ARONDEL Maurice, Lucien, Léon [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy

Né à Cherbourg (Manche) le 18 mai 1887, mort à Paris le 13 février 1961. Chaudronnier en cuivre puis ouvrier du bâtiment. Militant anarchiste et anarcho-syndicaliste.

Chaudronnier en cuivre, Maurice Arondel avait été très affecté par la mort de sa mère et s’était engagé dans la marine pour sept ans. Suite à une bagarre avec un quartier maître qui avait insulté sa mère, il fut condamné à cinq ans de travaux forcés en Afrique du nord. Après une évasion manquée – après avoir sauté sur la plateforme d’un wagon du chemin de fer qui passait à une centaine de mètres des forçats qui cassaient des cailloux – et après une marche de nuit de trois semaines dans le désert, il parvint à Alger où, une nuit, il fut surpris par une patrouille en train de dormir dans une chaloupe en attendant l’embarquement clandestin pour regagner la France. Il écopa d’une nouvelle peine.

Lors de déclaration de guerre, comme de nombreux autres bat’ d’Af il fut envoyé en France sur le front où, le quatrième jour de sa présence aux tranchées, il se désaltéra dans un trou d’obus d’une eau qui était ypéritée. Gravement gazé et devenu aveugle, il fut renvoyé à l’arrière puis rendu à la vie civile.

C’est fin 1926 qu’il prit contact avec le mouvement libertaire et participa aux Causeries Populaires de Louis Louvet qui se souvenait de cette rencontre en ces termes : "Au soir du mercredi 8 décembre 1926, salle Sentille, à deux pas de la barrière du Combat, les Causeries populaires avaient inscrit à leur programme le sujet suivant : Albert Libertad et les causeries populaires avant guerre... Nombreux furent ceux qui répondirent présents En parmi les nouveaux, dans les premiers rangs, se tenait un homme au masque énergique d’où perçaient des yeux d’une douceur extême, à la carrure puissante, coiffé d’une casquette qu’affectionnent les gars de la côte et les marins du commerce. C’était Maurice Arondel.".

Pendant les dix ans qui suivirent, il fréquenta le groupe. Il avait coutume de désigner les serviteurs du pouvoir présent et ceux des pouvoirs à venir par l’expression "Eux autres" qui, pour lui, qualifait l’adversaire, celui avec lequel sous aucun prétexte on ne doit composer. Et chaque semaine, raconte Louvet, "il passera trois nuits par à coller des affiches, quel que soit le temps, sous la pluie, dans le froid, parfois jusqu’à trois heures du matin alors qu’à sept heures il doit être présent au chantier. Il sera de toutes les affaires, de toutes les manifestations."

En 1928 il était adhérent à l’Association des Fédéralistes Anarchistes (AFA) et participait très activement au mouvement de solidarité avec Sacco et Vanzetti. Lors d’une campagne électorale il fut condamné à une peine de prison pour avoir frappé un homme politique.

Après la seconde guerre mondiale Maurice Arondel habitait Paris 18e, 100 rue Doudeauville, et travaillait dans le bâtiment. En 1945 il adhéra à la fédération du bâtiment et du bois de la CNTF et à partir de 1946 fut le trésorier de la 2e Région du Syndicat Unique du Bâtiment (SUB), poste qu’il occupait toujours en 1950. Il était également l’administrateur de l’organe national du SUB Le Travailleur du bâtiment (1950) et de l’organe régional du syndicat des travaux publics de la région parisienne SUB (1948-1953). Au congrès confédéral de la CNTF de mars 1952 il fut élu au bureau confédéral comme trésorier.

Maurice Arondel, mort à l’hôpital Bichat le 13 février 1961, a été incinéré au columbarium du Père Lachaise le 16 février.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154102, notice ARONDEL Maurice, Lucien, Léon [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 4 mai 2020.

Par Rolf Dupuy

SOURCES : Combat syndicaliste, années 1946-1952 — nécrologie d’André Maille in Monde Libertaire, n°68, mars 1961 — R.Bianco "un siècle de presse..." — SUB, années 1948-53 — APpo BA 1900 (rapport du 31 décembre 1948) — Les Cahiers de Contre Courant : pionniers et militants..., op. cit. (Notice de L. Louvet).

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