BABAU Marcel, Jean

Par Antoine Olivesi

Né le 29 juillet 1904 à Montbazin (Hérault), mort le 23 novembre 1986 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; instituteur public ; secrétaire adjoint de l’UD-CGT des Bouches-du-Rhône en 1935 ; dirigeant national de la Fédération des fonctionnaires avant la guerre ; secrétaire de l’UD des syndicats FO après la rupture de l’unité syndicale en 1948 dans les Bouches-du-Rhône, membre de la commission exécutive confédérale de 1948 à 1954 puis du bureau confédéral jusqu’en 1963 ; membre du Conseil économique et social de 1954 à 1963 et du Conseil économique européen.

Marcel Babau était fils de Marius Babau, cultivateur, et de Marie Grès. Après des études à l’école primaire supérieure de Saint-Pons (Hérault) 1917-1921, il fut élève à l’Ecole normale d’instituteurs d’Aix et fit la préparation militaire. Jehan Mayoux, fils des Mayoux était le major de sa promotion. Aussi entretint-il de bons rapports avec les Mayoux mais ne partagea pas leurs idées exprimées dans Notre point de vue. Adepte des méthodes de Freinet, il participa au petit groupe marseillais de l’École moderne, fut pendant quelques années le secrétaire départemental de l’association pour la diffusion des méthodes d’éducation nouvelle.

Il fut membre du syndicat unitaire à sa sortie de l’école normale pendant un an (1924), puis adhéra au Syndicat national des instituteurs en 1925. Il rejoignit également le SFIO en 1926 et le Grand Orient en 1929.

Après avoir enseigné à Tarascon et Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), Marcel Babau fut nommé vers 1930 instituteur à Marseille. En 1935, il y exerçait ses fonctions à l’école de la rue du Poirier. Secrétaire de la section départementale du SNI de 1932 à 1935, il fut également secrétaire de la Fédération des fonctionnaires des Bouches-du-Rhône à partir de 1933.

En 1933-1935, il fut secrétaire général adjoint de l’UD-CGT confédérée et conseiller à la commission administrative de l’UCSO à la Bourse du Travail de Marseille.
Il participa activement au meeting de la Fédération générale de l’enseignement des Bouches-du-Rhône, le 26 janvier 1933, et se prononça en faveur de la création des collèges du travail et de l’Institut supérieur ouvrier, sur le modèle créé à Paris. Il fut le rapporteur des questions d’éducation, à laquelle il accordait le premier rôle au congrès de l’UD-CGT à la fin juin 1934, ainsi qu’à la formation des jeunes. Il avait par ailleurs affirmé sa sympathie à l’égard de l’école Freinet. Il dirigea du reste l’Institut supérieur ouvrier de Marseille après la mort de Jean-Paul Nayrac.

Babau avait été élu membre de la CA de l’UD au congrès d’Arles le 21 juin 1933, puis en devint le secrétaire en mai 1934 et enfin fut élu secrétaire adjoint de l’UD au congrès de juin 1934. Il était membre du CA de la Bourse du travail de Marseille en 1935-1936.

Il menait parallèlement une action importante au sein du Cartel confédéré des services publics avec Jean Cristofol et d’autres militants, et lutta contre les décrets-lois frappant les fonctionnaires, en 1934. Il conduisit notamment une délégation de protestataires à l’inspection académique à la mi-avril. Ses diverses prises de position lui valurent, à deux reprises, des poursuites de la part des autorités ministérielles ou académiques.

Ainsi, en mai 1933, Marcel Babau fit l’objet d’une enquête à la demande du ministre de l’Instruction publique, de Monzie, parce que la section du SNI des Bouches-du-Rhône avait voté un ordre du jour protestant contre la circulaire Chautemps, relative aux objecteurs de conscience. Babau fut convoqué avec Jean Mouton, secrétaire de la section, par l’inspecteur d’académie, lequel préconisa du reste au ministère de minimiser l’incident.

Le 9 février 1934, Babau lança un appel à la grève au nom du SNI, à Marseille, pour la journée du 12. En septembre, il fut traduit par ordre du ministre Berthod, devant le conseil départemental de l’enseignement pour avoir manifesté son hostilité au fascisme et à la guerre lors du congrès des instituteurs à Nice. Le conseil refusa de voter les sanctions réclamées par le ministre par sept voix contre six. Au cours de la même période, il succéda à Jean Mouton et fut à nouveau désigné par le bureau comme secrétaire général de la section du SNI des Bouches-du-Rhône. Cette décision, rare dans les instances du syndicat, fut prise à titre exceptionnel et à la quasi-unanimité. Louis Malosse qui fut son adjoint lors de ses deux mandats à la tête du SNI, devait lui succéder à ce poste en octobre 1936.
Le 14 novembre 1935, Marcel Babau participa à l’assemblée générale de fusion de la Fédération générale de l’enseignement (FGE-CGT) et de la Fédération unitaire de l’enseignement (FUE-CGTU) qui se tint à la Bourse du Travail sous la présidence de Victor Gourdon. Babau donna lecture des statuts provisoires de la section départementale de la nouvelle Fédération de l’enseignement. Deux thèses étaient en présence : la thèse confédérée défendue successivement par Babau, Serre (EPS), Izombard (lycée) ; et la thèse unitaire soutenue par Faraud, Elie Florens, Jean Salducci et un nommé Ripert, à ne pas confondre avec Antoine Ripert l’ancien secrétaire de la Fédération des syndicats d’instituteurs de 1908 à 1910. La thèse confédérée fut adoptée. Faraud, militant unitaire, et Babau furent désignés pour assister au congrès national à Paris. Le nouveau conseil syndical de la FGE était élu ; il était composé de 11 ex-confédérés et de 5 ex-unitaires comprenant instituteurs, professeurs d’EPS et professeurs de lycée. À l’unanimité également, l’assemblée vota les ordres du jour suivant :
- contre les ligues.
- contre la réorganisation des écoles normales.
- ordre du jour de solidarité envoyé au ministre de la Justice en vue de la révision du procès de Paul Marlin.
En janvier 1936, il fit partie de la CA chargée d’organiser le congrès de fusion avec la CGTU et d’autres syndicats autonomes dans les Bouches-du-Rhône. Aux congrès de Lille, août 1936, Paris, août 1937, Nantes, août 1938, il fut élu secrétaire de la commission des Affaires coloniales (il en était déjà responsable en 1936).
À partir de 1937, il représenta le SNI au bureau du Centre laïque des auberges de jeunesse.

Il fut appelé à Paris en 1937 par son organisation et détaché à la Fédération des fonctionnaires où il exerça des responsabilités nationales jusqu’en septembre 1939. André Delmas, dans Mémoires d’un instituteur syndicaliste (p. 208), le dépeignait, « la figure avenante, le sourire charmeur, l’accent chantant ». Il s’était marié religieusement à Marseille le 29 septembre 1937 avec Laura Joséphine Grolier, directrice d’école à Marseille puis à Paris. Ils eurent deux enfants qu’ils ne firent pas baptiser.

Mobilisé le 24 août 1939 comme lieutenant au 167e régiment d’artillerie, Marcel Babau fut démobilisé le 23 juillet 1940 à Château-Arnoux dans les Basses-Alpes. Il était directeur de l’école que quartier de La Pomme en septembre 1940. Le 6 novembre 1940, le commissaire divisionnaire de la police spéciale concluait son enquête, en considérant que l’activité de ce partisan de l’indépendance syndicale n’avait jamais outrepassé le cadre syndical de son activité.

Franc-maçon depuis 1929, dignitaire de la loge « Les Amis du travail » de Marseille (Bouches-du-Rhône), il avait été délégué au convent du Grand Orient de France en 1935, selon le Journal officiel daté du 1er mai 1944, et fut révoqué quelques mois avant la Libération.

Marcel Babau participa à Marseille, au groupe « Résistance ouvrière », du nom du journal clandestin fondé en 1942, et qui devint plus tard « Force ouvrière ». Il participa en février 1944 à une réunion de reconstitution de l’ancien bureau du SNI sous couvert d’une réunion du CA de Sudel. Il négocia avec les syndicalistes communistes, dans le cadre des accords du Perreux, pour la réunification syndicale, mais ne put parvenir à un accord pour la réalisation d’un bureau provisoire de l’UD des Bouches-du-Rhône. Selon un article de Paul Delanoue dans L’École libératrice du 22 janvier 1948, Babau aurait été démissionnaire du bureau national du SNI pour sa participation à l’École des cadres d’Uriage, participation qui ne peut pourtant être considérée comme compromettante. À la Libération, la commission départementale d’épuration aurait examiné son cas. Il aurait annoncé qu’il se retirait de toute activité, compromis que les syndicalistes du SNI acceptèrent et l’examen de son cas fut suspendu.

Après la rupture de l’automne 1947, Marcel Babau représenta les Bouches-du-Rhône à la première conférence nationale des groupes Force ouvrière à la salle Lancry, à Paris, les 8 et 9 novembre 1947.

Babau présenta le rapport administratif lors du congrès constitutif de l’UD-CGT-FO des Bouches-du-Rhône, dont il était le secrétaire provisoire, le 14 mars 1948 à Marseille, en présence d’Albert Bouzanquet. Il fut élu ensuite secrétaire général, puis, de nouveau, fut rappelé à Paris où il devint l’un des secrétaires de la Confédération nationale. Ce dernier poste le conduisit à être désigné en qualité de membre du Conseil économique et social de 1954 à 1963, puis du Conseil économique européen. Selon le rapport moral du secrétaire général pour le congrès national de SNI, en juillet 1957, Babau avait appelé à former des syndicats CGT-FO chez les enseignants. Il en résulta une recherche d’un compromis pour éviter l’apparition d’un syndicalisme concurrent de la FEN.

En 1973, il exerçait encore quelques mandats syndicaux et résidait au Brusc, dans le Var. En 1974, il était vice-secrétaire du conseil d’administration de la Caisse d’épargne des Bouches-du-Rhône et de la Corse.
Il avait quitté la SFIO vers 1966.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15410, notice BABAU Marcel, Jean par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 17 février 2022.

Par Antoine Olivesi

ŒUVRE : Nombreux articles, entre autres, dans les bulletins du SNI et dans Le Midi syndicaliste, notamment 15 décembre 1935 et 5 mars 1937.

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/10 793 (cabinet du préfet, 20 et 24 mai 1933) ; XIV M 24/62 (rapport du 10 février 1934) et 5 W 360. — Arch. Com. Marseille, listes électorales de 1935. — Indicateur marseillais, 1936. — Le Midi syndicaliste, 1934-1937. — M.A. Stagliano, Le Midi syndicaliste..., op. cit. — Rouge-Midi, 29 septembre 1934. — Témoignage de Fernand Cambacédès. — Le Petit Provençal, 1933 (26 janvier, 27 avril, 9 et 21 juin), 1934 (2 et 6 mars, 17 avril, 10 mai, 1er, 2 et 24 juillet, etc.). — Le Provençal, 15 mars 1948. — R. Mencherini, Scission syndicale dans les Bouches-du-Rhône, 1947-1948, mémoire de maîtrise, Aix, 1980 (témoignages de M. Babau). — Notes de A. Gaudron, de Gérard Leidet. — FO, n° 920, 27 novembre 1963. — Force ouvrière hebdo, n° 1897, 3 décembre 1986. — Réponses de M. Babau en 1975-1976 à l’enquête de Jacques Girault sur les instituteurs des années 1930. — Bulletin du syndicat unique des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône, n°1, novembre 1935. — Notes de Jean-Marie Guillon et de Gérard Leidet.

ICONOGRAPHIE : Force ouvrière, n° 920, 27 novembre 1963.

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