondant international en espéranto de la Jeunesse syndicaliste dont le siège était 18 rue de Cambronne (XVe) et dont le secrétaire était C. Cibois.
Le 15 mai 1925, il avait replacé Achille Lausille à la gérance du Libertaire.
En août 1925, il avait été poursuivi avec Lacroix et Chazoff, pour "provocations de militaires à la désobéissance dans un but de propagande anarchiste" à la suite de la publication par le Libertaire d’une affiche « A bas la guerre » placardée sur les murs de France.
Emprisonné avec Achille Lausille en 1925 à La Santé, tous deux se solidarisaient avec Chazoff, également emprisonné à la Santé et demandaient la réduction du quart de sa peine : tous trois faisaient une grève de la faim de vingt cinq jours et obtenaient satisfaction.
Le 21 janvier 1926, il était condamné à un mois de prison et 500 fr. d’amende, pour provocation de militaires à la désobéissance, dans un but de propagande anarchiste.
En avril 1926, il était condamné à 3 mois et à une peine supplémentaire de un an de prison (contrainte par corps pour des amendes non payées lors de procès antérieurs du Libertaire).
Il fut arrêté en octobre 1926 et de nouveau emprisonné à Fresnes puis au quartier politique à La Santé où il effectua sa peine de trois mois de prison.
Fin octobre 1926 il avait été remplacé à la gérance du Libertaire par Louis Loreal.
En décembre 1926, il avait été condamné par défaut, à 500 francs d’amende et 5.000 francs de dommages et intérêts sur plainte d’un curé de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), à la suite de l’article "Entre curés" publié dans le Libertaire du 8 janvier 1926 et signé Emile Rousset.
Durant sa détention, le 11 janvier 1927, il avait été condamné par la 11e chambre correctionnelle à 4 mois de prison, comme gérant, pour l’article paru dans le Libertaire du 24 septembre 1926, signé FDLR, dans lequel l’auteur commentait le geste de l’anarchiste italien Lucetti, auteur d’un attentat contre Mussolini.
Le 21 janvier 1927, il écrivit au ministre de la justice, pour demander à effectuer sa peine de contrainte par corps d’un an au quartier politique de la Santé et non à Fresnes avec les droits communs. Il annonçait que s’il n’obtenait pas satisfaction, il entreprendrait une grève de la faim.
Le 4 février 1927, le Libertaire annonçait que Girardin avait été retransféré au quartier politique.
Fin mai 1927, avec Chazoff (libéré avant la fin du mouvement) Lausille et Bucco, ils menait une nouvelle grève de la faim avec ses compagnons pour obtenir la réduction du quart de peine accordée depuis 20 ans à tous les détenus politiques sans exception. Au bout de 18 jours de grève, ils furent transférés à l’hôpital Cochin.
Le 15 juin 1927, alors qu’il se trouvait depuis 9 jours à l’hôpital Cochin, il bénéficiait d’une mesure de grâce.
Depuis octobre 1927, il demeurait chez sa maîtresse 13 rue Eugène Varlin.
Après le congrès de l’UACR tenu à Paris, 30 octobre-1er novembre 1927, il fit partie de la commission administrative où il représenta la Fédération du Nord et fut nommé trésorier de la Fédération anarchiste de la région parisienne, fonction qui lui avait été renouvelée le 27 août 1928. Il faisait également partie de la commission de contrôle du Libertaire.
Pour l’affaire du curé de Vitry-sur-Seine, il fut condamné le 17 janvier 1928, par la 12e chambre correctionnelle, pour diffamation envers l’abbé Covin à 300 francs d’amende et 1000 francs de dommages et intérêts . Dans le Libertaire du 16 mars 1928, il annonça qu’il avait à payer, comme ancien gérant, une somme de 3018 fr. sous menace de contrainte par corps, à cause de cette affaire et qu’il ne paierait pas. Le curé fit envoyer un huissier au Libertaire en juillet 1928, mais rien ne put être saisi.
Opposé à la thèse synthésiste de Sébastien Faure, il intervint au congrès de l’UACR qui eut lieu à Amiens, 12-15 août 1928, et fut élu à la commission administrative où il représentait avec Even et Mualdès les XIXe et XXe arrondissements de Paris. Il fut également nommé représentant de l’UACR au Comité de l’Entraide. Il avait également adhéré dès sa fondation début 1928 au groupe des Amis du Libertaire dont Faucier était le secrétaire. Par ailleurs, il était le gérant du journal anarchiste en langue espagnole Tiempos Nuevos, interdit en France
En avril 1928, il avait été candidat anarchiste-communiste aux élections législatives dans la 2e circonscription du XIXe arrondissement.
En mai 1929 il avait été candidat « pour la forme » lors des élections municipales dans le 5e arrondissement, aux cotés de Eychenne, Durand et Morinière.
En janvier 1930, il proposa, avec Lecoin et Mualdès que le prochain congrès de l’UACR se divise en deux parties : « A la première partie du congrès (2 jours) seraient invités tous les anarchistes communistes autres que les membres de l’U. A. (individualités ayant montré leur attachement au Libertaire, abonnés, souscripteurs, etc., et les anarchistes communistes appartenant à l’A. F. A. La deuxième partie du congrès (2 jours) ne réunirait que les adhérents de l’U. A. C. R. et déciderait en toute liberté en tenant compte des suggestions et indications apportées par le congrès élargi. » C’était une proposition claire d’unité des anarchistes, position qu’il avait déjà défendue, sans succès pour le congrès d’Amiens.
Il participa au congrès de l’UACR qui se tint à Paris, 19-21 avril 1930 et fut élu administrateur du Libertaire et de la librairie d’éditions sociales et de nouveau, membre de la commission administrative. Au congrès de l’UACR à Toulouse, 17 et 18 octobre 1931, il fut encore élu à la même commission où il représentait avec Henriette Royo, les Xe, XVIIIe et XIXe arr. de Paris.
Jean Girardin fut, à partir de 1931, trésorier du comité d’action contre les prisons militaires et pour l’amnistie et, jusqu’en octobre 1932, secrétaire du groupe parisien des "Amis du Libertaire" où il fut remplacé par Jean-Paul Gravereau. Sa compagne, Henriette Royo avait également été remplacée à la trésorerie du groupe par Rachel Lantier.
Le 3 avril 1932, il donna sa démission de la commission administrative de l’UACR, à la suite de dissensions à propos de la gestion du Libertaire. Il fut remplacé comme administrateur délégué du Libertaire par Frémont.
Girardin adhéra ensuite à la Ligue Internationale des combattants de la Paix, dirigée par Victor Méric. Il devint le trésorier de la 10e section.
Le 26 juin 1932, il assistait au 1er congrès de la Ligue.
Le 7 octobre 1932, il rompait avec l’Union anarchiste et le Libertaire et donna sa démission de secrétaire du groupe de Paris des Amis du Libertaire où il fut remplacé par Jean Gravereau. Il resta abonné au Libertaire et continua à fréquenter les réunions anarchistes.
En 1933 il fut le gérant du journal anarchiste italien Lotta Anarchica (Paris, 8 numéros du 15 décembre 1933 à février 1935) dont les principaux rédacteurs étaient Leonida Mastrodicasa, Virgilio Gozzoli, Amleto Astolfi et Remo Franchini.
Il fut également le gérant du journal pacifiste La Patrie Humaine, en remplacement de Louis Raffin, dit Loréal, arrêté le 7 février 1936 et de la Voix nouvelle en janvier 1937.
Toujours membre de la commission administrative après le congrès de l’UA, dit congrès de l’unité qui eut lieu à Paris les 20 et 21 mai 1934, il assista enfin à celui qui se tint également à Paris les 12 et 13 avril 1936.
A partir de 1935 il était membre de la Phalange de soutien au Libertaire. Il demeurait alors 13 rue Eugène Varlin à Paris 10ème et figurait sur la liste de vérifications de domiciles d’anarchistes.
Selon le témoignage d’André Senez, il avait été, avec René Frémont, Ribeyron, Nicolas Faucier, l’un des délégués de l’Union Anarchiste à l’assemblée constitutive du Front populaire en mai 1936.
En 1939, il était toujours un militant en vue à l’Union anarchiste et demeurait 6 Passage Sainte Avoie (3ème arr.).
Avant l’Occupation, il travaillait au journal Paris Soir, dont il fut licencié avant septembre 1940.
Du 2 avril 1942 au mois d’avril 1945, il habitait 216 bis rue des Pyrénées où Henriette Pronier était concierge.
Le 6 mars 1947, à Paris (XXe arr.) il épousait Henriette Désirée Pronier, sa maîtresse.
Depuis la Libération, il était employé au service d’impression de l’Humanité.
En 1950 il demeurait au 216 bis rue des Pyrénées, Paris XXe, et figurait toujours sur la liste des domiciles anarchistes à vérifier par la police.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153991, notice GIRARDIN Jean [dit Bouboule] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, Dominique Petit, version mise en ligne le 4 janvier 2017, dernière modification le 8 janvier 2022.

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, Dominique Petit

SOURCES :
Le Cri des Jeunes syndicalistes, 1919-1922. — Liberté, 1er novembre 1970 — Archives de la Préfecture de police 1 W 284 et 77 W 1446-13127 (documents transmis par Gilles Morin) ; Ba 1899, 1900, 211 W 2 — Le Libertaire, années 1924, 4 septembre 1925, 29 octobre 1926, 20 mai, 28 janvier 1927, 10, 17 juin, 1er juillet, 16 décembre 1927, 20 janvier, 16 mars, 27 juillet, 31 août 1928 (compte rendu du congrès d’Amiens) , 20 avril 1929, 11 janvier, 29 mars 1930, 1937— Bulletin du CIRA, Marseille, n°26/27, 1986 (Témoignage d’André Senez) — Archives nationales fonds de Moscou 200 10216/170 et 20010216/201 — Notice Jean Girardin du Dictionnaire des militants anarchistes.

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