SIBILAT Jules [François Sibilard, dit] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Maurice Moissonnier, notice complétée par Marianne Enckell et Rolf Dupuy

Né le 2 novembre 1848 à Montbrison (Loire), mort le 31 août 1897 à Lyon ; mécanicien à Saint-Étienne et à Lyon.

Prévenu de tentative de reconstitution de l’Internationale dans les régions lyonnaise et stéphanoise, Sibilard comparut, en avril 1874, devant le tribunal correctionnel de Lyon. On l’accusa d’avoir assisté à un congrès régional tenu dans ce but à Lyon le 15 août 1873. Sa présence ne put être prouvée formellement et il fut acquitté le 25 avril (affaire dite du Complot de Lyon, voir Camet).

En 1881, son nom d’état-civil Sibilard fut officiellement modifié en Sibilat (on trouve également Sibilla). Il habitait 95, rue de Lyon et était compagnon du Devoir de Liberté.

Ferronnier d’art de formation, mais ayant trouvé un emploi de mécanicien à Cette (Hérault), Sibilat s’y installa vers 1876 avec son épouse Marie Collet. Il fut un des dirigeants de la fédération ouvrière de Cette et délégué, avec Louis Hébrard, au congrès de Marseille du Parti des Travailleurs socialistes de France en octobre 1879. Le 14 mars 1880, il constitua, toujours avec Hébrard, un cercle collectiviste.

Sa fille née à Cette le 12 septembre 1878 avait pour prénom officiel Victoire mais son prénom usuel sera pour toute sa vie Lutèce. Elle fut baptisée par un baptême républicain et garda toute sa vie l’écharpe de ce baptême.

La famille Sibilat s’établit au familistère de Godin à Guise, en 1881 sans doute. Là, Jules était ferronnier et Marie institutrice à l’école maternelle (aux côtés de la future femme de Godin, et en usant de méthodes pédagogiques d’avant-garde). Jules en vint à affronter Godin sur le sens du familistère. Puis il partit, abandonnant femme et fille pour rejoindre Lyon et ses luttes ouvrières et anarchistes.

Il était en lien avec Gustave Brocher et Victorine Rouchy ; les avait-il rencontré à Londres, ou ailleurs ?

À Lyon, il habitait, 16, Grande-Rue de la Guillotière. Militant syndicaliste de tendance anarchiste, il fut délégué des chaudronniers en cuivre de Lyon au 2e congrès de la Fédération nationale des syndicats (Montluçon, octobre 1887). Il y critiqua l’expérience du familistère de Guise et dénonça l’association Capital-Travail comme un leurre, déposa un vœu contre les exécutions de Chicago, pour la libération de l’anarchiste Cyvoct et des emprisonnés de Montceau-les-Mines et de Decazeville. « Vive la Révolution ! » s’écria-t-il en clôturant le congrès. L’année suivante, en octobre, il assista au IIIe congrès national qui se tint à Bordeaux-Le Bouscat.

En 1890, devenu secrétaire de la chambre syndicale des mécaniciens, il figura parmi les organisateurs de la première manifestation lyonnaise du 1er Mai.

Du 13 au 18 octobre 1890, il participa au 4e congrès de la Fédération nationale des syndicats (Calais) et il y donna en exemple « les syndicats lyonnais très prospères et très unis parce qu’ils ont eu la sagesse de mettre à l’index la politique, ennemie du labeur ».

En 1892 il était en contact avec l’ouvrier mouleur Lavabre, un de ses parents, renvoyé du Familistère de Guise pour « propagande anarchiste » et qui au printemps 1892 était poursuivi à Amiens pour « association de malfaiteurs ».

En 1896 il demeurait 43 rue de la Loue à Lyon et était signalé comme anarchiste. Il chercha en juin à rejoindre sa femme et sa fille, toutes deux institutrices, qui résidaient à Frontignan, mais elles refusèrent de l’accueillir.

Jules Sibilat est mort à son domicile de Lyon le 31 août 1897.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154074, notice SIBILAT Jules [François Sibilard, dit] [Dictionnaire des anarchistes] par Maurice Moissonnier, notice complétée par Marianne Enckell et Rolf Dupuy, version mise en ligne le 19 avril 2021, dernière modification le 1er novembre 2022.

Par Maurice Moissonnier, notice complétée par Marianne Enckell et Rolf Dupuy

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, série U, procès-verbaux du tribunal correctionnel de Lyon, avril 1874. — Gazette des Tribunaux, 22-26 avril 1874. — Arch. Nat. F 7/ 12 491 (congrès de Calais). — Arch. Nat. BB 186450. — Arch. PPo. BA 1499. — Arch. Dép. Rhône, 10 M 864 et 1er mai 1890. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, Hérault, op. cit. — Jacques Bonnet, Le cheval cabré ou la vie de Jules Sibilat (1848-1897), Max Chaleil éditeur, 1992. — État-civil de Montbrison, en ligne. — Lettre à Victorine Brocher, 4 septembre 1886, IISH Amsterdam, Gustave Brocher Papers. — Notes de Jacques Bonnet.

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