LOBEL Alfred [Dictionnaire des anarchistes]

Par Pierre Broué, notice complétée par Edouard Sill

Né le 15 juin 1879 à Paris (11e arr.) , mort le 1er décembre 1953 ; ouvrier métallurgiste ; militant anarcho-syndicaliste de Grenoble (Isère) ; volontaire en Espagne.

Fils d’un ébéniste et d’une couturière, Alfred Lobel se matia à Villiers-sur-Marne en 1899. Il était en 1919 le secrétaire du syndicat CGT des métaux de Grenoble qu’il représentait au bureau de l’UD et où il était l’un des chefs de file du courant syndicaliste révolutionnaire et anarcho-syndicaliste. Enthousiasmé par la révolution russe et fondateur à Grenoble du groupe Clarté, il joua un rôle très actif dans la campagne de solidarité menée par la CGT contre l’intervention des alliés en Russie. Lors d’un meeting de l’Union des syndicats le 24 octobre 1919, il appela à la « grève générale révolutionnaire » de soutien à la révolution russe et exalta la mémoire de Jeanne Labourbe assassinée par les blancs à Odessa en mars précédent et l’exemple de Jacques Sadoul, membre du Groupe Communiste français de Moscou, qui venait d’être condamné par un conseil de guerre pour « désertion à l’étranger en temps de guerre ».

Au printemps 1920, lors du mouvement de grève dans la métallurgie de la région, Alfred Lobel, qui en février avait été élu à la commission exécutive de l’UD-CGT, fut arrêté alors qu’il tentait de déclencher le mouvement devant la porte de l’usine Raymond-Boutons : il fut condamné le 1er juin à 6 mois de prison ferme et incarcéré jusqu’au 8 novembre. Lobel continua ensuite à militer à la CGTU et fut sans doute, sinon militant, sympathisant du parti communiste. En 1931, il intervint au nom de la CGTU aux côtés du militant communiste Alexandre Richetta dans la grève des textiles de Moirans.

Syndiqué à la CGTSR, ou bien proche de celle-ci, il partit à Barcelone fin 1936 et rejoignit la Section française de Barcelone (comité unitaire des organisations anarchistes françaises) dont il fut le secrétaire à partir de mars 1937 et délégué au Comité Anarchiste International de la même ville. Sans avoir été au front – il travaillait à Barcelone – il s’opposa néanmoins fermement à la militarisation des milices combattantes : le 9 mars 1937, il présidait à la « Casa CNT FAI » une assemblée de miliciens étrangers du front au cours de laquelle la plupart des délégués confirmèrent leur refus de la militarisation. Fin avril 1937, il s’affronta avec le délégué à la propagande de la Section française Fernand Fortin* en raison du soutien indéfectible de celui-ci à la politique de la CNT, et participa alors à la réorganisation de la Section française (deuxième génération), sans Fortin et d’autres démissionnaires, et non reconnue par la CNT-FAI. Il rentra en France sans doute au cours de l’été 1937, après la dissolution de cette seconde Section française qui intervint à la suite des journées de mai 1937.

Il fonda à Grenoble, avec entre autres Raoul Héro et Isidore Dauthun*, anciens militants communistes devenus anarchistes, le groupe Les amis de la Patrie humaine. Il fut en outre le président et délégué permanent de la CGTSR en Isère où il organisa plusieurs réunions de soutien à la révolution espagnole.

Alfred Lobel mourut à Florange (Moselle) le 1er décembre 1953.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154034, notice LOBEL Alfred [Dictionnaire des anarchistes] par Pierre Broué, notice complétée par Edouard Sill, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 18 janvier 2019.

Par Pierre Broué, notice complétée par Edouard Sill

SOURCES : Arch. Dép. Isère, 52 M 64, 77 M 1 et 2, 167 M 5 et 6. — IISG Amsterdam FAI Pe 58 — Bulletin d’Information de la Section Française (de Barcelone) n°15 du 13 février 1937 et n°17 du 13 mars 1937 — Le Combat syndicaliste, n° 207, 7 mai 1937 — Abel Paz, Chronique passionnée de la colonne de fer, Nautilus, 2002.

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