ANGELI Edoardo [dit Poupon, Dino] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Françoise Fontanelli Morel

Né le 29 septembre 1903 à Mercato Seraceno (Forli, Italie), mort à Bologne le 30 octobre 1985. Ouvrier métallurgiste puis ouvrier du bâtiment. Militant italien réfugié en France et en Afrique du Nord. Membre du CIRA de Marseille.

Edoardo Angeli (1935)
Edoardo Angeli (1935)
AD Bouches-du-Rhône

Edoardo Angeli avait commencé à militer dans le mouvement libertaire en 1917. Il était alors ouvrier moissonneur et participait à toutes les luttes sociales de l’immédiate après guerre. Après la prise du pouvoir par les fascistes, il s’exila en 1923 avec toute la famille, d’abord en Suisse, puis en France où il arriva le 8 décembre 1924 et où il travailla à l’usine Peugeot de Montbéliard.

Après divers séjours à Mary (Alpes Maritimes) où il travailla comme maçon (février 1927), puis à Roanne (mars à août 1927) il monta en région parisienne où, en septembre 1927, il résidait 40 rue de Trucy à Fontenay-sous-Bois et où il resta jusqu’en juin 1932. Après un bref séjour à Bâle, il s’installa en juin 1932 à Marseille (Bouches-du-Rhône) où il demeurait 106 rue d’Italie. Il était alors employé comme ravaleur par la Maison Aixandro et Goyet pour laquelle il fit de nombreux déplacements notamment en Algérie.

En janvier 1933 il fut arrêté à Nice avec plusieurs autres antifascistes pour avoir assisté à une réunion "subversive". L’année suivante il participa avec d’autres compagnons italiens – dont Gino Balestri, Cesare Fietta, Horatio Del Gondi, Emilio Predieri, Celso Persici, Pio Turroni et Virgilio Fabrucci – à l’organisation d’une coopérative de travaux du bâtiment qui allait permettre à de nombreux compagnons de trouver à Marseille du travail. Il militait alors dans le quartier de la Belle-de-mai au groupe communiste anarchiste de la Fédération anarchiste du sud-est dont faisaient également partie Giulio Bacconi et Celso Persici. Il effectua plusieurs voyages militants en Belgique où il rencontra sa compagne Armida Marchetini.

En 1934 il demeurait toujours à Marseille, à l’Hôtel Lydo, 20 rue Messerer, et selon la police, la maison qui l’employait avait fourni sur son compte "les meilleurs renseignements... Sérieux et travailleur, [gagnant] dans les 50 francs par jour et [jouissant] de l’entière confiance de ses employeurs" (cf. rapport du 31 mai 1935).

En juillet 1935 Dino était membre du Comité de coordination marseillais contre la guerre en Abyssinie. Le 1er mai 1936, avec d’autres compagnons italiens, il participa à Marseille à la manifestation derrière le drapeau noir porté par la fille du compagnon Ercolino Bardini.

Il alla en Espagne au début de la guerre civile, en Catalogne et aussi à Madrid, mais ne participa pas aux combats, ne pouvant se résoudre, comme le dit R. Bianco, "à toucher une arme, même pour tout l’or du monde.". Pressé par ses propres camarades de quitter l’Espagne, il en revint en mai 1937 quelque peu désenchanté.

Ouvrier dans une cimenterie qui avait une succursale en Algérie il partit peu après avec sa compagne Armida s’installer en Algérie, à Oran. Son nom figurait alors sur une liste établie par la direction de la sûreté à l’occasion des voyages officiels, répertoriant de très nombreux compagnons et intitulée "Menées terroristes". A la fin de la guerre d’Espagne, il participa à un réseau d’évasion des réfugiés espagnols en Algérie, ce qui lui valut d’être arrêté le 19 juillet 1939 avec Celso Persici et Edmond Lelli. Dino fut libéré au bout de deux mois.

Après l’armistice de 1940 et dès l’installation à Oran de la Commission italienne d’armistice, Dino Angeli, Celso Persici et E. Lelli passèrent clandestinement au Maroc où ils furent accueillis par d’autres camarades italiens vivant sous de fausses identités espagnoles, comme Mario Pisanchi qui résidait alors à Bou Arfa sous le nom de Luis Rodriguez y Castro. Dino ne retourna à Oran qu’en septembre 1943, après le débarquement allié d’Afrique du nord. Á la Libération il participa aux activités du groupe Libre examen dont faisaient également partie Jean Ferri, José Giner et Fernando Matteo et qui publia en 1944-1945 un bulletin trilingue (français, italien, espagnol) intitulé Libre examen et dont 5 à 6 numéros ont paru à Oran.

Au moment de l’indépendance de l’Algérie en 1962, Edoardo Angeli et Armida Marchetini rentrèrent à Marseille où tous deux participèrent par la suite aux activités du Centre International de Recherches sur l’Anarchisme (CIRA-Marseille).
"Poupon, témoigne R. Bianco, était toujours là quand on avait besoin de lui et tous ceux qui ont frappé à sa porte savent combien son accueil était fraternel et chaleureux."

Chaque automne Dino allait en Italie se resourcer. C’est lors d’un de ces voyages que, peu après son arrivée, il fut conduit d’urgence à l’hôpital Sant’Orsola de Bologne où il s’éteignit le 30 octobre 1985.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154099, notice ANGELI Edoardo [dit Poupon, Dino] [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Françoise Fontanelli Morel, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 23 juillet 2021.

Par Rolf Dupuy, Françoise Fontanelli Morel

Edoardo Angeli (1935)
Edoardo Angeli (1935)
AD Bouches-du-Rhône

SOURCES : Stefan Van Zegel, "Y’en a pas un sur cent" (mémoire de l’Université de Bruxelles, 1985) — R. Bianco, "Un siècle de presse..." — Bulletin du CIRA, Marseille, n°26-27, 1er semestre 1986 (nécrologie de R. Bianco) — AD Gard 1M757 (Menées terroristes, liste du 16 avril 1937) — Dizionario biografico degli anarchici...", op. cit. (Notice de F. Bucci & G. Landi) — AD Bouches-du-Rhône 4M2422, rapport du 31 mai 1935.

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