LENTENTE Pierre [Pierre, Célestin Lentengre, dit] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy

Né le 17 décembre 1890 à Paris 19e, mort le 20 mars 1982 à Draguignan (Var) ; mécanicien puis comptable ; anarchiste et anarcho-syndicaliste.

Au début des années 1920, Pierre Lentengre, dit Lentente, avait fondé un groupe anarchiste à Paris 19e et collaborait au Libertaire. Du 2 au 4 décembre 1922, il participa au IIIe congrès de l’Union anarchiste (UA) tenu à Levallois-Perret.

Fin mai 1923, suite à un article de soutien à Germaine Berton* dans Le Libertaire, il fut condamné à six mois de prison et incarcéré jusqu’en septembre. Membre du conseil d’administration du Libertaire avec, entre autres, Séverin Férandel*, il devint administrateur du quotidien en remplacement de Georges Vidal* le 11 décembre 1923. Il resta à ce poste jusqu’au 14 décembre 1924, date à laquelle il fut remplacé par Henri Delecourt*, nommé par le congrès de l’UA de novembre à Paris. En parallèle, il avait été administrateur de La Revue anarchiste.

Pierre Lentente était également syndicaliste, et fit partie de la minorité « anarcho-syndicaliste » qui, courant 1924, rompit avec la CGTU et se regroupa dans l’Union fédérative des syndicats autonomes (UFSA). Lors de la conférence de Saint-Ouen, le 28 juin 1925, il fut désigné archiviste de cette UFSA (voir Lucien Huart).

Au congrès de l’UA tenu à Pantin du 31 octobre au 2 novembre 1925, il fut élu au comité d’initiative de l’UA, poste auquel il fut reconduit en juillet 1926, au congrès d’Orléans, où l’organisation se rebaptisa Union anarchiste communiste (UAC). En novembre, il adhéra à la CGT-SR, qui venait de voir le jour au congrès de Lyon.

En 1927, Pierre Lentente accompagna Sébastien Faure dans une tournée de conférences dont il assura l’organisation matérielle.

Au congrès de Paris tenu du 30 octobre au 1er novembre 1927, l’UAC adopta des statuts inspirés de la « Plate-forme » (voir Piotr Archinov) et se rebaptisa Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR). Une minorité hostile à la Plate-forme scissionna alors et fonda l’Association des Fédéralistes Anarchistes (AFA). Pierre Lentente en assura provisoirement le secrétariat, jusqu’à son remplacment par René Darsouze*, en février 1928.

Secrétaire du groupe Fernand Pelloutier (Paris 20e) de l’AFA, Pierre Lentente fut le rédacteur et administrateur de son premier organe, Le Trait d’union libertaire, dont seuls 4 numéros parurent, de janvier à avril 1928. Il réalisa ensuite les 6 premiers numéros de La Voix libertaire, de mai à octobre 1928, avant que le titre soit transféré à Limoges.

En 1929 il était l’un des responsables, avec Marius Theureau*, G. Grégoire*, Gaston Rolland* et Maurice Langlois*, de la Colonie enfantine libertaire qui, au cours des deux mois d’été, allait envoyer cinq enfants d’ouvriers à la campagne, chez Jeanne Morand.

Lors de son congrès tenu tenu du 19 au 21 avril 1930 à Paris, l’UACR abandonna le plate-formisme. Pierre Lentente, qui avait cosigné le « Manifeste des anarchistes communistes », favorable à une réunification, fut élu à la commission administrative de l’UACR. L’AFA cessa alors d’être une organisation frontalement concurrente. Lentente en resta membre et, en 1933 devait même en être le secrétaire.

A cette époque, il collabora à l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure.

Du 11 au 13 novembre 1932 il fut délégué du syndicat des métaux de la région parisienne au IVe congrès de la CGT-SR. Il fut élu à la commission administrative et administrateur du Combat syndicaliste. Il habitait alors au 34, rue Curial, à Paris 19e.

Après l’émeute d’extrême droite du 6 février 1934, il plaida pour l’unité d’action antifasciste dans Le Combat syndicaliste du 16 février 1934.

Le 30 juillet 1936, il fut l’un des orateurs, avec Justin Olive*, Raoul Chenard*, Pierre Besnard et Sébastien Faure, du grand meeting organisé par la CGT-SR à la Mutualité, à Paris, en hommage et soutien aux camarades étrangers : Erich Mühsam assassiné en Allemagne et sa compagne Zensl emprisonnée en URSS, Alexandre Berkman mort en exil, Francisco Ascaso et Manuel Pérez tués en Espagne, Simon Radowitzky emprisonné en Uruguay et Valeriano Orobon qui venait de décéder en Espagne. Il parla également lors d’un meeting de soutien à l’Espagne libre, tenu à la Mutualité le 1er octobre 1936.

A la Libération, Pierre Lentente habitait 55, rue Pixérécourt, à Paris 20e, souscrivait régulièrement au Libertaire et diffusait les fascicules de l’Encyclopédie anarchiste. Il habita ensuite Le Pré-Saint-Gervais, où son domicile figurait sur les listes établies par la police.

En 1948, il fut, avec Justin Olive le premier secrétaire du groupe parisien de la Société des Amis de Sébastien Faure, association fondée à Lyon à la Libération pour faire connaître la vie et l’oeuvre du grand homme. Les autres membres du bureau étaient Valentin Buatois*, Benoit Perrier* et Claude Badin*. Responsable des éditions de l’association jusqu’en 1955, Lentente édita deux ouvrages de Sébastien Faure : Mon communisme et Propos subversifs. Il participa ensuite à La Ruche culturelle, nouveau nom de l’association en 1958, dont les responsables étaient Justin Olive et André Maille*.

A l’automne 1952 il fut, entre autres avec P.-V. Berthier*, membre du Centre de recherches philosociales qui, chaque semaine, organisait des débats à la salle des Sociétés-savantes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154029, notice LENTENTE Pierre [Pierre, Célestin Lentengre, dit] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 12 mars 2014, dernière modification le 18 janvier 2019.

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy

ŒUVRE : (avec Aristide Lapeyre*), La Fin douloureuse de Sébastien Faure,apôtre libertaire de la paix. Lettres aux amis, La Ruche ouvrière, 1957.

SOURCES : État civil de Paris 19e — Arch PPo BA/1900 — Plus Loin, année 1929 — Le Combat syndicaliste du 9 octobre 1936 — Contre-Courant n° 75, janvier 1957 —Samuel Jospin, « La CGT-SR à travers son journal Le Combat syndicaliste, 1926-1927 », mémoire de maîtrise, Paris-I, 1974 — Jean Maitron, Le Mouvement anarchiste en France, Gallimard, 1975 — René Bianco « Un siècle de presse... », op. cit. — Lettre de Pierre Lentente, s.d.

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