JOULIN Robert, Eugène, Clément [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice révisée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy

Né le 7 novembre 1911 à Bouquetot (Eure), mort à Bourg-Achard (Eure) le 20 octobre 2001 ; employé SNCF puis ouvrier du Livre ; communiste libertaire ; syndicaliste Force ouvrière (FO) puis indépendant CFT du Livre de la région parisienne.

Liste libertaire aux législatives de janvier 1956.

Marié le 12 août 1934 à Leuhan (Finistère), au chômage depuis 1937, Robert Joulin était, en 1939, membre du groupe de Saint-Denis de l’Union anarchiste (UA), et responsable du secteur nord de la fédération parisienne de l’UA. Le 19 mars 1939, il fut nommé délégué à la propagande par le congrès de la fédération parisienne de l’UA, poste qu’il assura jusqu’à sa mobilisation en septembre 1939.

Après sa démobilisation, il fut, de décembre 1940 à mars 1941, porteur à la gare Saint-Lazare

A la Libération, Robert Joulin entra à la commission administrative de la Fédération anarchiste (voir Henri Bouyé). Permanent de la FA, il fut administrateur du Libertaire d’octobre 1946 à juin 1950, et du même coup, durant cette période, administrateur du Lien (bulletin interne de la FA) et du bulletin de laCommission de relations internationales anarchistes (CRIA). Il écrivit dans la revue de la FA, Plus loin. Robert Joulin habitait alors au 75, rue du Poteau, à Paris 18e.

Il fut aussi l’un des responsables du bulletin Unabhängige Sozialistische Blätter, publié en 1948-1949 avec le soutien de la CRIA.

Adhérent à la Fédération des travailleurs du Rail (FTR) de la CNT-F, Robert Joulin représenta le comité national de la FA au IIe congrès de la FTR, le 23 septembre 1948 à Toulouse. Dans la foulée, il participa au IIe congrès confédéral de la CNT-F, tenu du 24 au 26 septembre. Il y fut élu administrateur du Combat syndicaliste. L’année suivante, il fut élu trésorier adjoint de la FTR, lors du IIIe congrès fédéral, tenu à Paris, salle des Sociétés-savantes, les 8 et 9 octobre 1949. Il resta membre de la rédaction du Combat syndicaliste jusqu’en 1950.

Militant du groupe Bakounine de la FA, à Paris 18e, Joulin fut, à partir de 1950, membre de l’Organisation Pensée Bataille (OPB, voir Georges Fontenis). Il appartenait également à la Commission d’autodéfense de la FA.

Robert Joulin fut délégué de Paris-nord au congrès de la FA tenu à Paris du 23 au 25 mai 1953. A l’issue des débats, il fut élu à la commission de contrôle avec Froget* et Mulot*. En décembre 1953, à l’issue d’un référendum, la FA fut rebaptisée Fédération communiste libertaire (FCL).

En mars 1954, il redevint gérant du Libertaire, en remplacement de René Lustre*. Hormis une interruption de deux mois, il le resta jusqu’en mai 1955, date à laquelle il fut remplacé par Georges Fontenis. Robert Joulin était à cette époque militant de la fédération du Livre CGT et travaillait semble-t-il aux Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP).

Avec la guerre d’Algérie, les poursuites judiciaires contre Le Libertaire s’accumulèrent et Robert Joulin, en tant que gérant, en endossa une large partie. En novembre 1954 il fut arrêté et inculpé d’atteinte à la sureté extérieure de l’État pour l’affiche Vive l’Algérie libre. Il fut de nouveau inculpé à l’été 1955, le 2 février 1956, puis le 24 février 1956, pour « diffamation envers les armées » après un article dénonçant la répression et la torture.

Il fut candidat sur la liste Le Libertaire aux élections législatives de janvier 1956 dans la Seine. La liste obtint 2617 voix.

Le Libertaire cessa de paraître le 14 juillet 1956, après avoir totalisé 7 numéros saisis, plus de 200 inculpations, 26 mois de prison et 3 millions de francs d’amende pour sa campagne en faveur de l’indépendance algérienne.

Lors du conseil national de la FCL du 17 juillet 1956, Robert Joulin fut de ceux qui s’opposèrent au passage à la clandestinité des militants poursuivis.

Après le démantèlement de la FCL, il devint, lors de sa création le 16 janvier 1965, archiviste et membre du bureau du Syndicat national FO des cadres techniques et administratifs du Livre. Ce syndicat revendiqua alors 156 adhérents.
Robert Joulin demeurait alors dans le XVIIIe arrondissement de Paris.

Brigadier aux NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne) et demeurant toujours dans le même arrondissement, Robert Joulin fut élu ou réélu, lors de l’assemblée générale du 28 février 1970, trésorier du syndicat graphique indépendant, affilié à la CFT (Confédération française du travail).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article153998, notice JOULIN Robert, Eugène, Clément [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice révisée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy, version mise en ligne le 11 avril 2014, dernière modification le 26 mars 2022.

Par Jean Maitron, notice révisée par Guillaume Davranche et Rolf Dupuy

Liste libertaire aux législatives de janvier 1956.

SOURCES : État civil de Bouquetot. — Arch PPo, carton 50 et BA/1900. — Arch. Nat. 1976124/1003. — Comptes rendus des congrès de la FTR-CNT — René Bianco, « Un siècle de presse… », op. cit. — Julien Loncle, « Histoire d’un courant anarcho-syndicaliste français : la CNT de 1945 à 1995 », mémoire de maîtrise, université de Bourgogne, 2002. — Georges Fontenis, Changer le monde, Alternative libertaire, 2008. — Notes de Marianne Enckell, Louis Botella, Marie-Cécile Bouju.

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