GOURMELON Paul, Florent [Dictionnaire des anarchistes]

Fils de Edmond, ajusteur au port, et de Léonie Labat, militant du cercle néo-malthusien de Brest, Paul Gourmelon, qualifié par la police « d’anarchiste dangereux », fut élu en décembre 1910 trésorier de la Bourse du travail. Il fut également l’un des responsables (trésorier) de l’Union départementale de la CGT aux côtés de Victor Pengam et J. Rouillier*. Il collaborait à la rubrique Le journal d’un bon bougre de l’organe régional Le Finistère syndicaliste.

Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1911, il fut arrêté alors qu’il sabotait les lignes télégraphiques sur la voie ferrée de Brest. Lors de la perquisition menée dans son placard à l’arsenal, la police découvrit la matrice d’un tract néo-malthusien en faveur de la contraception et de l’avortement. Traduit devant le conseil de guerre, il fut condamné à deux ans de prison et révoqué. En prison, où il servit comme infirmier, il distribua aux autres détenus de la propagande néo-malthusienne et révolutionnaire ce qui lui coûta une condamnation à 60 jours de cachot dont il sortit dans un très mauvais état physique.

A sa libération en septembre 1913, "quelques députés socialistes seraient" selon un rapport de police "intervenus en sa faveur auprès du Ministère de la Marine pour obtenir sa réintégration" à l’arsenal mais Gourmelon quitta alors Brest et se fixa en région parisienne à Gennevilliers. Il fut mobilisé à Brest pendant la première guerre mondiale.

Dès 1919, il participa avec Pengam à la réorganisation du mouvement libertaire et ouvrier à Brest. Le 15 décembre 1920, il fut l’un des sept anarchistes élus au conseil d’administration de la Maison du Peuple avec J. Le Gall*, R. Martin, Le Bre, R. Y. Guena, H. Cadec* et J. Treguer*. En son sein, il s’occupa plus particulièrement de la bibliothèque. Lors de la scisison et de la fondation de la CGTU, il choisit avec notamment Guena et Tréguier de rester à la CGT. En 1921, il fut membre du comité en faveur de Sacco et Vanzetti et appartint avec Martin, Le Gall et Tréguier au groupe libertaire qui se réunissait à l’ancienne Bourse du travail, 14 rue Guyot. Il fut également le secrétaire général de la Bourse du travail et le trésorier de l’Union départementale.

En 1922, il collabora au périodique Le Finistère syndicaliste. Membre du Comité de Défense Sociale, il représenta, en 1923, la Bourse du travail au Comité de vigilance et d’action contre les menaces fascistes d’Action Française et autres groupes réactionnaires qui avait été fondé le 6 juillet 1923 par R. Martin et dont le bureau de 10 membres comprenait 6 anarchistes et 4 communistes. Il travailla à cette époque à la coopérative de production L’Egalitaire dont il fut un temps le directeur ; tuberculeux, il la quitta vers 1925 pour des raisons de santé.

Il collabora au Libertaire et sous les pseudonymes de Paulus et de Mahurec à l’organe mensuel Le Flambeau (Brest, 80 numéros du 1er juin 1927 au 5 juin 1934) dont les responsables étaient R. Martin et J. Treguer.

Le 15 juillet 1927, suite à l’émission d’un chèque frauduleux dont des experts graphologues estimèrent qu’il en était l’auteur, Gourmelon fut arrêté et emprisonné. Alors que Louis Lecoin* s’apprêtait à lancer une campagne pour sa libération, Paul Gourmelon décédait de tuberculose en prison le 9 novembre 1928 avant même d’avoir été jugé. Une foule très importante assista à ses obsèques.