RICARD Jean-Baptiste, Jules [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy

Né à Saint-Etienne le 6 février 1859. Typographe et marchand ambulant. Militant de Saint Etienne (Loire), impliqué dans le procès des 66.

Au début des années 1880, Jean-Baptiste Ricard, qui habitait avec sa mère rue de la Pareille à Saint-Etienne, était l’animateur du groupe anarchiste Les outlaws. Il diffusait l’hebdomadaire Le Révolté (Genève, 1879-1883) fondé le 22 février 1879 par P. Kropotkine*, François Dumartheray* et Georges Herzig*. Il était en relations avec de nombreux miitants dont Elisée Reclus* et Kropotkine et avec plusieurs groupes de Suisse, d’Allemagne et d’Italie. Typographe à la Manufacture d’armes de Saint-Etienne il était également le secrétaire de la chambre syndicale des armuriers.

Le 18 juin 1882, il participait à la manifestation des mineurs de la Ricamarie commémorant la fusillade de 1869 et où eurent lieu des affrontements avec les forces de l’ordre, entraînant l’arrestation et la condamnation en juin suivant des compagnons Toussaint Bordat* et Régis Faure* pour « bris de clôture, viol de sépulture et port d’armes prohibées ». Les 13-14 août suivant il assista, avec notamment Bordat, à une réunion internationale tenue à Genève sur l’initiative de la Fédération jurassienne à l’issue de laquelle fut publié un Manifeste refusant le suffrage universel pour renverser les institutions, recommandant la séparation totale d’avec tout parti politique et adoptant le communisme comme but final. Le Manifeste désignait comme ennemis « tous ceux qui se sont emparés d’un pouvoir quelconque ou veulent s’en emparer : propriétaire, patron, Etat, magistrat, prêtre ». (cf. L’Etendard Révolutionnaire, 20 août 1882).

Suite aux violentes manifestations de Montceau-les-Mines en août 1882 et des attentats à la bombe commis à Lyon, il fut arrêté à Saint-Etienne le 21 novembre et impliqué dans le procès des 66 qui s’ouvrit à Lyon le 8 janvier 1883. Inculpé de la seconde catégorie (voir T. Bordat), il fut condamné le 19 janvier à 4 ans de prison, 1.000fr d’amende, 10 ans de surveillance et 5 ans de privation des droits civiques. Le jugement fut confirmé en appel à Lyon le 13 mars suivant, à l’execption de la surveillance ramenée à 5 ans. Jean-Baptiste Ricard fut grâcié le 26 août 1885.

En 1888 il était membre du syndicat des hommes de peine formé par le groupe anarchiste afin d’obtenir un local à la Bourse du travail (le syndicat sera finalement exclu de la Bourse en 1891) et en 1890 fut l’un des fondateurs du groupe L’Alliance anarchiste dont le timbre portait la devise « Ni Dieu, ni Maître ». L’année suivante il fondait le groupe La Bombe et était arrêté préventivement à la veille du 1er mai. En 1892 il fut à l’origine de la constitution d’une Union des anarchistes de Saint-Etienne qui constituait peut être un essai de fédération. Militant du syndicat des typographes, dont il fut élu secrétaire en 1893, il prit la défense de Ravachol*, dont il affirma avoir pu apprécier sa « valeur personnelle », dans les colonnes du journal La Révolte (cf. n°18, 21 janvier 1892), dont, selon Jean Grave*, il aurait composé plusieurs numéros. Il répondait ainsi à deux articles de Kropotkine (cf. n°16, 9 janvier et n°17, 16 janvier) où ce dernier disait tout son dégoût sur le crime de Chambles où Ravachol avait été accusé d’avoir assasiné et dévalisé en juin 1891 un usurier de 92 ans.

En 1895 la police signalait que Ricard travaillait comme marchand ambulant de savon dans les rues et sur les marchés de Moulins (Allier) et de la région. Ricard monta ensuite à Paris où, en 1898, il travailla comme typographe et demeurait 20 rue Dussoubs (2ème arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154056, notice RICARD Jean-Baptiste, Jules [Dictionnaire des anarchistes] par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 25 janvier 2019.

Par Jean Maitron, notice complétée par Rolf Dupuy

SOURCES : AD Loire 10M18, 71, 77, 78, 79, 85, 13M52, 19M2, 6, 11, 13 — M. Massard « Histoire du mouvement anarchiste à Lyon, 1880-1894 » (DES, Lyon, 1954) — Le procès des anarchistes devant la police…., op. cit. (1883) — J. Maitron, Le mouvement anarchiste… , op. cit. — J. Grave, Quarante ans de propagande…, op. cit.

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