RÉGIS Jules, Marcelin [dit SIGER] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy

Né à Constantinople le 10 mai 1858, mort le 12 juin 1900. Ouvrier en fleurs artificielles à Paris ; gérant de journaux anarchistes.

Jules Régis avait commencé à militer dans la section du 2e arr. de Paris du Parti ouvrier socialiste révoluitionnaire de J. Allemane. Secrétaire en 1896 de la chambre syndicale ouvrière de l’industrie florale, c’est à l’écoute des conférences de Sébastien Faure* qu’il devint anarchiste. En 1897 il remplaça Gustave Rebut à la gérance du Libertaire qu’il exerça jusqu’en décembre. Cette même année il avait été l’imprimeur-gérant du numéro unique de L’Incorruptible (Paris, février 1897) dont l’initiateur aurait été Constant Martin* et qui était consacré au conseil de guerre tenu à Montjuich (Espagne) le 15 décembre 1896 contre des compagnons espagnols. L’année suivante il collabora à l’hebdomadaire Le droit de vivre (Paris, 9 numéros du 25 avril au 15 juin 1898) dont les gérants étaient Constant Martin et F. Prost. En janvier 1899 il remplaça F. Prost à la gérance du bi-mensuel Le Cri de révolte (Paris, 10 numéros du 20 août 1898 au 1er mars 1899) fondé par G. A. Bordes. Il participa également très activement à la campagne menée en faveur d’Alfred Dreyfus par Sébastien Faure et son quotidien Le Journal du Peuple (Paris, 299 numéros du 6 févrizer au 3 décembre 1899).

Jules Régis que la police qualifiait « d’impulsif à l’excés », pouvant aller jusqu’à la violence – ainsi que l’attestent diverses condamnations pour « coups et blessures et tentative de meurtre » – « s’est toujours occupé avec d’autres anarchistes de venir en aide aux compagnons détenus pour faits politiques ou crimes et délits de droit commun » (cf. rapport du 14 juin 1900). Il se fit particulièrement remarquer en 1898 époque à laquelle il habitait une baraque dans la cour du 114 rue Marcadet (18e arr.). En mars il organisa une conférence en faveur d’Etiévant*, auteur d’un attentat contre le poste de police de la rue Berzélius (17e arr.) dans lequel deux agents avaient été blessés. Après la condamnation d’Etiévant en juin à la peine de mort, puis, après sa grâce, à son envoi au bagne où il décéda, Jules Régis s’occupa de son père et lui rendit souvent visite à l’hôpital où il avait été admis ; c’est lui qui aurait communiqué ai journal L’Aurore, qui les publia, les lettres d’Etiévant adressées à son père. Ce même mois de mars 1898, le 28, il avait participé à un déménagement « à la cloche de bois », 54 rue des Rigoles (20e arr.) au profit d’une mère de trois enfants, lors duquel le propriétaire et le concierge avaient été rossés. Mécontent des comptes rendus parus dans les journaux à cette occasion, Jules Régis, accompagné de quelques compagnons, se présenta révolver au poing dans les rédactions pour exiger un rectificatif. Le 13 septembre 1898, au nom du Groupe de secours aux détenus politiques , il adressa une somme de 10f à Luigi Luccheni*, détenu à Genève après avoir assassiné Sissi l’impératice d’Auriche-Hongrie.

Jules Régis, est décédé le 12 juin 1900 à l’asile Sainte-Anne où il avait été interné. Dans un article paru dans L’Humanité (16 novembre 1909), Auguste Vallet, qui précisait que Regis avait été l’un des premiers organisateurs du syndicat des fleuristes-plumassières, ce qui lui avait valu une mise à l’index du patronat, écrivit qu’il aurait été "tué à coups de barres de fer" lors de son internement à Sainte Anne" et concluait : "Dans toutes les professions, il y a eu des hommes morts ainsi pour avoir tracé la route aux autres."

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154054, notice RÉGIS Jules, Marcelin [dit SIGER] [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 19 avril 2014.

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy

SOURCES : APpo BA 1238 — R. Bianco, « Un siècle de presse anarchiste… », op. cit. — L’Humanité, 16 novembre 1909 — Note de Guillaume Davranche.

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